EconomieLe Matin

La Région de Tanger regorge d’opportunités multisectorielles

Il ne pouvait en être autrement tant la région regorge de potentialités. «Les Régionales de l’investissement» de la Banque Centrale Populaire ont drainé de nombreux participants pour l’escale de Tanger le 23 septembre. Les débats étaient axés sur les leviers de développement de l’investissement et des exportations dans cette région à forte dynamique de croissance. Et à l’évidence, sur l’avenir de l’industrie automobile qui s’est offert un solide écosystème.

La Banque Centrale Populaire (BCP) a encore frappé fort pour la sixième étape des «Régionales de l’investissement» à Tanger, le 23 septembre dernier. Comme pour les précédentes escales, le groupe bancaire a drainé de nombreux participants avec des pointures du monde de l’économie et de la finance, et à leur tête la ministre de l’Économie et des finances, Nadia Fettah Alaoui. Il faut dire que la région s’y prête bien, vu les opportunités d’investissement offertes par maints secteurs, en particulier celui de l’automobile.

«Simplifier et discipliner l’acte d’investir»

Simplifier et discipliner l’acte d’investissement. C’est en substance le message transmis par Nadia Fettah Alaoui lors de l’étape des «Régionales de l’investissement» à Tanger. Par simplification, l’argentière du Royaume entend que la finalité de la démarche est d’intégrer un maximum de partenaires dans des pans entiers des chaînes de valeur où l’État est aujourd’hui le seul acteur. 
La Charte de l’investissement, actuellement à un stade avancé d’examen et ayant entamé son circuit législatif à la Chambre des représentants, prévoit une série de dispositifs pour assurer cette simplification, souligne la ministre, précisant que l’objectif et que les investissements à venir soient davantage profitables aux PME, aux territoires et à l’approche genre entre autres. Elle a en outre affirmé que la mise en œuvre efficace et rapide de ces investissements constitue un autre objectif à remplir. Simplifier, mais pas seulement. En réponse à une question de Faiçal Tadlaoui sur l’opérationnalisation du Fonds Mohammed VI pour l’investissement, Mme Fettah Alaoui a bien souligné un autre enjeu majeur : discipliner l’acte d’investir. L’objectif de ce Fonds souverain, doté de 15 milliards de dirhams, montant qui sera augmenté par de futures levées de fonds, consiste à accompagner les entreprises pour en faire des acteurs plus expérimentés et plus qualitatifs, a indiqué la ministre. 

Le Fonds Mohammed VI pour l’investissement est dirigé par un conseil d’administration qui sera secondé par un Advisory Board pour faire appel à des expertises nationales ou internationales dans les métiers de l’investissement, des expertises sectorielles et des réseaux internationaux. Il est prévu, rappelle Mme Fettah Alaoui, de mettre en place des fonds thématiques et/ou sectoriels qui seront gérés par des professionnels de l’investissement sélectionnés conformément à des critères rigoureux, «car l’acte d’investir doit rester discipliné et rigoureux» pour s’assurer de réaliser des projets pertinents et ciblés dans des domaines prioritaires tels que les infrastructures, le climat, le numérique, etc.

Par ailleurs, et en ce qui concerne l’inversion de l’apport de l’investissement public qui est aujourd’hui de 2/3 comparativement aux investissements privés, la ministre assure que l’État continuera à assumer sa mission régalienne et à réaliser les investissements de rigueur comme c’est le cas aujourd’hui pour les stations de dessalement de l’eau de mer. Et de souligner que cette inversion de tendance ne consiste pas à baisser la part de l’investissement public qui s’est élevé en 2021 à 50 milliards de dirhams, mais à augmenter celle du privé pour passer à 2/3 de la valeur globale des investissements à l’horizon 2035.

