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Embourbé dans le scandale des 18 crânes de harkis et de bandits, le régime algérien sombre dans le déni

Le ministre algérien des Moudjahidine a été, lundi dernier, le seul officiel à réagir au scandale des crânes restitués par la France à l’Algérie en juillet 2020. Au lieu de reconnaître que parmi ces 24 crânes, 18 sont, selon des investigations et une enquête scientifique, ceux de bandits et harkis, il a opté pour une spécialité algérienne: le déni.

Le régime algérien rumine toujours sa honte suite à la divulgation du scandale des crânes de harkis et autres bandits algériens que la France lui a restitués, en juillet 2020, et qu’il a présentés comme étant les restes mortuaires de valeureux résistants autochtones, morts en combattant l’envahisseur étranger.

 

Le 3 juillet 2020, une somptueuse cérémonie officielle présidée par le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, et le chef d’état-major de l’armée algérienne, le général Saïd Chengriha, a été organisée à l’aéroport Houari Boumédiène d’Alger pour accueillir solennellement les 24 crânes datant du XIXe siècle, dont les cercueils ont été recouverts de drapeaux algériens flambant neufs.

 

Deux jours plus tard, le 5 juillet 2020, à l’occasion de la célébration du 58e anniversaire de l’indépendance, ces 24 crânes, dont 6 seulement appartenaient à des résistants, ont été inhumés, avec tous les honneurs et hommages, au très «select» Carré des martyrs, sis au cimetière El Alia d’Alger.

 

Cependant, un historien et anthropologue algérien, Ali Farid Belkadi, dont les conclusions d’enquêtes et travaux relatifs à ces crânes algériens ont été rapportées par un site électronique algérien très peu suspect d’être anti-régime, a été le premier à dévoiler la présence avérée d’au moins deux crânes de harkis parmi les restes mortuaires restitués en 2020 à l’Algérie. 

 

Ali Farid Belkadi, un expert membre de commission franco-algérienne chargée d’identifier les restes d’Algériens conservés en France, donne même les noms ainsi que les numéros d’enregistrement au Musée de l’homme à Paris des deux Harkis, qu’il qualifie de «deux tirailleurs, mercenaires indigènes opposés au mouvement national», et qui ont eu droit à tous les honneurs à Alger. 

 

Mais ce sont surtout les investigations menées par le New York Times,  dont les résultats fracassants ont été publiés le 17 octobre courant, qui ont donné à cette affaire l’ampleur d’un scandale d’Etat.

 

«Des documents du Musée de l’homme et du gouvernement français, récemment obtenus par le New York Times, montrent que si six des 24 crânes restitués étaient clairement identifiés comme étant ceux de résistants, les autres ne l’étaient pas ou étaient d’origine incertaine… Aucun des deux gouvernements (français et algérien, Ndlr) n’a publiquement reconnu ces faits, car leur seul objectif est de tirer un avantage diplomatique de cette restitution», écrit le New York Times.

 

Interrogée par le quotidien américain, Christine Lefèvre, haut responsable du Musée de l’homme où se trouvaient les crânes restitués, a déclaré qu’«il y a des enjeux politiques» derrière cette restitution «bâclée». Concernant l’identification des 24 crânes, elle a reconnu qu’«il est clair qu’ils ne sont pas tous des combattants».

 

Sachant que «celui qui ne dit rien consent», le ministre des Moudjahidine, Laïd Rebiga, a fini par sortir de son long mutisme gêné, lundi dernier, pour démentir les faits révélés par le journal américain.

 

Selon les propos de Rebiga, tels que rapportés par un média algérien, «les résistants ont été identifiés clairement, d’une manière scientifique et suivant les normes mondiales dans le domaine. L’opération d’identification s’est faite bien avant la restitution des crânes à l’Algérie».

 

Sans préciser ce qu’est cette «manière scientifique» qui contredirait les révélations du New York Times, le ministre des Moudjahidine n’a trouvé d’autre échappatoire que celle de considérer que cette affaire de faux crânes de résistants relève d’un «acharnement médiatique» ciblant l’Algérie.

 

«C’est l’Algérie qui est ciblée par cette campagne médiatique mensongère. Nous allons dévoiler plus de détails concernant cette affaire prochainement», a-t-il promis, en renvoyant lesdits «détails» aux calendes grecques.

 

Laid Rebiga a fait ces déclarations, lundi dernier à Oran, à l’occasion d’un colloque sur le thème de «L’Algérie dans le monde arabe, la profondeur de l’histoire, les enjeux du présent et les perspectives de l’avenir». Fait troublant, l’agence officielle de presse algérienne APS a fait largement état de l’intervention du ministre des Moudjahidine devant ce colloque, mais a complètement zappé son déni sur les crânes de faux résistants.   

 

C’est que ce scandale d’Etat est extrêmement embarrassant pour le régime algérien qui ne peut pas enterrer cette affaire sans exhumer les restes mortuaires des victimes inhumées à côté de leurs bourreaux. Tôt ou tard, il va bien falloir exhumer les ossements et isoler les crânes des six résistants de ceux des harkis et des bandits… Il va surtout falloir expliquer aux Algériens pourquoi la junte est tellement crédule, et si congénitalement incompétente.

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