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Quand les réseaux sociaux prennent parti

Depuis le déclenchement des actions militaires israéliennes en réponse à l’opération connue sous le nom de « Toufane d’Al-Aqsa« , de nombreux Marocains ont éprouvé des difficultés pour exprimer leur solidarité envers la Palestine.

Cette situation a contribué à une réduction notable de la proportion de contenus dénonçant les opérations qualifiées de « génocide » menées par l’armée israélienne à Gaza, des opérations qui ont été largement qualifiées de « cruelles » et « barbares » par de nombreuses voix à travers le monde, les considérant comme des crimes de guerre.

De nombreux Marocains ont soulevé à plusieurs reprises des préoccupations concernant la censure de leurs publications sur diverses plateformes de médias sociaux, notamment Instagram, X, et Facebook. Cette censure a amené beaucoup à percevoir une préférence manifeste de la part de ces entreprises en faveur du récit israélien, qu’ils estiment être en conflit ouvert avec le récit palestinien.

Cependant, il est important de noter que certaines voix ont souligné que ces plateformes sont soumises à des normes strictes, et leur action ne signifie pas nécessairement un parti pris. Ces normes sont conçues pour maintenir un équilibre entre la liberté d’expression et la prévention de la diffusion de discours de haine et d’incitations à la violence, conformément à la législation en vigueur dans le monde occidental, y compris l’Union européenne.

Najib El Mokhtari, un spécialiste des systèmes numériques, a mis en évidence le pouvoir moral considérable que détiennent désormais les réseaux sociaux, leur permettant de jouer un rôle dans les conflits mondiaux. Il a souligné que ces entreprises sont de nature américaine et sont donc influencées par les lois et les perspectives occidentales, ce qui peut parfois entrer en conflit avec la liberté d’expression et la diversité d’opinions.

Il a également noté la présence de défenseurs du récit occidental au sein des équipes de modération de ces plateformes, ce qui a soulevé des questions sur la légitimité éthique de ces entreprises pour contrôler la manière dont les individus interagissent dans le monde entier, y compris en promouvant certains récits aux dépens d’autres, pour des raisons publicitaires et stratégiques.

Lahcen Bouhamou, chercheur en sciences politiques et expert des systèmes numériques, a déploré la restriction de la liberté d’expression des Marocains et d’autres individus sur les médias sociaux, tant que leurs publications ne contiennent pas d’appel à la violence ou de discours haineux. Il a affirmé que cette restriction constitue une tentative de dévier les plateformes de leur origine, qui reposait sur la libre expression d’opinions diverses.

Il a souligné le droit des Marocains à contester cette politique perçue comme injuste, car elle cherche à imposer une version préconçue de la « vérité » pour influencer les opinions. Bouhamou a plaidé pour que Facebook mette en avant ses capacités pour aider à résoudre les conflits plutôt que d’attiser les tensions entre les peuples qui soutiennent une cause ou une croyance donnée. Il a souligné l’importance de concentrer les efforts sur la résolution des crises mondiales, qu’elles soient de nature militaire ou numérique, afin de permettre aux populations de vivre en paix, car ces conflits sont préjudiciables aux nobles objectifs que l’humanité cherche à atteindre.

Le chercheur a conclu en rappelant que la protestation, la condamnation et la dénonciation devaient respecter certaines normes et conditions, soulignant que tout écart par rapport à ces normes constituerait une atteinte à la liberté d’expression. En fin de compte, il a suggéré qu’il était possible d’exercer ce droit tout en évitant de s’engager dans des conflits avec les politiques des plateformes, étant donné que celles-ci ont tendance à pencher automatiquement du côté de certaines positions, suscitant des inquiétudes quant aux idéaux sur lesquels l’Occident a été bâti.

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