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Digitalisation de l’économie : où en est le Maroc ? (VIDEO)

La digitalisation de l’économie marocaine est en marche. Elle représente désormais un axe fondamental pour la croissance nationale. Les experts de la table ronde organisée par le groupe Horizon Press se sont attelés à dresser un bilan de cette transformation tout en mettant l’accent sur les impératifs à sa réussite.

C’est dans une salle comble que s’est tenue une nouvelle table ronde, dans le cadre du cycle de conférence du Cercle des ÉCO, organisé par le Groupe Horizon Press, traitant de la thématique «Digitalisation de l’économie, état des lieux et perspectives». La digitalisation s’avère être un prérequis pour un pan entier de l’économie marocaine ainsi qu’une des priorités du Nouveau modèle de développement, qui fixe des objectifs assez importants en la matière, à atteindre d’ici 2035.

Afin d’établir un bilan de la digitalisation de l’économie, un panel d’experts dans plusieurs domaines s’est mobilisé pour répondre aux questions posées par Moulay Ahmed Belghiti, rédacteur en chef du journal Les Inspirations ÉCO. Il s’agit, en l’occurrence, de Narjis Ouedrhiri, COO délégué-membre du Comex chez Société Générale Maroc, Selma El Mansar, directrice de projet chez McKinsey & Company, Salma Karim, chef du département capital humain et innovation à l’Agence de développement du digital (ADD), Mehdi Lahlou, directeur technique et des systèmes d’information chez inwi et Rafiq El Alami, directeur du Centre d’excellence digitale à l’Université UM6P.

Une économie digitale : quèsaco ?
D’emblée, Salma Karim a planté le décor en rappelant les principes fondateurs de la transformation digitale de l’économie. Elle a, dans ce sens, rappelé les principales missions de l’ADD. L’Agence, organisme de l’État, a justement pour vocation de mettre en œuvre la stratégie nationale en termes de transformation digitale. Elle rappelle ainsi que «l’ADD œuvre de ce fait pour le compte de l’administration et du secteur privé, mais aussi pour le compte de la société, dans le but de promouvoir un écosystème digital émergent». Qui parle de transformation digitale de l’économie parle de service public de qualité et digitalisé, et aussi de citoyen averti. La transformation digitale est également un écosystème d’innovation, de startups et de recherche scientifique, couplé à un environnement académique favorable.

«C’est dans cette logique que l’ADD a été créée, pour être un catalyseur de développement des acteurs de l’économie digitale. L’Agence tend donc la main aux acteurs publics et privés, pour pouvoir mener à bien cette vision nationale de la transformation digitale, appuyée par le Nouveau modèle de développement, lequel met autant l’accent sur le facteur humain que sur la digitalisation en faveur du développement socio-économique», affirme la représentante de l’ADD. Dans le cas du secteur bancaire, Narjis Ouedrhiri assure que «plusieurs piliers sont importants pour une économie digitalisée. Il s’agit d’une économie qui est accessible partout et n’importe quand. Cette notion d’immédiateté du besoin s’appuie sur tout un socle de données clients et de données transactionnelles, typiquement dans le cas de la banque».

Les impératifs
Une économie digitalisée, selon Selma El Mansar, est une économie capable de profiter de la digitalisation dans sa globalité, qui lui permettra d’améliorer sa productivité, réduire ses coûts et accéder à d’autres marchés. La directrice de projet chez McKinsey & Company explique que «les impératifs à la digitalisation de l’économie sont, en premier lieu, une infrastructure et un accès à Internet, qui vont au-delà du haut débit, comme le digital ID ou les paiements digitalisés qui permettent de créer de la valeur».

Mehdi Lahlou confirme de son côté qu’avoir une économie digitale passe d’abord par le fait de «disposer d’une infrastructure qui peut supporter l’ensemble des flux digitaux. C’est bien entendu un réseau mobile 4G et demain 5G, un réseau fixe ADSL, ou encore un réseau FTTH (ndlr : fibre optique)». Disposer d’un écosystème d’acteurs est tout aussi important. Selma El Mansar estime que cet écosystème est encore balbutiant au Maroc, par rapport à d’autres pays africains, et n’a pas encore atteint son plein potentiel. Cependant, la tendance se ressent de plus en plus, de grands acteurs nationaux et des multinationales présentes dans le marché, ont déjà emprunté la route de la digitalisation, dans le but d’améliorer leur productivité.

