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Mohamed Amine El Korchi, virtuose du qanun entre le Maroc et la Belgique

En juillet dernier, Mohamed Amine El Korchi a reçu le Prix d’honneur avec mention au Conservatoire national de Rabat. Premier MRE né à l’étranger à avoir cette distinction, le jeune prodige du qanun a déjà confirmé son talent précoce, en obtenant le Premier prix au Conservatoire de Fès, en 2021 sous la direction de Mohamed Briouel, ainsi que le Prix de perfectionnement en 2022, au Conservatoire de Rabat. Bien qu’il soit né à Bruxelles où il a suivi tout son cursus éducatif et artistique, Mohamed Amine se rend au Maroc «au moins deux à trois fois par an», notamment au Conservatoire de Fès. «C’est une fierté personnelle d’être distingué dans mon pays d’origine. Cela me motive encore plus à continuer à m’améliorer, pour donner toujours le meilleur de moi-même», nous a déclaré l’instrumentiste.

D’un père originaire de Fès et d’une mère native de Rabat, Mohamed Amine s’est initié à la musique auprès de son aïeux, qui maîtrise le luth. «Quand j’étais petit, je le voyais toujours s’exercer sur son instrument. Il me laissait aussi m’y essayer», se rappelle le jeune virtuose auprès de Yabiladi. «Il nous a soutenus également pour intégrer l’Académie de Molenbeek, puis celle de Berchem-Sainte-Agathe, mes deux grandes sœurs et moi», ajoute-t-il.

C’est ainsi que dès l’âge de dix ans, Mohamed Amine suit son parcours dans la formation classique avec ses sœurs, qui font respectivement du piano et de la guitare. L’une d’elles s’initie également au qanun, qu’elle joue avec son frère. Plusieurs de ses cousins et cousines ont suivi aussi un parcours musical dans différentes académies en Belgique, pour maîtriser le piano, la clarinette et la flute, le violon ou encore la batterie.

Après deux ans de violon, Mohamed Amine enchaîne cinq ans d’apprentissage du piano. C’est durant cette période qu’il s’émerveille à sa découverte du qanun, notamment avec sa sœur, d’où l’idée de former plus tard l’Ensemble El Korchi. «C’est grâce à mon père aussi que j’ai découvert cet instrument, que je n’ai cependant pas appris à maîtriser à l’Académie», nous déclare le musicien.

Un apprentissage auprès des virtuoses du qanun

Mohamed Amine El Korchi apprend le qanun grâce au professeur de sa grande sœur, le musicien irakien Souhad Najem, qui lui a donné des cours privés pendant quatre ans. «Il a été pour moi un très bon enseignant, qui m’a rapidement poussé à apprendre vite, au point d’avoir un niveau que je n’aurais pas pu acquérir ailleurs, sur la même durée», indique-t-il. Après quoi, le jeune artiste suit des cours par visioconférence avec son deuxième professeur, Khalid Mohamed Ali, basé à Dubaï. Il fait la connaissance du musicien marocain Mohamed Briouel, avec qui il collabore dans le cadre d’un concert. «Il m’a proposé ensuite de venir au conservatoire de Fès pour passer les examens de la huitième et de la neuvième année», se rappelle encore le virtuose.

Après avoir été l’élève de Khalid Mohamed Ali, Mohamed Amine El Korchi montera sur scène avec son ancien professeur, le 7 octobre prochain au Bozar de Bruxelles.

«Ce sera un spectacle très particulier. Je suis content de retrouver Khalid Mohamed Ali, après qu’il a longtemps été une source d’inspiration pour moi. Tout son travail rejoint ce que j’espère vraiment pouvoir faire. Il compose énormément et les trois quarts de ses performances publiques sont issues de ses propres compositions. Ses morceaux sont magiques et pour ce concert, il m’a dit de jouer l’une de mes propres compositions. J’en suis très touché et je pense que ce sera un moment très fort.»

Mohamed Amine El Korchi

Il y a déjà deux ans, Mohamed Amine a en effet commencé à écrire ses propres compositions de qanun. «Avancer justement sur mes titres composés par moi-même est mon objectif d’ici l’année prochaine. J’aspire à m’inscrire dans une certaine régularité par rapport à cela», nous confie encore le musicien.

L’artiste a déjà donné des concerts sur plusieurs scènes en Belgique, mais aussi aux Pays-Bas, où il s’est produit dernièrement à Amsterdam, avec la chanteuse Sabra El Bahri-Khatri. Parallèlement, il s’attelle à traduire au qanun le registre du luthiste marocain feu Saïd Chraibi.

«Avec Khalid Mohamed Ali, c’est une grande figure artistique qui m’inspire considérablement, surtout qu’il a fait beaucoup de compositions aussi. J’aime ses morceaux qui sont très complexes, à tel point que reprendre chacun d’eux est un nouveau défi. D’ailleurs, très peu d’instrumentistes jouent ses compositions. Au qanun, certains ont repris ses morceaux les plus connus, mais je n’en ai pas encore entendu parmi ses compositions les plus complexes.»

Mohamed Amine El Korchi

Traduire les compositions complexes de Saïd Chraibi au qanun

En contact permanent avec l’entourage de l’artiste défunt, Mohamed Amine sollicite souvent l’arrangeur de Saïd Chraibi, Karim Slaoui. «Il m’aide beaucoup quand je travaille les morceaux de feu Chraibi et j’apprécie énormément notre collaboration, surtout que j’ai grandi avec cette musique. A la maison, mon père a souvent écouté Chraibi et j’ai toujours trouvé que c’étaient de belles mélodies. J’ai commencé ainsi à jouer le morceau préféré de mon père, puis j’ai commencé à m’y intéresser par moi-même», se rappelle le jeune virtuose.

«Son fils, Hamza Chraibi, est aussi un grand ami de la famille. Nous partageons notre passion pour la musique et nous avons déjà joué sur scène tous les deux, à Casablanca», se rappelle encore Mohamed Amine El Korchi. Etant donné que son père a eu un rôle central dans son évolution artistique, l’instrumentiste confie à notre rédaction son vœu de se produire publiquement avec lui.

«Mon père n’aime pas beaucoup être sur scène, mais j’espère et j’aimerais vraiment me produire un jour avec lui et ma sœur, qui fait aussi du qanun, s’il veut être avec moi en guest star pour un dernier morceau qui clôturerait un spectacle en beauté. Ce n’est pas encore au programme, mais c’est une très bonne idée et ce sera surtout très joyeux.»

Mohamed Amine El Korchi

Mohamed Amine El Korchi envisage aussi donner des concerts au Maroc, où il s’est déjà produit, notamment au Théâtre national Mohammed V. «J’admire nos musiciens dans le pays, ils sont très talentueux. Beaucoup parmi eux m’ont été d’une grande aide, durant mes différentes étapes d’apprentissage et vu que j’apprends toujours, ils me sont encore d’un important soutien. Je compte bien me produite avec eux, à l’avenir. C’est toujours une grande joie pour moi de retourner aux sources», nous confie-t-il.


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