Industrie automobile : le meilleur reste à venir

Quoiqu’éprouvée par une succession de crises de la Covid-19 et la perturbation des chaînes d’approvisionnement, la filière automobile au Maroc a été capable de traverser cette zone de turbulences et le meilleur reste à venir. Ce sont les propos de Tajeddine Bennis, acteur de l’industrie automobile, qui confirme que cette activité atteindra certainement les 100 milliards de dirhams d’exportations à la fin de cette année (68 milliards de dirhams ont déjà été atteints à fin juillet 2022), ce qui constitue seulement une étape dans la mesure où il existe un énorme potentiel pour cette filière, fruit des acquis de la période 2014-2020 où l’accent a été mis sur le renforcement du tissu de la sous-traitance, la multiplication des acteurs, l’optimisation de la chaîne logistique et le développement des ressources humaines notamment. «Le Maroc se trouve aujourd’hui en très bonne position pour capter une partie des relocalisations à proximité de l’Europe comme alternatives aux sites implantés en Asie. Il s’agit donc d’un gisement extraordinaire et le plus important et que nous sommes prêts à nous engager dans cette phase», affirme M. Bennis qui intervenait dans le cadre du premier panel de cette sixième étape des «Régionales de l’investissement» dédié au «secteur de l’industrie automobile et de la logistique». 

Le président de l’Association marocaine pour l’industrie et la construction automobile (AMICA), Hakim Abdelmoumen, a rappelé, de son côté, que «l’industrie automobile au Maroc a traversé la crise de la Covid en maintenant tous les emplois» et a même drainé des investissements. Tout en rappelant que cette filière repose sur des fondements solides (infrastructures, dispositifs d’appui de l’administration, zones d’accélération industrielle, formation des RH…), M. Abdelmoumen souligne qu’il y a encore un travail à faire sur la compétitivité logistique, l’intégration en profondeur, le tissu des PME, etc. Mais, en parallèle, fait-il remarquer, l’activité est en train d’opérer une transition vers des véhicules décarbonés, électriques et autonomes. 

«Et ce challenge est en train d’être relevé au Maroc», affirme le président de l’AMICA. Pour sa part, la directrice de l’industrie automobile au ministère de l’Industrie et du commerce, Ayda Fathi, indique que «les stratégies sectorielles qui se sont enchaînées en gardant le même cap, ont permis de consolider le positionnement du Maroc à l’échelle continentale et régionale», lui qui est le premier producteur de voitures sur le continent africain avec une capacité de 700.000 véhicules par an et également le premier exportateur de véhicules neufs vers l’Europe, devant des pays comme la Chine, la Turquie ou encore la Corée du Sud.

Sur le plan national, rappelle Mme Fathi, l’industrie automobile est le premier secteur exportateur avec un peu plus de 83 milliards de dirhams en 2021(une progression de 16% par rapport à 2020) et «cette dynamique continue en 2022, confirmant la résilience et la robustesse de la chaîne logistique» ce qui permet de parler d’opportunités d’investissement et de se projeter sereinement dans le futur.

De l’automobile au négoce international…

Dans la région de Tanger, pratiquement tous les secteurs sont propices aux investissements. De l’industrie automobile avec un potentiel d’exportation de 37 milliards de dirhams par an, au textile avec un potentiel d’exportation de 16,8 milliards de dirhams par an, en passant par l’industrie chimique et parachimique (13,1 milliards de dirhams d’exportations par an), l’agroalimentaire (8,9 milliards de dirhams d’exportations par an), les énergies renouvelables (parcs éoliens et solaires), l’offshoring ou le négoce international où elle est en train de se positionner comme un hub pour le commerce monde-monde, la région dispose d’atouts considérables pour assurer l’aboutissement de tout investissement. 
Le directeur général du Centre régional d’investissement (CRI) de Tanger-Tétouan-Al Hoceïma, Jalal Benhayoun, et après avoir passé en revue les nouvelles missions des CRI apportées par la réforme de 2019 pour simplifier et optimiser le parcours de l’investisseur, a indiqué qu’en 2021 le CRI-TTA a accompagné plus de 4.000 porteurs de projets au niveau de la région à travers plusieurs actions (caravanes territoriales, programmes d’innovation, programme PIAFE, etc.). 

