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Le cash, un frein à la modernisation des systèmes de paiement au Maroc

À l’ère de la digitalisation, le monde entier assiste à une véritable révolution dans le domaine des paiements électroniques. Alors que de nombreux pays ont embrassé cette nouvelle tendance avec enthousiasme, les Marocains demeurent réticents face à l’utilisation du e-paiement, préférant encore et toujours le règne du cash. Cette attitude soulève ainsi plusieurs interrogations quant aux raisons qui freinent l’adoption de cette technologie. Un changement de culture s’avère nécessaire, estime Abdellatif Jouahri, wali de Bank Al-Maghrib (BAM). Lors d’un point de presse à l’issue de la deuxième réunion trimestrielle du conseil de BAM au titre de l’année 2023, Jouahri a souligné la nécessité de la “modernisation des systèmes de paiement pour faire face à la hausse de la circulation fiduciaire au Maroc”. Selon lui, « il faut une modernisation des systèmes de paiement et un changement de paradigmes au niveau de la technologie ». Pour y arriver, le wali recommande de mettre en place plusieurs actions, notamment le recours au « mobile banking » pour l’octroi des futures aides gouvernementales, afin d’accélérer la généralisation de cette technique et faciliter son adoption.

« Dans notre pays, le cash est une tradition parce qu’il est facile et sans risques. Cette hausse reflète aussi le poids élevé de l’informel qui représente environ 30% du PIB », a-t-il ajouté.

D’une part, la culture du cash est profondément ancrée dans la société marocaine. Depuis des générations, les transactions en espèces sont la norme, offrant une certaine simplicité et une familiarité rassurante. Pour beaucoup de Marocains, manipuler des billets et des pièces représente une forme de contrôle direct sur leurs dépenses, contrairement à l’aspect virtuel et immatériel du paiement électronique.

D’autre part, la méfiance envers les transactions en ligne persiste. Les Marocains redoutent fortement les risques liés à la sécurité de leurs informations personnelles et bancaires, craignant les fraudes et les piratages. Malgré les mesures de sécurité mises en place par les fournisseurs de services de paiement électronique, cette perception négative persiste.

“La monnaie fiduciaire a augmenté de 20% en 2020, alors que la tendance a toujours été une évolution comprise entre 6 et 7%. En 2021, nous sommes revenus à ce taux de croissance, mais la hausse est répartie à deux chiffres en 2022, et cela se poursuit cette année”, souligne le wali de BAM, cité par La Vie Eco. Plus encore, l’augmentation des arrivées touristiques et des transferts des Marocains résidant à l’étranger (MRE) constitue également un obstacle. Ainsi, le conseil de BAM a pris la décision de suspendre le resserrement de sa politique monétaire après avoir effectué trois hausses consécutives totalisant 150 points de base. Ainsi, le taux directeur est maintenu inchangé à 3%.

Les futures décisions du conseil, prises lors de ses prochaines réunions, tiendront compte d’une évaluation approfondie et mise à jour des effets cumulatifs des augmentations de taux, ainsi que de l’impact des différentes mesures mises en place par le gouvernement pour soutenir certains secteurs d’activité et le pouvoir d’achat.

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