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Séisme d’Al Haouz entre l’inaptitude sismique et la force des secousses

Après le terrible séisme d’Al Haouz, le Maroc est accusé d’une inaptitude sismique et d’une sismicité historique vulnérable. Cependant, « un séisme de magnitude de 7 sur l’échelle de Richter ne passe pas inaperçu », juge Youssef Guerraoui Filali, directeur du centre marocain de gouvernance et de management (CMGM). 

Personne ne meurt d’un séisme, mais de l’effondrement des bâtiments qu’il provoque. Le Maroc ne cesse de compter ses morts, la barre a dépassé les 3.000 personnes, un chiffre douloureux.

Face à ce nombre qui ne fait qu’accroître, certains experts dirigent les doigts d’accusation vers « la qualité médiocre des bâtiments marocains ». Selon eux, le Royaume ne dispose pas d’une aptitude sismique qui va atténuer les dégâts, au contraire.

Histoire sismique

L’histoire le confirme, ce terrible séisme éveille la mémoire des Marocains. Le séisme d’Agadir qui a détruit 75 % de la ville côtière prisée des touristes et a fait entre 12.000 et 15.000 morts, 25.000 blessés, le plus lourd bilan jamais enregistré au Maroc pour un séisme.

Au Maroc, où l’activité sismique est relativement modérée, la vulnérabilité des constructions, ce talon d’Achille, a déjà causé des dégâts majeurs lors de séismes.

Youssef Guerraoui Filali, directeur du (CMGM), estime qu’un fort séisme qui a atteint une magnitude de 7 sur l’échelle de Richter ne passe, certainement, pas inaperçu. « On ne peut guère juger le Maroc comme étant un pays qui a une inaptitude sismique vu que ce séisme est très fort », a-t-il déclaré à Hespress Fr.

Ce tremblement de terre a frappé une zone montagneuse et rurale où il y a des activités agricoles éparpillées et des douars très éloignés les uns des autres, tous les ingrédients d’un film d’horreur que le Maroc vit depuis vendredi dernier.

Les routes demeurent dans un état lamentable, chose qui entrave l’arrivée des secours et les interventions internationales, juge l’expert, confirmant que malgré les efforts inlassables des autorités compétentes certains cadavres sont toujours sous les décombres.

Selon lui, ce drame laissera derrière des séquelles diverses, les rescapés vivent avec la douleur de la perte dans des conditions pénibles en attente d’un demain meilleur.

Vaut mieux prévenir que compter ses morts, les autorités sont appelées à instaurer un système de prévention pour éviter une telle tragédie dans l’avenir. Il faut utiliser la technique du chaînage, le défi actuel est de garder cette architecture adaptée qui a fait ses preuves, avec ces matériaux locaux pendant des millénaires, tout en les rendant plus résistants aux secousses.

L’impact économique est aussi grave

« Pour l’impact financier, aussi grave qu’humain, il y’a quelques évaluations qui commencent à révéler qu’à peu près de 8% de PIB, il y’a d’autres qui estiment seulement 2% de PIB, qui sera impacté. On ne peut toujours pas donner un chiffre précis », souligne le spécialiste.

Pour une évaluation économique, dans ce cas, elle doit faire inclure la province d’Al Haouz et tout le pourtour de Marrakech et de Taroudant, il faut qu’il ait une évaluation au niveau des deux régions.

Pour le spécialiste, l’opération d’indemnisation annoncée par le gouvernement doit être aussi incluse dans cette évaluation. Grâce à cette opération, les experts peuvent évaluer aussi les budgets qui vont être mis en place pour dédommager les gens qui vont procéder à la reconstruction dans le cadre d’un programme de ré urbanisation.

« Malheureusement, le secteur touristique ne sera pas épargné par cette crise. On peut ressentir l’impact, dès maintenant, sur les entreprises touristiques et les hôtels qui ont connu des désengagements des touristes et des gens qui ont annulé leurs réservations », se désole notre intervenant.

Il ne faut pas négliger les pertes agricoles, « il y’a des gens qui travaillent dans la microéconomie et dans le cadre de l’économie solidaire et il faut aussi évaluer leurs pertes pour pouvoir les indemniser par la suite », ajoute Youssef Filali.

C’est un travail colossal où toutes les institutions gouvernementales sont appelées à y faire partie : le Commissariat au Plan, le ministère des finances, les associations et les coopératives syndicales.

« Toutes les parties prenantes doivent œuvrer à cet exercice d’évaluation pour qu’on puisse donner un chiffre par rapport au PIB, au produit intérieur brut et à la valeur ajoutée. Le Maroc doit réagir pour sauver l’économie du pays », appelle notre interlocuteur.

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