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Une offre abondante, mais la volatilité des prix persiste

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Depuis plusieurs semaines, les prix des viandes rouges au Maroc connaissent une hausse spectaculaire. Le kilo de viande de veau se négocie à 85 DH au marché de gros, contre 70 DH en octobre de l’année dernière, alors que le prix de la viande d’agneau est passé de 75 DH à 90 DH le kilo sur la même période.
 
La flambée des prix de la viande rouge au Maroc a des répercussions significatives sur les citoyens, puisqu’elle impacte leur pouvoir d’achat déjà érodé par l’inflation alimentaire de ces derniers mois. Cette situation contraint de nombreux ménages à réduire leur consommation de viande rouge, ou à la remplacer par d’autres protéines animales plus accessibles.
 

Des contrats long-terme

 
La production nationale de viande rouge se révèle insuffisante pour faire face à cette flambée des prix. En 2022, la production de viande de veau a atteint 180.000 tonnes, soit une baisse de 5% par rapport à l’année précédente. La production de viande d’agneau a également diminué, atteignant 220.000 tonnes, soit une baisse de 3%. Les coûts de production ont augmenté, les éleveurs faisant face à des dépenses plus élevées en raison de l’augmentation des prix des aliments pour animaux.
 
Au fil du temps, les coûts de production ont doublé, notamment en raison de la hausse des prix des matières premières intervenant dans la production de la viande”, nous explique M’Hammed Karimine, président de la Fédération interprofessionnelle des viandes rouges (FIVIAR).
 
La sécheresse qui sévit au Maroc depuis plusieurs années a atteint des niveaux historiques en 2023, avec des précipitations inférieures à la normale de plus de 60%. Cette situation a considérablement réduit les rendements agricoles, impactant particulièrement les pâturages, une source essentielle d’alimentation pour le bétail.
 
En temps normal, les éleveurs marocains peuvent compter sur les pâturages pour couvrir environ 20% des besoins alimentaires de leur bétail. Cependant, la sécheresse a anéanti ces pâturages, obligeant les éleveurs à se tourner vers des aliments pour animaux importés, une alternative plus coûteuse.
 
Cette dépendance aux aliments pour animaux importés a entraîné une augmentation significative des coûts de production de la viande rouge. Malgré le repli des cours internationaux des matières premières, notamment du maïs, du soja et du blé, cette baisse n’a pas eu d’impact sur les prix des aliments pour animaux importés.
 
Les contrats d’approvisionnement en aliments pour animaux, généralement conclus à l’avance, fixent les prix en fonction des cours en vigueur. Ainsi, les éleveurs devront attendre la fin de ces contrats pour bénéficier de la baisse des cours.
 

Initiatives gouvernementales

 
Le Maroc importe une part importante de sa viande rouge, principalement d’Espagne, de France, de Belgique et du Brésil. L’importation de bovins offre aux opérateurs la possibilité de fournir de la viande de qualité à 80 DH/kg, mais pas en dessous. Cette situation s’explique par la pression persistante de l’inflation, bien que les taux de fret aient retrouvé des niveaux proches de ceux de 2019 après avoir atteint des sommets pendant la crise du Covid.
 
Au détail, les prix de la viande peuvent atteindre entre 100 DH et 120 DH le kilogramme, représentant ainsi une augmentation significative par rapport aux semaines précédentes.
 
Le gouvernement a pris des mesures significatives pour soutenir le secteur de l’élevage. Parmi ces initiatives, on compte la subvention aux éleveurs de bovins reproducteurs de race pure, accordant une aide financière de 4.000 DH par tête. Cette subvention est programmée pour se poursuivre jusqu’en décembre 2026, ou jusqu’à ce que le nombre cible de 80.000 têtes soit atteint. De plus, une exonération de la TVA sur les aliments pour bétail a été instaurée, contribuant ainsi à alléger les charges financières des éleveurs et à soutenir le développement du secteur.
 
Les autorités se sont aussi engagées à réorganiser le circuit de distribution afin de lutter contre les abus de certains intermédiaires. Le 22 novembre, le Conseil régional de Casablanca-Settat a adopté le projet d’une nouvelle plateforme agroalimentaire, venant remplacer les différents marchés de gros de la région. Cela permettra de raccourcir le lien entre producteur et consommateur, permettant de réduire le prix final des produits alimentaires comme les viandes et légumes.

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