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La France se ferme aux imams étrangers

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Malgré le fait qu’elle était attendue et presque inscrite dans un agenda, la déclaration du ministre de l’intérieur Gérald Darmanin de stopper l’arrivée des imams étrangers à partir du 1er janvier 2024 a eu son petit effet tonitruant. Sans doute parce qu’elle intervenait dans un contexte effervescent de vote difficile et de polémiques sur la Loi Immigration adoptée par le parlement au prix de lourdes concessions faites par le gouvernement à la droite et surtout à l’extrême droite.

Pour le citoyen non initié à ces postures politiques, cette annonce de Darmanin pourrait donner l’illusion de faire partie d’un package politique inspiré par la nouvelle loi sur l’immigration pour bien marquer le profil anti immigration du ministre de l’intérieur. Et pourtant ce n’est qu’une illusion d’optique issue d’un télescopage de calendriers politiques.

En annonçant cette décision de fermer les portes de la France aux imams étrangers à partir du début de cette nouvelle année, Gérald Darmanin ne fait qu’appliquer une promesse, formulée sous forme de menaces, par le président Emmanuel Macron en 2020, lorsque voulant lutter contre ce qui était présenté à l’époque comme « le séparatisme » d’inspiration islamiste. Emmanuel Macron s’était, en effet, donné une période de trois ans pour baisser les rideaux français devant les imams étrangers.

En janvier 2024, la période des trois années expire et le ministre de l’intérieur en profite pour faire son annonce avec un effet médiatique assuré dans un contexte de doute pour lui. Il avait incarné une loi Immigration qui se voulait ferme mais qui n’a été adoptée qu’au prix de dangereuses concessions faites à l’extrême droite, et dont certaines disposions vont être certainement censurées par le conseil constitutionnel, mais dont les effets politiques ont déjà provoqué des malaises au sein de la majorité présidentielle.

Le ciblage du président Emmanuel Macron de ces imams étrangers était motivé par la décision de tenter de couper le cordon ombilical entre les musulmans de France et certains pays étrangers. Pour Paris, aucun imam ne doit être payé et salarié par un Etat étranger par crainte que ce dernier n’applique en France un agenda politique et idéologique qui y menace la sécurité et la cohésion sociale.

Officiellement cette harangue de Gérald Darmanin contre les imams étrangers concerne principalement trois pays qui se sont révélés être les fournisseurs principaux de cet encadrement religieux: L’Algérie, la Turquie et le Maroc.

Or le Maroc particulièrement ne semble plus concerné par cette affaire. La dernière délégation d’imams marocains arrivée en France date de 2009. Et la trentaine de ces imams marocains furent directement salariés par des associations cultuelles de droit français. Le Maroc possède une autre particularité dans ce domaine. Il est le seul pays à avoir signé une convention de formation des imams destinés à opérer sur le territoire français par l’institut Mohammed VI pour la formation des imams de Rabat. Ce fut en 2015 en présence du Roi Mohammed VI et du président français de l’époque, François Hollande.

En appliquant cette mesure de fermeture à l’encontre des imams étrangers, le gouvernement s’impose immédiatement l’ouverture d’un chantier inédit en France, celui du statut d’imam en France. Un chantier longtemps promis mais jamais réellement lancé. Cette démarche du président Macron visait surtout à mettre fin à ce qui était médiatiquement connu sous l’appellation de « L’Islam consulaire ».

La fin aussi des imams téléguidés par d’autres capitales, semant en France une idéologie qui crée, selon Paris, les conditions d’une radicalité religieuse qui pourraient préparer les esprits au passage à l’acte violent et aux attentats terroristes.

Or cette perception du président Macron sur ces imams étrangers est contredite par une autre réalité, celle de tout faire pour tenter de donner à la mosquée de Paris une prééminence de représentation sur l’Islam de France. Or la mosquée de Paris et son recteur Chemseddine Hafiz se réclament ouvertement d’être une propriété d’un Etat étranger, l’Algérie, obéissant à son agenda et appliquant son idéologie. Il semble difficile pour Macron et Darmanin de vouloir lutter contre cet « Islam consulaire » et en même temps tolérer que la mosquée de Paris, instrument d’influence algérienne assumée, soit la vitrine de l’Islam de France.

D’ailleurs à ce sujet, l’organisation de l’Islam de France et sa représentation auprès de l’Etat français est un chantier en ruines. Après avoir tenté de dissoudre le Conseil français de culte musulman (CFCM) et proposé la création d’une solution alternative, le Forum de l’Islam de France (FORIF), Macron et Darmanin ont créé une situation confuse, un état des lieux brouillé où la cohérence, la lisibilité et l’efficacité sont pour le moment totalement absentes.

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