«En revanche sur l’ensemble de l’économie, l’utilisateur moyen a encore besoin d’être accompagné pour prendre ce tournant du digital», poursuit la représentante de McKinsey. Justement, Mehdi Lahlou assure que l’une des clés de la réussite de la transformation digitale réside dans le fait d’avoir une maturité des usages. «Ceci passe par le taux de pénétration d’Internet. Au Maroc, ce taux dépasse les 90% alors qu’au niveau mondial, il est de 65%. Ceci passe aussi par le taux de pénétration du Mobile, qui dépasse les 130% au Maroc, bien au-dessus de la moyenne africaine et mondiale». Pour lui, le développement du digital dans le Royaume passe par une volonté affichée des pouvoirs publics. Ainsi, le digital a été inscrit comme une priorité nationale avec la création de l’ADD et souligné par les recommandations du Nouveau modèle de développement. Le volet de la sécurité dans la digitalisation de l’économie a été évoqué par Narjis Ouedrhiri comme étant un impératif, surtout dans le secteur bancaire.

La covid a propulsé la transformation des banques
Tous les panélistes se sont accordés à dire que la crise sanitaire a accéléré la transformation digitale des acteurs du marché, mais également des usages des Marocains en général. Pour le cas de la Société Générale Maroc, la banque a positionné le digital très tôt comme un axe stratégique, au cœur de sa transformation. Cette dernière a été évidemment accélérée par la crise covid. «Il a fallu se réinventer.

D’ailleurs, je salue la mobilisation dont ont fait preuve l’ensemble des autorités, pour nous accompagner à lever les obstacles et les vides réglementaires qui nous freinaient sur un certain nombre de processus, notamment l’entrée en relation avec les clients», note Narjis Ouedrhiri. La crise sanitaire a été un facteur d’accélération du processus de digitalisation du Maroc. Selon Rafiq El Alami, directeur du Centre d’excellence digitale à l’UM6P, «notre pays a gagné pratiquement 10 ans. La digitalisation était devenue un outil incontournable pour la continuité de l’activité. Elle est rapidement passée d’un luxe, dont on pouvait se passer, à une nécessité». L’université a, en effet, fait de la digitalisation un pilier stratégique depuis sa création. Ce qui lui a permis de contribuer de manière positive à la continuité de l’éducation au Maroc, et même en Afrique.

La digitalisation ouvre le champ vers de nouveaux métiers…
Dans son intervention, Rafiq El Alami a décortiqué les effets de la digitalisation sur les emplois et également sur l’évolution des métiers. «Le digital va changer plusieurs aspects dans les ressources humaines. Il faut aborder cette transformation comme étant une véritable opportunité. Dans le sens où, même si des postes seront détruits, beaucoup d’autres seront créés. Le digital permet de rehausser le niveau en termes de richesse et de qualité du contenu, notamment à travers le digital learning».

À travers cet outil, l’université a pu former plus de 230 universitaires africains et pratiquement 300 professeurs sur la méthodologie de formation en ligne. En termes de métier, la digitalisation permet de faire l’upscaling des collaborateurs, à travers un accompagnement via des programmes de formation. Ces derniers peuvent aspirer à gravir les échelons en matière de compétences et donc de revenus. La stratégie de l’UM6P place aussi l’entrepreneuriat digital parmi ses priorités. Étant une université axée sur l’innovation et la recherche, la formation qu’elle dispense assure aux étudiants plusieurs débouchés qui leur permettent d’accéder au marché de l’emploi. L’université met également l’accent sur l’entrepreneuriat. Elle inculque aussi aux étudiants cette fibre entrepreneuriale, et leur permet d’avoir les bases de la recherche et de l’innovation. Ces divers aspects permettront in fine à l’entreprise qui les emploie de se développer, tout en faisant émerger de nouvelles idées de création de startups.

Sanae Raqui / Les Inspirations ÉCO

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