L’initiative Oasis durables en débat scientifique à Rabat – Aujourd’hui le Maroc

Rencontre 
En prélude à la Cop 28 prévue en novembre aux Emirats, un atelier scientifique pour soutenir l’Initiative Oasis durables vient d’être ouvert mardi près de Rabat. Un événement qui se poursuit jusqu’à ce mercredi 20 septembre. Le tout en ayant une pensée pour les victimes du séisme d’Al Haouz et régions.

«Cet atelier scientifique qui regroupe de nombreux pays qui abritent des écosystèmes oasiens se veut de débattre de l’initiative Oasis durable qui a été lancée par le Maroc en 2016 lors de la Cop 22». Ainsi s’exprime le ministre de l’agriculture, de la pêche maritime, du développement rural et des eaux et forêts, Mohammed Sadiki, en marge de cette rencontre qui a, d’après lui, différentes visées.

Développer une plateforme scientifique
L’objectif de cet atelier étant, selon M. Sadiki, de « développer une plateforme scientifique pour pouvoir porter cette initiative pour des actions de collaboration entre les pays qui abritent ces écosystèmes oasiens et discuter, lors de la prochaine réunion ministérielle qui sera organisée à Erfoud en marge du Salon des dattes, l’approche pour porter de manière collective par l’ensemble des pays cette initiative et réfléchir pour un cadre de gouvernance et puis la faire adopter lors de la Cop 28 aux Emirats en novembre prochain ».

L’objectif ultime étant, pour lui, de « trouver un soubassement et un cadre pour pouvoir générer un appui international sur les plans technique et scientifique mais également sur le plan de l’appui financier aux programmes et projets de préservation de ces oasis à travers leur développement de l’ensemble de l’écosystème où le développement humain constitue la colonne vertébrale et le centre de toutes les actions pour respecter l’équilibre de ces oasis et les préserver contre les changements climatiques auxquels elles sont exposées de plus en plus ».

Interrogé à propos d’un diagnostic des oasis en période de pénurie d’eaux pluvieuses, le ministre précise à ALM : «L’existence des oasis et leur développement dépendent énormément de la ressource eau. Evidemment avec les changements climatiques, elles subissent une sécheresse violente, donc une rareté de l’eau. Par conséquent les efforts qui sont aujourd’hui consentis dans tous les programmes que nous menons concernent en premier lieu l’économie de l’eau, sa préservation à travers des techniques qui permettent de réduire les pertes d’eau et son gaspillage, la sensibilisation évidemment des populations qui vivent dans les oasis mais également le choix des espèces de culture avec le palmier dattier qui permettent de préserver cette ressource et de la valoriser au mieux».

Les recommandations attendues
Egalement de la partie, le représentant de la FAO au Maroc, Jean Senahoun, révèle : «Cet atelier scientifique se tient à un moment crucial de la mise en œuvre de l’initiative Oasis durables. Il vient juste après la rencontre de 2003 à Ouarzazate et avant la conférence ministérielle prévue à Errachidia». «Ces deux événements montrent les efforts très louables du Maroc pour fédérer différents acteurs autour de cette initiative », avance l’intervenant qui rappelle l’apport de son organisation pour les oasis.

A son sens, il est vraiment «important d’accorder une attention particulière à ces milieux, de faire des recommandations, de générer des idées pour préserver ces environnements et assurer un développement durable». M. Senahoun, qui attire également l’attention sur le changement climatique, s’exprime aussi sur les recommandations pouvant ressortir de cette rencontre. « Ce sont des recommandations qui vont, par exemple, faire référence à l’impact du changement climatique. Qu’est-ce qu’il faut faire pour limiter cet impact et assurer un développement durable de ces milieux », avance-t-il.

Les menaces qui guettent les oasis
De son côté, le représentant de l’Unesco pour le Maghreb, Eric Falt, aborde à son tour le sujet de l’eau sous un angle bienveillant. «La vie s’organise autour de l’eau. L’oasis en est sans doute la plus parfaite illustration», s’exprime-t-il dans un style un peu littéraire et poétique. Le tout en mettant en avant des menaces pour cet écosystème «confronté à des défis majeurs». «Les systèmes oasiens font face à des menaces qui sont effectivement de plus en plus sévères telles que la désertification et la surexploitation des ressources hydriques, les conséquences du changement climatique, mais aussi la perte de la biodiversité et l’urbanisation non planifiée, les pratiques agricoles parfois non durables, les conflits et la pression démographique», estime-t-il. Pour lui, «toutes les parties prenantes sont urgemment interpellées pour prendre des mesures pratiques afin d’atténuer ces menaces et promouvoir la durabilité des systèmes oasiens».