EconomieLe Matin

Le lien entre croissance de qualité et création d’emplois expliqué par Ahmed Azirar

Pourquoi la croissance économique ne crée-t-elle pas d’emploi? Telle est la question principale à laquelle l’invité de L’Info en Face a tenté de répondre lors du débat économique avec Rachid Hallaouy. Pr Ahmed Azirar, fondateur et président de l’Association marocaine des économistes d’entreprise (AMEE) et co-fondateur et directeur de recherche à l’Institut marocain d’intelligence stratégique (IMIS), a tout d’abord tenu à expliquer la différence entre la croissance et le développement.

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Pourquoi l’économie marocaine ne crée pas assez d’emploi ?

Le taux de chômage a nettement progressé entre 2022 et 2023, passant de 11,8 à 13%. Ce taux est passé de 5,2 à 6,3% en milieu rural et de 15,8 à 16,8% en milieu urbain, précise le HCP dans sa note d’information relative à la situation du marché du travail en 2023. Des chiffres qualifiés d’alarmants par les experts et qui sont le résultat d’une croissance faible et une inflation en hausse. «Nous avons une croissance faible qui crée très peu d’emplois, en particulier dans les secteurs qui d’habitude étaient créateurs d’emplois, comme les services ou l’agriculture qui est en panne avec la sécheresse. De plus, l’investissement privé doit être orienté vers des secteurs qui créent de l’emploi. Et le troisième point est celui de la fuite à l’extérieur de notre multiplicateur d’investissement, parce que nous avons toujours une grande part de notre investissement qui va à l’extérieur via les importations», note l’expert. Et cette situation «inédite» avec un taux de croissance faible et une inflation élevée laisse présager encore une augmentation du taux de chômage. On parle dans ce cas d’une situation de stagflation, déduit le directeur de recherche de l’IMIS. Selon M. Azirar, il est crucial de réorienter nos politiques publiques pour répondre à ces défis. Cela nécessite des réformes structurelles, notamment dans le Code du travail, la fiscalité, les structures du commerce, les marchés déstructurés… De plus, il est important d’adapter nos politiques pour mieux répondre aux besoins du marché de l’emploi, en favorisant l’employabilité et la création d’emplois qualifiés à valeur ajoutée, tout en luttant contre la fuite des cerveaux. Le Maroc doit donc agir à la fois sur les aspects structurels et conjoncturels de l’économie pour stimuler la croissance, maîtriser l’inflation et réduire le chômage. Cela nécessitera une approche globale et des réformes ciblées pour surmonter les défis actuels et assurer un développement économique durable.

Comment arriver à créer une dynamique de croissance économique orientée vers l’avenir ?

«Aujourd’hui, notre attractivité économique doit être améliorée, surtout en ce qui concerne l’investissement. Il est crucial que la confiance, notamment dans le secteur privé, soit renforcée. Ce dernier doit s’orienter vers les secteurs prometteurs et potentiellement rentables, tout en contribuant efficacement à l’économie nationale, notamment grâce à la nouvelle Charte de l’investissement», souligne l’expert. Il est donc temps que le secteur privé assume ses responsabilités au vu du contexte actuel. Il faut noter ici que ce secteur a bénéficié de nombreux avantages de la part du gouvernement en allégeant notamment la pression fiscale sur les entreprises, mais malgré cela, le secteur privé n’investit pas suffisamment, ce qui peut contribuer à la montée du chômage. «Il faudrait que le secteur privé adopte une stratégie claire et contribue de manière proactive à l’économie. C’est vrai qu’il y a un secteur privé qui est très dynamique, notamment les grandes entreprises, mais il y a tout ce monde de la PME et de la TPE qui attend véritablement un soutien stratégique, un soutien pensé et une ouverture aussi bien sur le mode de paiement que sur les marchés publics, au niveau central, mais également dans les territoires. Et c’est justement cette vision régionale qui doit être mise en avant aujourd’hui», souligne Pr Azirar. Selon lui, il est essentiel de dynamiser les régions en dehors des centres économiques principaux, afin de réduire les disparités régionales en matière d’emploi et de développement. La synchronisation entre les politiques nationales et territoriales, ainsi qu’entre la politique budgétaire et monétaire, est cruciale pour garantir une croissance équilibrée et durable sur l’ensemble du territoire.

En conclusion, il est nécessaire d’adopter une approche coordonnée et stratégique impliquant à la fois les secteurs public et privé, afin de stimuler la croissance économique et de créer des emplois de manière équitable sur l’ensemble du territoire national. Cela nécessitera des ajustements dans les politiques économiques et fiscales, ainsi qu’une réorientation des investissements vers les secteurs à fort potentiel de croissance et de création d’emplois.


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