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En Algérie, les médias désinforment en prétendant un soutien du Maroc à Israël [Désintox]

En Algérie, des médias ont accusé le Maroc d’«implication» dans le «recrutement de mouches électroniques contre la cause palestinienne». Selon Echorouk, le journal le plus lu du pays, «une enquête menée par la plateforme Eekad a révélé que le Maroc mobilisait des mouches électroniques pour attaquer les brigades Al-Qassam et la résistance palestinienne via Internet, de façon à donner une fausse image sur le peuple de Gaza et de la Palestine, en faveur de l’occupation israélienne».

Le journal estime que «parmi les conclusions principales de l’enquête», une affirmation selon laquelle «ces mouches sont organisées en comités qui reprennent les mêmes phrases, utilisent les mêmes emojis dans le même ordre et ont changé d’emplacement sur Twitter», pour mentionner qu’ils s’activeraient désormais depuis le Maroc.

Par ailleurs, le site algérien Awras a titré l’un de ses articles sur une prétendue «enquête numérique», prétendant que «des comités marocains attaquent l’Algérie et la Palestine, tout en soutenant Israël». Selon le média, ces données «révèlent l’implication du Maroc dans le recrutement et le soutien de groupes marocains qui diabolisent la résistance palestinienne, en faveur de l’occupation israélienne».

Le site mentionne aussi «l’implication du Maroc dans le soutien aux mouches électroniques qui attaquent férocement, via les réseaux sociaux, les Algériens et la résistance palestinienne, sèment la discorde parmi les peuples arabes et déforment leur image en faveur de l’occupation».

Qu’en est-il réellement ?

Après consultation de l’enquête de l’Eekad publiée le 12 octobre, force est de constater que les médias algériens ont délibérément repris de fausses informations attribuées malencontreusement à la source, laquelle n’a en aucun cas mentionné l’implication du Maroc dans le «recrutement de mouches électroniques contre la cause palestinienne».

L’enquête indique que l’équipe de l’Eekad a effectué une veille sur «plusieurs comptes tweetant en arabe, critiquant la résistance et soutenant Tel-Aviv, les utilisateurs s’identifiant comme Marocains et tweetant depuis le Maroc». La plateforme a ajouté qu’elle suivait les comptes et «extrayait les phrases qu’ils répétaient, ce qui a laissé découvrir qu’ils étaient non seulement actifs sur Twitter, mais qu’ils publiaient les mêmes phrases aussi sur Facebook et YouTube».

Le rapport explique que «ces comptes ne fonctionnent pas individuellement, mais plutôt systématiquement, pour créer une opinion publique trompeuses sur le soutien des Marocains à Israël». «La plupart d’entre eux ont été créés ou ont accru leur interaction peu avant décembre 2020», dans le contexte des accords de normalisation entre Israël et des Etats arabes, bien avant le Maroc. De ce fait, il s’agit de comptes créés à l’origine pour préparer l’étape de normalisation entre Rabat et Tel-Aviv, de façon à susciter un soutien populaire favorable.

La plateforme a confirmé que «la date de cette recrudescence importante, août 2022, coïncidait exactement avec la montée en puissance de comptes égyptiens et israéliens, tel que précédemment révélé lors de ces enquêtes». A cette même période, des comptes israélo-saoudiens ont été très actifs. Selon les données recueillies, «cela signifie qu’il existe une partie derrière tous ces comités, travaillant systématiquement à diffuser ces publications en même temps, pour faire passer des messages clairs parmi les internautes arabes, qu’ils soient égyptiens, saoudiens ou marocains».

L’Eekad a souligné que «ces faux comptes ont les mêmes caractéristiques» et que «beaucoup parmi eux usurpent une identité marocaine, mais tweetent dans un arabe approximatif». Ce qui est frappant à propos de ces comptes, selon l’Eekad, est qu’«ils portaient précédemment des noms d’utilisateurs différents» que ceux affichés depuis leur adhésion à cette campagne de propagande.

«L’un des comptes s’identifiait comme indien, il y a quelques mois, tandis qu’un autre était chinois et que le troisième était pakistanais». «Ils ont tous changé leur description pour mettre en avant une prétendue identité marocaine et publier en tant que Marocain», ajoute la même source.

Plusieurs tentatives antérieures de désinformation

Ce n’est pas pour la première fois que les médias algériens diffusent délibérément de fausses informations sur le Maroc. Le cas s’est présenté notamment après la décision de la Confédération africaine de football (CAF) d’accorder l’organisation de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) de 2025 au Maroc et l’édition 2027 au Kenya, à la Tanzanie et à l’Ouganda.

Selon les médias algériens, citant des «sources fiables», la CAF a «officiellement approuvé six stades pour accueillir la CAN, prévue au Maroc en 2025, tandis que l’inclusion du stade Cheikh Laghdaf de Laâyoune a été rejetée». Pourtant, le Maroc n’a pas intégré la ville du sud, puisque son complexe sportif ne répond pas aux normes de la CAF à cet effet.

Fin septembre dernier, les médias algériens ont par ailleurs avancé qu’un rapport de la Communauté économique de l’Afrique de l’Ouest évoquait des médicaments contrefaits produits dans des usines secrètes du Maroc destinés à «inonder» le marché régional. Le rapport n’a cependant évoqué ni industrie secrète, ni manœuvres de dumping.

Avant cela, le journal Echorouk a taxé le Maroc d’être derrière la propagation de la cochenille en Algérie, affirmant que cet insecte avait été introduit dans le pays par un investisseur marocain.

Les médias algériens ont également, à plusieurs reprises, diffusé de fausses informations sur la question du Sahara, à commencer par les «percées militaires» du Front Polisario le long du Mur des Sables, jusqu’au prétendu refus de l’Espagne de soutenir le plan d’autonomie du Sahara.


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