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En 1937, les prétentions impérialistes au Maroc ont failli déclencher une guerre

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Deux ans avant la Seconde guerre mondiale (1939 – 1945), la France a redouté un conflit avec l’Allemagne concernant le Maroc. Dans les sphères diplomatiques, Paris a ainsi intensifié ses action pour maintenir son contrôle militaire sur le royaume. Dans un courrier adressé au Département d’Etat américain, le 9 janvier 1937, l’ambassadeur des Etats-Unis dans l’Hexagone William Bullit (1936 – 1940) a affirmé que  «le gouvernement français craignait depuis de nombreuses semaines que les Allemands, sous couvert de renforts à la dictature du général Francisco Franco (1936 – 1975), n’envoient des troupes à la partie espagnole du Maroc pour occuper cette région.

Et d’ajouter : «L’occupation allemande du Maroc espagnol couperait les liens de la France avec les colonies d’Afrique du Nord. Elle couperait les communications de l’Angleterre à travers la Méditerranée et serait viable ni pour la France, ni pour l’Angleterre.»

La correspondance indique par ailleurs que «l’ambassadeur de France à Berlin a discuté de la situation du Maroc, avec le ministre allemand des Affaires étrangères, dont elle a obtenu des garanties que le gouvernement allemand n’enverrait pas ses forces au Maroc». La partie allemande estimé que la question espagnole devrait être plutôt un catalyseur, pour «consolider l’amitié entre la France et l’Allemagne, sans aucun élément de désaccord».

Mais après ces pourparlers, selon le même document, le gouvernement français a reçu des informations de «ses agents au Maroc espagnol, indiquant les soldats allemands avaient bien été déployés dans la région et que des contrats avaient été effectués par des agents allemands, afin de fournir les logements et les vivres pour 3 000 soldats» Allemands à Ceuta et dans les environs.

La France a cherché à contrer mes prétentions impérialistes allemandes au Maroc

Une fois informée, la France n’a pas tardé à réitérer qu’elle était «la force protectrice» du royaume, «chargée de préserver la souveraineté du sultan au Maroc espagnol comme au Maroc français». «En vertu des accords internationaux connus concernant le Maroc», Paris a insisté que l’Espagne ne pouvait permettre le déploiement des forces de pays tiers dans la région. Dans le même sens, elle a adressé ses mises en garde au général Franco, en affirmant que la France ne tolérerait «aucune entrave» à ses privilèges au Maroc.

Le gouvernement français a informé également son homologue britannique de «l’envoi d’une partie de la flotte sur les côtes du Maroc espagnol à des fins de surveillance». Le secrétaire général du ministère français des Affaires étrangères a expliqué que selon un accord avec l’Espagne, les Français avaient le droit d’envoyer leurs navires de guerre au port de Ceuta, sans en informer l’exécutif espagnol.

Par ailleurs, Paris a demandé à la Grande-Bretagne d’envoyer des navires «dans les eaux hispano-marocaines» pour assurer cette surveillance. La France a assuré son interlocuteur que 3 000 soldats allemands se dirigeraient vers le Maroc espagnol «non pas via l’océan Atlantique, mais via l’Italie et la mer Méditerranée».

De son côté, le secrétaire d’Etat britannique aux Affaires étrangères Anthony Eden (1935 – 1955) a répondu que si ces informations étaient exactes, les actions de l’Italie, alors sous le régime fasciste de Mussolini (1922 – 1945) ne seraient pas conformes aux accords en vigueur. Londres a rassuré Paris qu’elle examinerait sa requête.

La France a considéré que l’envoi des forces allemandes au Maroc espagnol relevait d’une manœuvre de Berlin, dans sa tentative d’établir éventuellement une base militaire, au cas où une guerre se déclenchait et que l’Allemagne lorgnait les colonies françaises. Dans ce contexte, Paris a cherché à empêcher tout conflit ouvert, où elle devrait s’allier à l’Angleterre, contre l’Allemagne, l’Espagne et l’Italie, au niveau du territoire du Maroc.

A la fin de son message, l’ambassadeur américain a déclaré que la situation en Europe était «tellement tendue par ce climat de guerre que nous devrions nous attendre à ce qu’un incident se produise, dans les quelques semaines à venir».

Près de deux ans plus tard, la Seconde guerre mondiale a été déclarée, entraînant la défaite de l’Italie, de l’Allemagne et du Japon. La place du continent européen dans la géopolitique mondiale a ensuite connu un déclin. La France et la Grande-Bretagne ont laissé place à deux nouveaux blocs émergent : les Etats-Unis et l’Union soviétique.


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