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Agriculture : La formation comme clé de voûte

Un webinaire organisé par OCP en décrypte les défis

Réussir à surmonter les défis majeurs qu’impose l’époque actuelle pour l’agriculture repose sur le renforcement de la formation dans le secteur. Pour en décrypter les enjeux, OCP a organisé le 27 septembre 2022 la 6ème édition du webinaire «Trait d’Union» sous le thème «La formation agricole: quel modèle face aux enjeux climatiques et alimentaires ?». Ce cycle de rencontres qui se focalise sur l’axe de coopération entre l’Europe et l’Afrique traite des grandes thématiques autour du monde agricole et de la transition climatique. En effet, les profondes transformations de l’agriculture posent la question de l’adaptation de la formation des futures générations d’agriculteurs.

Dans ce sens, la transformation agricole nécessite des compétences et des connaissances à même de relever les challenges de la sécurité alimentaire. En Europe par exemple, seuls 8,5% d’agriculteurs européens en moyenne (une génération assez vieillissante) ont reçu une formation agricole complète et 70% n’ont eu qu’une expérience pratique individuelle basée sur un apprentissage par leurs propres moyens, selon une note du Parlement européen. Parallèlement en Afrique où l’agriculture contribue à 32% du PIB et emploie plus de la moitié de la population active, seuls 2% des étudiants du continent se spécialisent dans les filières agricoles. «Le métier d’agriculteur en Europe et en particulier en France est en train de changer assez vite et il va encore plus changer dans les années qui viennent», explique Jean-Marie Seronie, consultant agroéconomiste et membre de l’Académie d’agriculture de France. Il a mis l’accent sur l’avenir de l’agriculture qui se basera de plus en plus sur le cycle du vivant pour atteindre les objectifs de la neutralité carbone. Pour lui, tout cela nécessite à la fois des compétences plus larges, des compétences commerciales, des compétences zootechniques, des compétences agronomiques et en même temps un savoir-être différent.

De son côté Anastasia Boucheron, directrice des affaires sociales de l’Association nationale des industries agroalimentaires (ANIA), a déclaré : «On crée de nouveaux métiers pour répondre aux nouveaux besoins, pour répondre aux transitions environnementales, climatiques, technologiques et numériques qui doivent être prises en main par les industries agroalimentaires afin de modifier leur process de fabrication, pour proposer une alimentation plus sûre, plus saine, plus durable et surtout plus accessible à tous», ajoutant qu’en même temps les métiers existants ne sont pas voués à disparaître mais à évoluer en fonction de la prise en compte de ces nouveaux enjeux. «Pour porter ces évolutions on a besoin de jeunes qui s’intéressent à cette industrie», souligne-t-elle. En termes de chiffres, l’experte rappelle que le secteur agroalimentaire en France compte près de 16.400 entreprises dont 98% sont des TPE/PME. 70% de la production agricole est transformée par l’industrie agroalimentaire et 80% des produits consommés en France sont fabriqués en France. Pour sa part Bruno Gerard, Professor and Agrobioscience lead à l’Université Mohammed VI Polytechnique, «il n’y a pas assez de cadres qui travaillent dans l’agriculture en Afrique. Les formations sont là mais elles sont à améliorer».

Il met en exergue les moteurs de changements importants comme le changement climatique et la croissance démographique. Pour lui, l’agriculture en Afrique reste une petite agriculture, à savoir une agriculture de subsistance. «Le défi de l’Afrique c’est de produire plus et de produire mieux, de garantir sa sécurité alimentaire mais également de développer des secteurs qui pourront absorber un nombre important de jeunes». Il a mis en avant le rôle du numérique et des soft skills dans le développement du secteur sur le continent. Selon lui, la formation devrait être mise dans le contexte et refléter ces nouveaux besoins.

Quant à Pierre Blaise Ango, président du réseau FAR, il explique : «On est dans un contexte où il y a des tendances démographiques très lourdes avec une urbanisation galopante, du coup l’exode rural amène les jeunes vers les villes où ils se retrouvent dans le sous-emploi».
Pour lui, il faut pousser les jeunes à s’intéresser aux métiers agricoles pour impulser le développement économique du continent, à travers des formations plus adaptées et agiles.


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