Déclarations

 

Jalil Sebti, directeur général de la Banque commerciale de la BCP : «Nous irons à Dubaï le 10 octobre à la rencontre des Marocains résidant à l’étranger»

«Je suis très heureux d’être ici à Tanger pour la sixième étape de la deuxième édition des “Régionales de l’investissement”. Je suis très heureux aussi d’avoir comme invitée spéciale pour cette étape, la ministre de l’Économie et des finances, Nadia Fettah Alaoui, qui nous a donné un éclairage important sur la situation économique et les prévisions pour l’avenir. Je me réjouis également du bilan d’étape faisant état de 20 milliards de projets d’investissement détectés, dont 25% sont déjà mis sur les rails, et rappelons-le dans un contexte assez compliqué où les crises se sont empilées. Mais malgré tout cela, la motivation pour investir est toujours aussi forte et doit être soutenue. Aussi, nous continuons à nous engager dans la voie des objectifs fixés. Enfin, je suis très heureux d’annoncer qu’il y aura la 13e région, donc une autre étape des Régionales, où nous irons à la rencontre de nos Marocains résidant à l’étranger (MRE). Cela commencera par Dubaï le 10 octobre et d’autres étapes suivront pour présenter à nos MRE les opportunités d’investissement ainsi que les dispositifs de soutien à l’investissement.»

       

Nadia Fettah Alaoui, ministre de l’Économie et des finances : «Les Régionales de l’investissement BCP permettent de mettre en avant toute l’importance de l’acte d’investir»

«Les Régionales de l’investissement de la BCP constituent une opportunité de mettre en avant toute l’importance de l’acte d’investir dans un contexte difficile, mais qui peut aussi déboucher sur des opportunités importantes pour notre économie dans des métiers de choix. Nous saluons cette initiative pour que l’ensemble des parties prenantes, acteurs des secteurs public et privé et du secteur financier, par le biais de la BCP, s’aligne et s’inscrive dans une dynamique ambitieuse et déterminée pour atteindre le plein potentiel de notre économie, même dans un monde turbulent.»

 

Hakim Abdelmoumen, président de l’Association marocaine pour l’industrie et la construction automobile (AMICA) : «La mobilité électrique apportera des opportunités importantes aux PME et aux startups marocaines»

«Nous avons eu l’occasion aujourd’hui de débattre et d’échanger, à l’initiative de la BCP, sur le développement de l’industrie automobile qui est un secteur porteur de développement au niveau régional (régions de Tanger, Kénitra, Casablanca et Meknès). Ce développement de l’industrie automobile s’articule autour de solides fondamentaux et s’inscrit dans une bonne dynamique pour offrir plus d’opportunités d’investissement à l’avenir, notamment aux entreprises de taille PME dans toutes les régions afin de développer l’intégration en profondeur et accompagner également le développement du secteur au niveau de cette nouvelle mobilité durable et électrique, dans laquelle nous sommes déjà impliqués à travers l’assemblage de deux voitures électriques à Kénitra et Tanger. Cette nouvelle mobilité offrira également des opportunités importantes pour les startups en termes d’intelligence artificielle. Autant d’opportunités d’investissement dans toutes les régions du Maroc qui vont immanquablement développer la compétitivité du secteur automobile marocain.»

 

Houssam El Amrani, directeur Opérateurs et Chaînes logistiques à l’AMDL : «Une deuxième phase du programme d’accompagnement des opérateurs logistiques est en préparation»

«Je me réjouis, au nom de l’Agence marocaine de développement de la logistique (AMDL), d’avoir participé à cette sixième étape des Régionales de l’investissement de la BCP à Tanger, tant la logistique est un facteur important pour attirer les investissements. Au niveau de l’AMDL, nous sommes responsables de la mise en place d’une stratégie nationale pour la logistique ayant pour objectif de moderniser l’infrastructure logistique à travers le pays et d’améliorer la compétitivité de nos opérateurs logistiques, notamment via le programme d’appui, dont une première édition a été lancée entre 2017 et 2021, et nous aspirons à lancer une deuxième version pour la période 2023-2028 pour soutenir le développement des PME marocaines sur le plan de la logistique.»

