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L’intenable billard français au Maghreb

Pour le grand malaise du président Emmanuel Macron, aucun homme politique français ne prend la parole pour parler de la politique de l’Élysée au Maghreb sans interroger la pertinence des choix diplomatiques français dans cette region qui, jusqu’à ce jour, ont fait pencher la balance des équilibres au profit de l’Algérie.

Et ces critiques semblent formuler la nouvelle donne suivante: Valait-il la peine de faire entrer le précieux partenariat entre la France et le Maroc dans un incassable glacis sans pour autant réaliser la moindre accélération positive avec l’Algérie ? Le pari de Macron sur le régime algérien, si prompt à lui tresser des lauriers contre toute logique politique, est devenu le grand point noir de la diplomatie française.

Ce qui vient de se passer dans le relation entre Alger et Paris est de nature à provoquer les plus grandes remises en cause. Non content d’avoir donné des directives présidentielles de réintégrer un célèbre couplet haineux à l’égard de la France dans l’hymne national algérien, Abdelamajid Tebboune vient de provoquer un sarcasme mondial en qualifiant le président russe Vladimir Poutine « d’ami de l’humanité ».

Le virage russe du régime algérien interroge lourdement la diplomatie française. Elle se trouve entre deux choix bien distincts qui ne souffrent aucun gris-clair. Ou faire la politique de l’autruche en ignorant délibérément ces comportements en les mettant sur le compte de la bêtise, voire de l’incompétence accentuée, ou réagir et réadapter son approche diplomatique à la lumière de ces nouvelles donnes. La première est politiquement intenable. La seconde passe forcément par une réouverture des canaux de communication avec le Maroc, victime collatérale du tropisme algérien du président Macron.

La France se doit de faire bouger ses lignes sur l’affaire du Sahara. Après avoir longtemps soutenu l’option de l’autonomie comme une des solutions de la sortie de crise dans ce conflit régional, la diplomatie française se doit de s’aligner sur les pays qui la considèrent comme l’unique solution et donc reconnaître officiellement la souveraineté du Maroc sur ces provinces.

Hirondelle qui annonce sans aucun doute le printemps dans les relations entre la France et le Maroc, une évolution juridique à forte connotation politique, un tribunal français, celui de Tarascon vient de rendre un arrêt condamnant la Confédération paysanne, une organisation syndicale française qui longtemps été utilisée comme un cheval de Troie dans le harcèlement judiciaire de l’accord agricole Maroc-UE.

Ce jugement, à rajouter à celui déjà prononcé dans la même veine par un tribunal britannique, constitue un incontestable revers judiciaire pour le polisario et ses relais en France et en Europe…

L’importance de ces jugements est qu’ils participent non seulement à sanctuariser l’accord agricole Maroc-UE dont la prolongation est en cours de discussion, mais aussi à créer un contexte politique favorable pour que des pays qui végétaient dans la zone grise puissent clarifier leurs positions.

Emmanuel Macron fait partie de ceux là. Il n’a plus aucune excuse pour ne pas répondre favorablement aux demandes marocaines. Il est difficile pour lui de continuer à jouer les équilibristes au Maghreb alors que le régime algérien brûle les une après les autres toutes les amarres qui le lient à l’Union européenne et s’inscrit ouvertement dans une démarche de défiance à l’encontre de l’Europe, de l’Amérique et de l’OTAN.

Sauf à s’entêter dans la posture de celui qui refuse de céder, par amour propre, voire par fierté personnelle, aux exigences marocaines, Emmanuel Macron se trouve actuellement dans l’obligation de changer de braquet dans ses relations avec les pays du Maghreb. Il y est contraint aussi bien par les comportements ubuesques du régime algérien que par la pression croissante des milieux d’affaires et des milieux politiques français, qui peinent à déceler la moindre logique dans cette approche française sur le Maghreb.

Les nouvelles réalités politiques imposent à la diplomatie française une nouvelle approche qui commence par reconnaître modestement que le pari algérien d’Emmanuel Macron s’est fracassé devant la gestion par l’humeur, le chantage du régime en place à Alger.

Les postures de ce régime accusé de vivre sur une rente mémorielle, vient de vider de toute leur substance et leur pertinence les choix français au Maghreb. La balle est donc dans le camp de l’Elysée pour constater l’échec avec l’Algérie et tenter de ré-dynamiser l’axe Paris/Rabat, indispensable à tous les équilibres et la stabilité dans la région.

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