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Macron fait des cadeaux à l’extrême droite

Emmanuel Macron sent son second mandat se dérober sous ses pieds. C’est cette phrase qui résume avec acuité la situation politique du président de la république au lendemain du vote de la loi sur l’immigration. Ce texte voté à coups de grandes concessions faites à l’extrême droite, Emmanuel Macron n’incarne plus ce prétendu rempart républicain contre la possible victoire de Marine Le Pen. L’impression est lourdement installée qu’il valide ses thèses extrémistes et leur donne une dangereuse normalité.

D’ailleurs, la presse ne s’était pas trompée. Commentant le crash qu’avait connu la loi sur l’immigration à l’Assemblée Nationale, elle y a vu l’échec définitif de la politique du « En même temps », une marque de fabrique qui avait fait la fortune d’Emmanuel Macron.

Le président ne pouvait parler et séduire à la fois la gauche et la droite sans courir le risque de confronter une impasse. Elle fut présente sur de nombreuses thématiques, mais le fameux article de la constitution 49.3 avait camouflé ses limites tout en montrant la criante absence de majorité.

Pour bien saisir l’importance de l’échec du gouvernement à discuter et à adopter la loi sur l’immigration, il faut rappeler deux éléments essentiels qui furent à l’origine de l’élaboration de cette loi supplémentaire qui est venue s’ajouter à un arsenal juridique déjà bien fourni.

Le premier est que le président Macron avait proposé cette démarche aux Français comme une réponse à leurs angoisses sécuritaires. Les récents attentats terroristes qui avaient ensanglanté la France furent presque tous commis par des jeunes immigrés ou issus de l’immigration. Ce qui avait permis à l’opposition de la droite et de l’extrême droite de lier directement immigration et terrorisme. Proposer une loi encore plus dure qui gère avec davantage de restrictions la question migratoire, était présentée comme une thérapie sécuritaire destinée à rassurer les Français, inquiets de la dégradation de leur situation sécuritaire.

Le second élément qui avait motivé cette importance politique majeure accordée à la question migratoire est la course-poursuite politique entamée par Emmanuel Macron pour barrer la route à la floraison de l’extrême droite animée par le trio Marine Le Pen, Marion Maréchal et Éric Zemmour. Cette extrême droite a vu récemment ses scores s’envoler et son indice de crédibilité s’installer auprès des Français au point de faire entrer un groupe massif de députés à l’Assemblée Nationale et d’accréditer l’idée d’une possible victoire de Marine Le Pen lors des présidentielles de 2027, Macron, de par la constitution, ne pouvant pas prétendre, à un 3è mandat.

Lorsqu’Emmanuel Macron avait fait le choix stratégique de concentrer l’attention de son gouvernement sur cette crise migratoire, le but assumé était de ne pas laisser à l’extrême droite le monopole d’évoquer les angoisses sécuritaires des Français. D’où le choix de confier cette mission à Gérald Darmanin, ministre de l’intérieur. Un homme issu des rangs des Républicains, dont le mimétisme rappelle jusqu’à dans ses tics et ses réflexes, la personnalité de Nicolas Sarkozy, mais dont la mission est de parler souvent cash pour ne pas laisser à l’extrême droite l’exclusivité de la revendication sécuritaire.

Avec cet échec de la loi sur l’immigration, Emmanuel Macron vit une lourde séquence politique. Le Palais de l’Élysée avait fait savoir qu’en cas de refus de cette loi, même en recourant à la commission mixte paritaire, le gouvernement ne fera pas appel à l’arsenal d’exception qu’est le 49.3, et que cette loi est menacée de retrait pure et simple. Cette séquence incarne aussi un mandat à bout de souffle alors qu’il n’a même pas entamé sa deuxième année.

Récemment, la presse française s’est faite l’écho de cette atmosphère de fin de règne qui caractérise la situation en France alors qu’il reste encore trois ans et demi avant le prochain scrutin présidentiel.

Et toute la question qui hante les différents cénacles politiques est la suivante: Que pourra faire Emmanuel Macron pour donner une nouvelle dynamique à son second mandat? Une dissolution de l’assemblée et de nouvelles élections législatives à la recherche d’une hypothétique majorité absolue? Un changement de premier ministre ? Mais qui pour remplacer Elisabeth Borne et qui pourrait faire mieux qu’elle dans les mêmes conditions politiques.

Avant même la mésaventure de cette loi sur l’immigration au parlement, Emmanuel Macron avait promis aux Français un grand rendez-vous politique, une forme de retrouvailles début janvier de l’année prochaine. Cette annonce avait été comprise à l’époque comme une décision de changer le locataire de Matignon.

Ironie de l’historie! Si Gérald Darmanin avait réussi à arracher une majorité parlementaire à sa loi sur l’immigration, il aurait été le candidat naturel pour succéder à Elisabeth Borne. Or son échec maintient le flou et la confusion politique générale et réduit la marge de manœuvres d’Emmanuel Macron. Que peut encore faire le président français pour surprendre et créer la pulsion nécessaire pour redonner à son mandat un grand lustre plutôt que de sombrer dans la routine et l’interminable attente de la fin de mandat ?

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