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UK : Ce que gagneraient les Royaumes d’un éventuel ALE [INTÉGRAL]

En 2023, la relation entre Rabat et Londres est passée à la vitesse supérieure. Depuis la signature de l’accord d’association entre le Maroc et le Royaume-Uni, il y a trois ans, le volume des échanges commerciaux entre les deux pays a doublé, dépassant les 3 milliards de livres sterling, soit environ 40 milliards de dirhams. Une coopération qui tire sa performance de certains secteurs stratégiques, dont l’énergie, principalement grâce au projet Xlinks, qui vient de bénéficier d’un nouvel investissement de quelque 20 millions de livres de la part de TotalEnergies. Cet investissement, dont l’objectif est de développer au Maroc un projet renouvelable géant combinant solaire et éolien, couplé à de grandes batteries de stockage, pour fournir de l’électricité verte au Royaume-Uni grâce à des câbles sous-marins ,permettra la création de près de10.000 emplois dont 2.000 permanents, dont l’effet sur le PIB s’annonce prometteur.

Ce rapprochement entre le Maroc et le Royaume-Uni interpelle à plus d’un titre sur la fameuse éventualité d’un accord de libre-échange entre les deux pays, qui, selon nos sources, serait accueilli à bras ouverts par les Britanniques. Selon le ministre d’Etat au ministère des Affaires et du Commerce britannique, Nigel Huddleston, l’accord d’association Royaume-Uni/Maroc, qui affiche des résultats positifs, permettra de renforcer la « précieuse » relation commerciale entre les deux parties. En réponse à « L’Opinion » sur l’éventualité d’un accord de libre-échange, le responsable britannique s’est montré prudent, sans pour autant fermer cette fenêtre : « Si un jour cette hypothèse est possible, le Royaume-Uni a de bons antécédents en matière de négociation d’accords de libre-échange dans des conditions difficiles. Ces dernières années, nous avons conclu des accords commerciaux avec 71 pays en plus de l’UE, des partenaires qui représentaient 846 milliards de livres sterling de commerce bilatéral britannique en 2021 ».
 

En quête du win-win

Même son de cloche du côté de Stephen Orr, Président de la Britcham et Vice-Président de Spirit Aerosystems, qui souligne qu’en cette phase de post-Brexit, il faudrait se concentrer sur les domaines qui disposent d’un réel avantage compétitif. Le secteur de l’aéronautique par exemple, estimé à 18 millions de dirhams, a pour ambition de tripler dans les quatre années à venir grâce à la construction d’un écosystème entre le Maroc et le Royaume-Uni.

Lors d’un webinaire organisé le 10 novembre par la BritCham sous le thème « Maroc et Royaume-Uni: un accord en évolution », Orr avait souligné que le plus grand défi est d’amener les entreprises des deux pays à connaître en profondeur tous leurs secteurs clés, mettant en avant les énormes opportunités d’échanges commerciaux maroco-britanniques. Dans cette perspective, Anas Abdoun, Senior Analyst Africa & Middle-East chez Stratas Advisors, estime que le contexte est hautement favorable pour l’établissement d’un accord de libre-échange entre le Royaume-Uni et le Maroc, notant que vu la complémentarité des deux économies, un tel accord «faciliterait l’augmentation du volume des échanges et la diversification des produits échangés ».
 

Cap sur les secteurs à forte valeur ajoutée

Ceci dit, du côté britannique, le cap est fixé sur l’agriculture. Les importations de fruits et légumes en provenance du Maroc ont presque triplé depuis 2018, passant de 158 millions de livres sterling par an à 408 millions de livres sterling en 2022. Les chiffres relatifs à l’année courante ne sont pas encore dévoilés, mais la demande au Royaume-Uni est en constante croissance, comme en témoigne un rapport du Groupe parlementaire multipartite (APPG)sur le Maroc, qui fait état que les consommateurs britanniques acquièrent des produits frais marocains en quantités de plus en plus importantes. Grâce à ses accords avec le Maroc, le Royaume-Uni bénéficie, selon ledit document, d’un approvisionnement « fiable et de haute qualité », ce qui contribue à garantir aux rayons des supermarchés de bien être approvisionnés tout au long de l’année. C’est ainsi que les députés britanniques ont appelé à resserrer les liens commerciaux avec le Maroc pour assurer davantage la sécurité alimentaire de leur pays. Selon Abdoun, l’explosion des échanges agricoles entre les deux pays est confrontée à quelques barrières de normes auxquelles les industriels devraient se conformer. « Mais pour un pays qui importe presque tous ses besoins alimentaires, il y a de grandes parts de marché à gagner pour les entreprises marocaines », ajoute notre expert. En plus des secteurs précités, la coopération maroco-britannique se penche également sur la «Green Finance ».

Lors de sa récente visite au Maroc, Lord Tarik Ahmad, ministre d’État chargé des relations avec l’Asie du Sud, l’Afrique du Nord, les Nations Unies et le Commonwealth, est venu porteur d’une feuille de route pour accélérer la coopération entre les deux pays dans ce domaine en y augmentant les investissements. Le gouvernement britannique a lancé, dans ce même sillage, le programme UK-Export Finance pour les porteurs de projets marocains désireux de bénéficier d’un soutien financier. Selon le ministre d’Etat des Affaires et du Commerce britannique, Nigel Huddleston, il y a eu des réunions avec plusieurs institutions publiques stratégiques, dont l’ONCF, OCP et les départements ministériels, pour garantir la réussite du dit programme. « Des plans d’action clairs ont été définis et convenus en vue de créer un pipeline d’opportunités pour les entreprises marocaines, la chaîne d’approvisionnement britannique et l’UKEF », a-t-il affirmé. C’est dire que le business va bon train, en attendant les pourparlers sur l’ALE.

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