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Entretien avec Hakim Abdelmoumen, président de l’Association marocaine pour l’industrie et le commerce automobile (AMICA) 

«L’industrie automobile marocaine est construite sur la base d’une vision à long terme et d’un projet global et complet»

Le Matin : L’industrie automobile mondiale se trouve au tournant des «nouvelles technologies de la mobilité». Comment l’industrie automobile marocaine se prépare-t-elle à franchir ce cap ?
Hakim Abdelmoumen :
L’industrie automobile marocaine est construite sur la base d’une vision à long terme et d’un projet global et complet, qui s’inscrit dans l’avenir dès le lancement : zones d’accélération industrielle qui regroupe les acteurs de la filière en synergie et intègre tous les services et démarches administratives, l’accompagnement de locomotives qui sont les constructeurs automobiles et les grands donneurs d’ordre, l’investissement important dans les formations et les compétences, les connexions maritimes grâce au port Tanger Med, etc. Ainsi, la nouvelle mobilité se décline sur l’industrie décarbonée, le véhicule électrique, la conduite autonome et le véhicule connecté.

L’industrie décarbonée est déjà accompagnée par un dispositif de soutien public, et la possibilité pour les entreprises énergivores connectées au réseau électrique en haute tension de bénéficier de l’accès à une énergie renouvelable nettement plus compétitive, et d’autres démarches dans ce sens sont engagées également, car ce processus intègre aussi les intrants, logistique amont et aval. Pour le véhicule électrique, la filière a déjà réussi une percée à travers la fabrication au Maroc de deux véhicules citadins qui sont sur une niche en forte croissance. La conduite autonome est inscrite dans le centre technique CETIEV grâce à un partenariat conclu entre le ministère de l’Industrie, Stellantis et l’AMICA, où des ingénieurs marocains travaillent sur ce type de solutions pour la mobilité. Également, le Maroc disposera bientôt d’un centre d’homologation d’envergure de véhicules et composants qui intègre également ces solutions. Un atout majeur dont dispose la filière automobile marocaine sont les centres de formation IFMIA gérés directement par l’AMICA, où nous préparons les compétences de demain sur ces technologies.

Quelle est la place du triplet «ingénierie-conception-développement» dans la nouvelle stratégie pour le secteur automobile ?

Au sein de la nouvelle stratégie pour le secteur automobile pour les années à venir en partenariat avec le ministère de tutelle, nous avons inscrit le développement de «l’ingénierie-conception-développement» comme priorité parmi les axes de notre feuille de route. Ceci après la réussite et l’implantation de bureaux d’ingénierie d’envergure aussi bien par les constructeurs automobiles, les équipementiers, que les grands bureaux d’ingénierie internationaux. Ceci nous permet de passer à une industrie de co-développement à l’avenir et c’est déjà le cas aujourd’hui. Par ailleurs, nous travaillons sur un solide partenariat avec les écoles d’ingénieurs et universités en créant un pont entre ces institutions, à travers des parrainages de promotions et des transferts de savoir-faire industriel et des projets de développement.

La «notion d’intégration en profondeur» est de plus en plus citée par les industriels marocains. Pouvez-vous nous éclairer sur ce concept ?

L’intégration en profondeur se décline en intégration locale directe dans le véhicule où nous sommes à plus de 60%. L’intégration en profondeur qui est la fourniture de sous-ensembles en Rang 2 vers les grands équipementiers, et en troisième lieu l’amont industriel qui correspond aux matières premières. Pour les trois axes, le ministère de l’Industrie en partenariat avec l’AMICA, travaillons activement sur la poursuite de ces processus avec des perspectives très intéressantes, des opportunités et pistes d’intégration complémentaires déjà identifiées et des investissements à venir.

Quelles sont les régions enclines à emboîter le pas à Tanger-Tétouan-Al Hoceïma et Rabat-Salé-Kénitra et abriter des écosystèmes de l’industrie automobile ?

L’industrie automobile se développe dans les régions et permet à plusieurs d’entre elles de bénéficier des
investissements, des emplois et des formations. Néanmoins, ceci doit obéir à des stratégies pensées au préalable afin d’avoir une harmonie entre les acteurs de la filière et les commodités pour permettre des flux rationnels. Ainsi, après le démarrage historique de l’industrie automobile dans la région de Casablanca, qui représente toujours plus de 40.000 emplois dans ce périmètre, le déploiement fort s’est réalisé à Tanger, et ensuite dans la région du Gharb à Kénitra, Salé, puis Meknès et actuellement à Oujda. Ceci permet au secteur d’intégrer les compétences de ces régions et bénéficier des extraordinaires bassins d’emplois qui y sont. Les compétences marocaines ont toujours été au cœur du développement de ce secteur. 


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