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Une crise majeure en vue

La pénurie d’eau qui frappe Marrakech et les régions environnantes est devenue une préoccupation majeure pour les citoyens, mais aussi pour les autorités. La ville, située dans une région aride du Maroc, est confrontée à des défis croissants en matière d’approvisionnement en eau. Les ressources en eau sont devenues de plus en plus limitées, et cela a conduit à des coupures d’eau pour les habitants dans plusieurs quartiers de la cité ocre.

Les conséquences de cette pénurie d’eau sont graves. Les ménages et les entreprises sont contraints de rationner leur consommation d’eau, ce qui a un impact direct sur leur qualité de vie et leurs activités quotidiennes, les obligeant même à acheter des bouteilles et des bidons d’eau minérale malgré leur coût très élevé. Les agriculteurs sont également durement touchés, car l’irrigation des terres agricoles est limitée, entraînant une diminution des récoltes et une pression accrue sur les moyens de subsistance des populations rurales.

De plus, les puits, déjà creusés, ne donnent plus d’eau, ce qui pousse les gens à creuser encore plus profondément dans la nappe phréatique, considérée comme le stock stratégique du Maroc, selon l’écologiste Mohamed Benatta. Il explique que cette situation de pénurie et de coupures d’eau est également observée au Nord-Est du pays, dans la ville d’Oujda, où des coupures sont opérées en pleine journée et au milieu de cette canicule.

« Nous avons tiré la sonnette d’alarme à maintes reprises quant à l’exploitation excessive de nos ressources hydriques, mais en vain. Nous avons livré des recommandations pour sauver ce qui peut l’être, mais en vain ! Aujourd’hui, on nous informe de la situation des barrages, mais on néglige la situation de nos nappes phréatiques et des eaux souterraines. Or, c’est ce dont nous avons besoin. Nos nappes phréatiques sont vides, elles ont été vidées », déplore cet ingénieur agronome, et fervent défenseur de l’environnement.

A cet égard, Benata alerte sur le véritable problématique: « Lorsqu’on a un peu de pluie, les gens pensent que c’est bon, que les barrages ont été remplis, mais il ne faut pas se concentrer que sur les barrages. Il faut se concentrer sur nos nappes phréatiques, savoir si nos ressources souterraines ont été reconstituées ou pas, c’est là l’essentiel du problème dont les gens ne sont pas conscients« .

Tout en rappelant que les ressources souterraines représentent nos ressources stratégiques en eau, Benata affirme que le remplissage des barrages de manière générale est provisoire.

« À Oujda, les citoyens subissent des coupures d’eau tous les jours depuis près d’un mois, parfois à 11h du matin. Les autorités nous ont dit que le canal a été détérioré, et que la conduite qui vient de Machraâ Hamadi à Oujda s’est cassée, mais normalement, les conduites sont réparées en deux ou trois jours. Aujourd’hui, ce n’est pas ça le problème. Le problème est que les nappes ont été surexploitées à tel point que nous avons atteint un stade dangereux. Et là, le ministère de l’Équipement et de l’Eau, au lieu de nous informer sur la situation des barrages, devrait nous donner des informations sur la situation de nos nappes phréatiques et si elles ont été reconstituées ou pas. D’ailleurs, la plupart des barrages sont presque à sec« , nous explique l’expert.

Le pire, relève-t-il, c’est la volonté des agriculteurs et exportateurs de fruits et légumes d’augmenter leur production, notamment celle de l’avocat qui consomme énormément d’eau.

« Quand je vois le ministère de l’agriculture en train de créer de nouveaux périmètres irrigués en utilisant le goutte-à-goutte pour économiser l’eau, je sais que nous avons touché le fond. Le goutte-à-goutte a fait des ravages. De plus, il s’agit d’une stratégie qui n’a pas pris en considération les changements climatiques et la pénurie d’eau, en plus des pluies qui ont fortement baissé et qui continueront de baisser. Et lorsqu’on a des pluies abondantes, elles se traduisent par des inondations dont nous ne profitons pas« , analyse Benata.

En cette période de crise inquiétante qui touche notre pays, l’écologiste pointe du doigt l’exploitation continue par les hôtels et les terrains de golf de nos ressources hydriques, parfois même de l’eau potable, en toute impunité et sans aucune conscience de la situation que traverse notre pays, appelant les responsables du secteur à se pencher de manière sérieuse sur la question du stress hydrique avant qu’il ne soit trop tard.

Il convient de rappeler qu’un récent rapport du Comité spécialisé sur l’évaluation des politiques de l’eau a indiqué que le secteur agricole représente environ 87 % de la consommation totale d’eau, soit environ 9 milliards de mètres cubes par an.

Le rapport met également en évidence la perte considérable d’eau dans les réseaux de transport et de distribution, contribuant ainsi au gaspillage. Par exemple, il est estimé une perte de 120 millions de mètres cubes d’eau par an dans la zone d’action de l’Agence du bassin hydraulique du Sebou, 100 millions de mètres cubes dans la zone d’action de l’Agence du bassin hydraulique de la Moulouya, 64 millions de mètres cubes dans la zone d’action de l’Agence du bassin hydraulique de Kairouan Ziz-Gheris-Draa, et 51 millions de mètres cubes dans la zone d’action de l’Agence du bassin hydraulique de Loukkos, soulève le rapport. De plus, on souligne que 95 % des puits au Maroc sont illégaux et non autorisés.

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