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Il faut miser sur la diversification des marchés à l’export

La tendance positive à l’export amorcée depuis la fin des confinements s’est confirmée, et les derniers chiffres officiels pour les 5 premiers mois de l’année 2022 le confirment. Les exportations textiles marocaines affichent une progression de plus de 30% en comparaison avec les 5 premiers mois de 2021. Le Maroc profite ainsi de la reconfiguration du sourcing mondial en faveur des circuits courts. Le point avec Anass Al Ansari, président de l’Association marocaine des industries du textile et de l’habillement (AMITH).

Le Matin : Il y a une crise mondiale depuis plus de deux ans. Comment le secteur du textile-habillement vit-il cette situation ?
Anass Al Ansari
: La crise de la Covid-19 a infligé à l’industrie textile mondiale ce que beaucoup qualifient de la pire crise de son histoire. Le Maroc n’y a pas fait exception. En effet, avec plus de la moitié de la population mondiale confinée, et les magasins non essentiels, dont les magasins d’habillement, fermés pendant plusieurs mois, les commandes se sont arrêtées brutalement en mars 2020. La reprise a été chaotique, ponctuée par des vagues de reconfinement liées aux vagues consécutives de la Covid qui ont frappé le Maroc et ses principaux pays partenaires.
Mais cette crise n’a pas eu que des conséquences négatives pour le Maroc. En effet, une des conséquences directes de la rupture de la chaîne d’approvisionnement durant la période la Covid a été l’obligation, pour les donneurs d’ordre, de revoir leur modèle d’approvisionnement pour favoriser l’approvisionnement de proximité qui leur permet à la fois de réduire les coûts logistiques qui ont connu une hausse faramineuse depuis le début de la crise, réduire les minimas de commandes vu la possibilité de réassorts rapides, mieux gérer leurs stocks, et éviter ainsi de devoir mettre en place des opérations de promotion importantes sur les invendus.
Le Maroc a bénéficié très tôt de cette reconfiguration du sourcing mondial en faveur des circuits courts. En effet, dès le mois de juillet 2020, les commandes ont recommencé à affluer vers le Maroc, et cette tendance haussière s’est installée depuis.

En 2021, le Maroc a initié des programmes de relance économique. Où se positionne votre secteur dans cette relance ? Et comment évaluez-vous son impact sur l’activité ?

D’une part, les mesures mises en place depuis 2021 pour soutenir l’industrie marocaine en général, et l’industrie textile en particulier – amendement de l’Accord de libre-échange (ALE) avec la Turquie, augmentation du droit commun sur les produits finis industriels, stratégie de substitution des importations, préférence nationale dans la commande publique – ont donné la possibilité aux industriels marocains de regagner des parts de marché dans un marché domestique jusque-là cannibalisé par les importations. Cette tendance devra être renforcée grâce à une offre Made in Morocco intégrée avec un excellent rapport qualité-prix, soutenue par une campagne nationale et un label gage de qualité pour redonner confiance au consommateur marocain dans les capacités de l’industrie nationale qui est en capacité de satisfaire ses attentes en termes de qualité, de prix et de mode.
D’autre part, la tendance positive à l’export amorcée depuis la fin des confinements s’est confirmée, et les derniers chiffres officiels pour les 5 premiers mois de l’année 2022 le confirment. Les exportations textiles affichent une progression de plus de 30% en comparaison avec les 5 premiers mois de 2021. Le secteur a ainsi non seulement retrouvé notre niveau d’avant-crise, mais l’a même dépassé, affichant sa meilleure performance sur les 5 dernières années. Le secteur textile a aujourd’hui la possibilité de renforcer davantage cette croissance, en misant sur la diversification de ses marchés à l’export en attaquant notamment les pays d’Europe du Nord et les États unis, et sur la durabilité.
La demande mondiale est en train de changer, et s’oriente de plus en plus vers une production textile plus propre. Le Maroc a une vraie carte à jouer de par sa proximité avec l’Europe, donc une empreinte carbone plus faible que l’Asie. Mais pas seulement. En renforçant la souveraineté industrielle du secteur à travers le développement d’un amont fort, le secteur textile aura la possibilité d’offrir à ses donneurs d’ordre un produit Made in Morocco intégré qui réponde à la fois aux contraintes de durabilité et de traçabilité qui leur sont imposées aujourd’hui.

Propos recueillis par Jalal Baazi
 


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