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De la musique marocaine au rock, tous les chemins mènent au jazz

De Gyedu-Blay Ambolley & His Sekondi Band à Beth Hart, en passant par Ismail Sentissi et Aloe Blacc, la Scène 21 et Casa-Anfa à Anfa Park ont fait vibrer un public qui a chanté en chœur avec les artistes au programme de la journée du vendredi, dans le cadre du 16e Jazzablanca (22 – 24 juin, Casablanca). Parce que tout mène vers le jazz et vice versa, les têtes d’affiche de ce deuxième jour du festival sont issues de divers univers musicaux. Ismail Sentissi a ouvert le bal avec son album «Genoma», où le jazz et les musiques marocaines font l’ADN artistique d’un virtuose, issu lui-même d’un parcours éclectique.

Ayant vécu au Ghana, aux Etats-Unis et en France avant de reposer bagage au Maroc, Ismail Sentissi a déclaré à Yabiladi que «les voyages façonnent l’identité tout court».

«Mon expérience au Ghana a été particulièrement intéressante. Elle m’a permis de découvrir des musiques et des rythmes que je ne connaissais pas. C’était aussi l’occasion de découvrir les liens entre les musiques ouest-africaines et nord-africaines comme celles que nous avons au Maroc. Il existe beaucoup de passerelles entre nos diverses musiques en Afrique.»

Ismail Sentissi

«J’ai faits des rencontres et j’ai écouté des musiques différentes aussi. On en est forcément influencé et on est amené à connaître de plus près des rythmes qu’on ne découvrirait pas en restant dans un même espace», a ajouté Ismail Sentissi auprès de Yabiladi. «J’ai beaucoup écouté les registres d’Afrique de l’Ouest et celles d’ailleurs, où l’on retrouve diverses sonorités africaines, d’Ali Farka Touré à Majid Bekkas. Ma musique porte toutes ces influences, mais aussi celles d’autres musiques jazz et instrumentales», souligne encore l’artiste.

«Cela me tient à cœur de garder ces liens entre le Maroc d’où je viens et les musiques des autres pays de notre continent, mais ça va toujours plus loin que ce que l’on pense : on retrouve des passerelles dans la musiques latine, moyen-orientale ou sud-européenne… En définitive, il n’existe pas de frontières.»

Ismail Sentissi

Ismail Sentissi à Jazzablanca 2023 / Ph. Sife El Amine

«Ramener l’arbre du jazz à la maison»

Figure légendaire depuis les années 1970 ayant marqué l’afro-jazz et le highlife, l’artiste ghanéen Gyedu-Blay Ambolley & His Sekondi Band est également monté sur la Scène 21, proposant un répertoire qui célèbre les identités africaines, transcendant les pays et les générations. L’artiste a par ailleurs confié à Yabiladi être joyeusement surpris de savoir qu’il avait de nombreux fans au Maroc. «La musique et une langue transcendante justement et elle doit être bien jouée pour qu’elle puisse parler à toutes et tous. C’est ce que nous essayons de faire en célébrant le highlife un peu partout, comme aujourd’hui ici, à Casablanca», a-t-il déclaré à notre rédaction.

«J’ai écouté des musiques locales de la région de Casablanca et je m’y vois, d’une certaines manière. Lorsque j’écoute vos rythmes et ceux de mes compositions, je retrouve une sorte de dialogue harmonieux avec ses singularités. Je pense que c’est pour cela que nous apprécions d’écouter et d’apprécier nos différentes musiques.»

Gyedu-Blay Ambolley

Concernant la célébration du jazz dans sa dimension africaine, dans le cadre d’un festival se tenant en Afrique, Gyedu-Blay Ambolley a rappelé que «ceux qui ont introduit le jazz ailleurs, aux Etats-Unis, ont été arrachés à l’Afrique, mais on n’a jamais pu leur arracher cette Afrique». «C’est comme cela que le jazz est devenu ce qu’il est aujourd’hui, fruit de son ouverture aux différentes cultures par son essence. Le jazz est devenu un arbre fait de différentes branches, dont le highlife. A Casablanca, nous ramenons notre arbre du jazz à cette grande maison qu’est l’Afrique», a-t-il déclaré.

Le rock, une autre manière de célébrer l’essence du jazz

Plus tard dans la soirée, la scène Casa-Anfa s’est résolument mise aux couleurs du rock pour accueillir Beth Hart, acclamée par des fans venus en nombre et ayant repris avec elles ses chansons les plus connues. Donnant le ton face à un public enthousiaste qu’elle a eu la joie de retrouver une nouvelle fois lors de cette édition, la chanteuse américaine a exprimé son bonheur de se retrouver à Jazzablanca, en ouvrant son concert avec une version très électrique de «For My Friends».

En clôture d’une performance riche en émotions, Beth Hart a remercié ses fans en apothéose, avec une reprise tout aussi électrique de «Babe I’m Gonna Leave You» des Led Zeppelin. La fin de soirée s’est terminée dans une joie contagieuse et festive avec le chanteur Aloe Blacc, qui a porté la musique dans ses plus belles valeurs. Le public a également repris les chansons les plus connues de l’artiste d’origine panaméenne, notamment «I Need A Dollar», «Wake me up», ou encore une reprise de «I Got You».

Sur la Scène BMCI à la Place des Nations unies, le rock a également été célébré comme une nouvelle forme de jazz, avec le groupe marocain de fusion Khmissa. Dans le registre saharien, Tarwa N-Tiniri a prolongé les festivités, dans une belle communion avec les festivaliers et les riverains du centre-ville, cette scène étant librement accessible.


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