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L’UNEM, de l’interdiction à l’arrivée des islamistes dans les universités [2/3]

En 1969, soit lors de son 13ème congrès, l’Union nationale des étudiants du Maroc (UNEM) est marquée par l’arrivée des étudiants gauchistes, en particulier ceux des Organisations A et B, qui donneront par la suite la naissance au Mouvement «Ila Al Amam» et celui du «23 mars». Ceux-ci contestent le pouvoir des étudiants socialistes et leur emprise sur l’UNEM.

L’organisation estudiantine connaitra aussi la naissance du mouvement marxiste-léniniste au Maroc vers 1970. C’est durant cette période que se dessinera les traits d’un nouveau courant radical au sein de l’université marocaine : Le Front uni pour les étudiants progressistes, comme le rapporte le chercheur marocain Abdelali Essaghiri

Et bien qu’il échouera à contrôler l’UNEM lors du 14ème congrès tenu en décembre 1970, le nouveau courant marxiste-léniniste parvient dès le 15ème congrès d’août 1972 à élire à la présidence de l’organisation, un membre d’Ila Al Amam : Abdelaziz Menebhi. Face à cette arrivée, les étudiants ittihadis annonceront leur retrait.

Parallèlement, les membres de l’organisation Ila Al Amam publieront leur premier communiqué, décidant ainsi de sortir de l’ombre. Dès la fin de l’année 1972, répression, arrestations et marginalisation des militants de cette organisation est au menu. Les foudres du régime finiront par toucher l’UNEM. Le 24 janvier 1973, l’organisation estudiantine est interdite par les autorités suite au bras de fer entre le pouvoir et les étudiants progressistes.

De la levée de l’interdiction au 17ème congrès de l’UNEM

Dès novembre 1974, les arrestations dans les rangs des étudiants et militants se poursuivent, comme Abdellatif Zeroual, qui décèdera après avoir été torturé à Derb Moulay Chérif et d’autres. Mais les masses étudiantes continueront à lutter pour établir les principes de l’organisation en matière de libération des détenus et la levée de l’interdiction.

Le 25 février 1975, un dahir pour l’organisation des universités est publié et sera suivi d’une décision du ministère de l’enseignement supérieur du 12 août 1976, imposant des «coopératives administratives» pour la représentation des étudiants. Une «réforme universitaire» qui sera largement dénoncée par les étudiants, surtout ceux de l’UNEM. «Les réformes destructives de 76 et 77 seront dénoncées par les étudiants et suite à cela, le mouvement estudiantin parviendra à tenir à la tête au régime. Ce dernier finira par relancer sa campagne répressive contre les étudiants, notamment parmi le groupe des 139», raconte l’ex-détenu politique Tarik Berahou.

Cette étape sera toutefois couronnée de succès, puisque le président du 15ème congrès, Abdelaziz Menebhi et son vice-président, Abdelouahed Belkébir, seront libérés en 1976. Seulement, certains étudiants affirmeront qu’il s’agit d’un cadeau empoisonné du régime.

Le 9 novembre 1978, l’interdiction de l’UNEM est levée. Le 16ème congrès est alors organisé entre le 31 août et le 6 septembre à Rabat où Mohamed Boubekri est élu président. Les étudiants d’Annahj démocratique, les étudiants bassistes et les étudiants progressistes seront alors écartés de la direction de l’UNEM. Un éloignement temporaire puisqu’ils reviendront en force, dès le 17ème congrès organisé à l’Ecole Mohammedia des ingénieurs à Rabat du 22 août au 6 septembre 1981.

«Après les résultats désastreux de l’échec du 17ème Congrès sur le mouvement estudiantin, le régime exploitera cette situation pour attaquer le mouvement afin de l’éradiquer», raconte Abdelmoumen Chbari, un étudiant bassiste cité par Abdelali Essaghiri.

De l’échec du 17ème congrès à l’arrivée des islamistes

Ainsi, les congressistes ne parviendront pas à choisir une nouvelle direction. Le courant des étudiants ittihadis seraient aussi l’une des raisons de l’échec de ce rendez-vous puisqu’ils se retireront du congrès après quatre jours. «La véritable raison de ce retrait est que ce courant n’a pas été dominant», explique Tarik Berahou. Même ceux du Progrès et du socialisme se retireront officieusement du congrès. Ce dernier est conclu avec l’espoir de tenir un congrès extraordinaire pour parvenir à un consensus.

L’Etat profitera du vide laissé par l’UNEM entre 1981 et 1988 pour instaurer un contrôle sur les milieux universitaires et la «militarisation» de l’Ecole Mohammedia des ingénieurs. Face à ce constat, le reste des courants au sein de l’organisation estudiantine tentera, chacun de son côté, de proposer des projets de réorganisations de l’UNEM. Finalement, ce sont les comités de transition qui seront adoptés par les étudiants bassistes. Dès 1989, le décès d’Abdelhak Chabada, un étudiant bassiste en détention suite à une grève de la faim déclenchera de nouvelles manifestations estudiantines.

Une mobilisation face à laquelle l’ex-ministre de l’Intérieur, Driss Basri déclarera que l’Etat n’a rien à voir avec la crise que connait l’UNEM mais plutôt les contradictions entre les différents courants, rapporte Abdelali Essaghiri. 

Mais il semblerait que l’UNEM se préparait seulement à aborder une nouvelle étape de son existence, surtout avec l’arrivée du courant amazigh et des islamistes au sein des universités. Une phase qui commencera dès mars 1991 avec l’arrivée du courant d’Al Adl Wal Ihsane, puis celle en février 1993 des étudiants tajdidis qui deviendra «Organisation du renouveau estudiantin».


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