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Les folles élucubrations de l’Algérie à vouloir se poser en médiation

L’Algérie, qui a opportunément condamné « la violation de l’ordre constitutionnel » ou pour le dire crûment, le putsch au Niger, pays avec lequel elle partage une frontière de près de 1000 kilomètres, se dit, vouloir privilégier un traitement politique et diplomatique des situations de crise dans la région du Sahel. 

Aussi c’est dans le même état d’esprit du processus qu’Alger a adopté pour le « règlement » de la crise du Mali, autre pays limitrophe, sans aucun succès au demeurant, que le régime des généraux propose son approche globale pour le Niger en adoptant une position médiane.  

Pour Alger c’est un peu l’histoire du « entre les deux mon cœur balance » que de choisir entre le soutien à Mohamed Bazoum ou le refus d’une intervention militaire au Niger (Cedeao ou autres forces étrangères). Gros dilemme en effet pour le régime sénile d’Alger que celui de rallier la cause russe et celle des putschistes du Mali, Burkina Faso, Niger et groupe Wagner ou se ranger du côté « occidental » de la chose (américano-européen) ou OTAN pour faire simple.  

Le président de la Junte d’Alger avait indiqué à la presse algérienne dernièrement : « Nous sommes prêts à aider [les Nigériens] à s’unir ». L’Algérie, « puissance » de la sous-région, voisine du Niger et du Mali qui est longtemps resté sous le contrôle de la France alors que la présence de cette dernière a considérablement reculé, partage de profonds intérêts stratégiques avec ses deux pays.  

Mais la situation ambigüe dans cette région du monde, a plutôt tendance à favoriser la multiplication d’intervenants internationaux et à la réduction de l’autorité locale. C’est en quelque sorte les mêmes scénarios syrien et libyen qui sont en train de se produire au Sud de l’Algérie, avec les risques de menaces terroristes et de flux migratoires incontrôlés. 

En effet, le terrorisme qui a nettement reculé en Asie (Afghanistan, Pakistan…) et au Moyen-Orient s’est répandu dangereusement, au cours de ce cinquième de siècle du second millénaire, en Afrique et particulièrement au Sahel. Ce dernier étant un terreau fertile, qui aide à une expansion incontrôlée de par une instabilité politique et la faiblesse des régimes des pays de la région. L’Algérie critique incontestablement l’interventionnisme français en Afrique et paradoxalement se permet un ton sans acrimonie à l’égard des Etats-Unis.  

La visite mardi du ministre algérien des Affaires étrangères, Ahmed Attaf à l’US Département of State en est l’illustration même. Le nouveau contexte ouvert par le retrait français du Sahel, le ressentiment africain, envers la France, la crise à Niamey sont autant de facteurs qui offrent l’occasion à l’Algérie de vouloir mordicus se poser en médiatrice. Aussi s’accroche-t-elle au scénario d’une éventuelle médiation qui serait bénie par l’Oncle Sam.

Ce qui ne devrait pas être le cas au regard des récentes visites présidentielles à Moscou et à Pékin, qui n’indique aucun signe de basculement de l’Algérie dans le camp anti-occidental. Aussi on peut sans se tromper avancer que le voyage de Chengriha à Moscou a pour raison des préparatifs d’une « visite de courtoisie » du groupe Wagner à Niamey, ce que Washington voit du plus mauvais œil.  

Pour le régime algérien, « il n’y aura aucune solution sans nous. Nous sommes les premiers concernés ». C’est que les bruits de bottes autour d’une éventuelle opération des armées de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) pour réinstituer Bazoum au pouvoir à Niamey effraient Alger. En effet les préparatifs d’une guerre néocoloniale par procuration pour remettre sur rail « une démocratie égarée » et de lutter contre le djihadisme et le terrorisme n’est pas du tout du goût du régime militaire algérien qui considère que le terrorisme n’est pas une fatalité en Afrique et qu’il n’a aucun fondement religieux  

Pour Alger, l’intervention militaire de la Cedeao ou d’une quelconque force étrangère a pour visée que le pillage systématique des ressources du troisième pays le plus pauvre de la planète. De plus cela fait trop pour la sécurité en Algérie qui n’a de cesse de prôner le danger de l’éternel « ennemi de l’extérieur ». L’armée algérienne se dit avoir conscience qu’elle doit assurer seule la surveillance et la protection de ses frontières qui se prolonge jusqu’au sud-ouest de la Libye en guerre depuis 2011 après l’intervention d’une coalition occidentale d’où la hantise des généraux d’Alger.  

Les frontières algériennes s’embrasent avec à l’Est la Libye, au Sud le Niger et le Mali sans compter son meilleur ennemi le Royaume du Maroc à l’Ouest. Cela commence à faire trop. D’ailleurs pour le président de la junte, la stabilité du Niger est un enjeu crucial pour son pays. Une intervention constituerait une « menace directe pour l’Algérie. Nous refusons catégoriquement toute intervention militaire car le Sahel s’embrasera ».  

Pour le régime des généraux, la multiplication des foyers de tension à l’est, et au sud de ses frontières en plus de celles prétendues de l’Ouest qui lui restent en travers de la gorge, ne peut procéder que d’une stratégie délibérée de l‘affaiblir par une guerre d’usure qui ne se dit pas en dépit de capacités à se défendre des menaces frontalières.

Cela l’option militaire de la Cédéao conjuguée à l’accueil favorable la France et le silence neutre et assourdissant, de l’Union africaine sont autant de poux dans les cheveux du régime d’Alger et poussent à s’interroger dans le cas d’un conflit armée, sur d’autres dommages humain (flux migratoire malgré les accords bilatéraux avec le Niger), sécuritaire (l’Algérie s’enclave) et économique (le gazoduc Nigeria-Algérie qui tombe à l’eau).   

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