Art & CultureAujourd'hui le Maroc

Des œuvres majeures de Farid Belkahia seront à l’honneur – Aujourd’hui le Maroc

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«Farid Belkahia, A l’épreuve du temps», tel est l’intitulé de l’exposition en hommage à Farid Belkahia au Palace Es Saâdi à Marrakech. Elle couvre un large pan de la carrière de l’artiste.

Le Palace Es Saâdi à Marrakech célèbre l’illustre Farid Belkahia. Il lui consacre une exposition rétrospective intitulée « Farid Belkahia, A l’épreuve du temps ». Prévue à partir du 12 octobre, cette exposition réunit plus d’une vingtaine d’œuvres essentielles de cette grande figure de l’art contemporain. Elle témoigne en effet d’une amitié et d’une fascination mutuelles qui continuent de lier un artiste habité par la certitude de ses démarches, à la famille Bauchet-Bouhlal, propriétaire de Es Saâdi Marrakech Resort. «Il est des personnalités si fortes qu’elles vous marquent à tout jamais. Farid Belkahia en est l’exemple éclatant et je tiens aujourd’hui à lui rendre un hommage particulier. Il était irrésistible, mû par l’ambition très forte d’arrimer la scène artistique marocaine à la scène artistique mondiale tout en préservant et valorisant les singularités propres à la culture du Maroc : la tradition représentait l’avenir et l’ouverture vers un champ de possibles artistiques infinis», atteste à ce sujet Elisabeth Bauchet-Bouhlal. Et d’ajouter : «Au début des années 1970, ce discours étonnait beaucoup, car les amateurs d’art de l’époque étaient encore peu au fait des idéologies artistiques. Aujourd’hui, riche de tant de souvenirs exceptionnels, il m’a semblé nécessaire de lui rendre un hommage personnel».

Des œuvres sur cuivre à celles sur peau crue et sur papier
Commissariée par Hicham Daoudi, cette exposition rétrospective met en lumière le rôle prépondérant de Farid Belkahia, aux côtés d’autres compagnons de route, à ouvrir l’art marocain au monde et inscrire la tradition dans le «futur de l’homme». «De l’expressionnisme à l’abandon du chevalet, de ses œuvres sur cuivre à celles sur peau crue et sur papier, l’exposition couvre un large pan de la carrière de l’artiste», explique Hicham Daoudi.
Il faut dire que l’exposition met en lumière la période expressionniste de l’artiste. Elle est représentée par des compositions de 1961 et de 1962 où, à Prague, Farid Belkahia peint la condition de l’Homme, ses afflictions, sa douleur, ainsi que la violence négatrice des idéologies et leurs bifurcations mortifères.
De retour au Maroc en 1962, Belkahia prend la direction de l’École des Beaux-Arts de Casablanca. Se ressent alors une volonté de rupture avec l’art occidental. Dès 1963, il abandonne la peinture de chevalet et, partant, la vision picturale académique pour se rapprocher du geste des artisans. À la toile, allait dans un premier temps se substituer le cuivre, métal âpre et malléable auquel il livrera un long corps-à-corps, jusqu’en 1974. Plusieurs œuvres exposées sont nées de cette intense phase de recherche.
À partir de 1974, l’artiste adopte la peau crue, dont la composition biologique lui édicte de nombreuses contraintes d’exécution et de choix chromatiques. Il privilégie alors les colorants naturels tels que le henné, le safran et l’écorce de grenade, ainsi que les teintures minérales. Apparaissent progressivement dans son œuvre un inventaire de symboles, de pictogrammes et de signes graphiques amazighs, arabes, africains, sahariens, islamiques, ainsi qu’un glossaire de formes géométriques universelles ou inspirées des arts et de la pratique ornementale traditionnels.
«Au cours de ces années, Farid Belkahia se constitue un conséquent alphabet personnel. Les thèmes se font plus vernaculaires et à ce titre porteurs d’un postulat d’universalité. Car, s’il se montre soucieux de la préservation de la culture et de la tradition, Farid Belkahia pense cependant que recoudre la trame de l’histoire ne vise pas à ériger le passé en instance d’immobilité. La tradition est considérée comme interface d’enracinement et de projection, génératrice d’apport pour le présent et l’avenir», note le commissaire de l’exposition.
L’exposition donne à voir par ailleurs plusieurs travaux graphiques dont ceux de la série «Aube», réalisés pour accompagner un recueil du poète Mostafa Nissaboury. Ainsi, de thème en thème, son œuvre sera rythmée par une série de questionnements s’articulant tous, d’une manière ou d’une autre, autour de la mémoire. Il recourra à la symbolique universelle des formes et explorera de manière minutieuse et constante les enjeux de la tradition, notamment dans son rapport à la modernité. Il exaltera le désir d’une fusion avec les éléments à travers une longue traversée de la matière, au détour de matériaux comme le cuivre et la peau crue ou le parchemin. Il célèbrera des villes comme Jérusalem, Baghdad ou Marrakech, pour leur dimension sacrée ou historique. Il rendra hommage à de nombreux poètes et grands amoureux des voyages, il consacrera plusieurs travaux à Ibn Battouta ou au Sharif al-Idrissi.

C’est le titre de la boite

Célébré partout dans le monde
Biographie : Né à Marrakech le 15 novembre 1934, Farid Belkahia est honoré au Maroc et à l’international pour son apport à la scène plastique nationale. Son travail a été exposé à l’Institut du monde arabe (IMA) dès 2005, et a, à cette occasion, fait l’objet d’une publication dédiée. En décembre 2010, il est célébré par le Mathaf du Qatar dans le cadre de l’événement inaugural Told, Untold, Retold, une exposition collective de 23 artistes arabes. À sa disparition en septembre 2014, avec une réputation internationale acquise, le destin posthume de son œuvre ne fera que ratifier celle-ci. La redécouverte de l’aventure de l’École de Casablanca permettra de projeter un éclairage additionnel sur le travail de l’artiste et d’illustrer un autre pan de sa carrière. En octobre 2014, près d’un mois après sa disparition, on le retrouve dans «Le Maroc contemporain», une autre exposition collective organisée par l’IMA cette fois. En 2019, il est à l’affiche de l’IMA-Tourcoing aux côtés de Mohamed Melehi, Houssein Miloudi, Mohamed Chabâa, Mohamed Ataallah, Bachir Demnati et Mohamed Hamidi notamment. En 2021, sa consécration est parachevée : une rétrospective lui est dédiée par le Centre Pompidou, avec des œuvres prêtées par le Mathaf et la Fondation Farid Belkahia. Couvrant un large pan de sa carrière, elles mettent en lumière l’importante contribution qu’il a apportée à la modernité arabe.

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