Art & CultureLe Matin

les cinq dimensions pour une transformation

Les filières de l’édition, les arts de scène, les musiques actuelles et l’audiovisuel ont été mis sous la loupe récemment par une étude de terrain réalisée dans le cadre d’un partenariat entre la Fédération des industries culturelles et créatives (ICC) de la CGEM et la Wallonie Bruxelles International à Rabat. Mené sur le thème «Quelles transformations pour les ICC au Maroc», ce travail apporte un éclairage sur la double dimension économique et sociale des ICC, tout en soulignant les contraintes qui entravent leur développement. L’essentiel des résultats et surtout les orientations développées dans ce cadre cherchent à renforcer cinq dimensions : la gouvernance, le marché, la professionnalisation, l’internationalisation et la numérisation. Et ce autant en lien avec les ICC agissant dans le secteur marchand que celles en développement dans celui non marchand. Le but est d’avoir une feuille de route utile aux acteurs et aux décideurs, à déployer en politiques actionnables.

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Arts de la scène

La filière des Arts de la scène au Maroc souffre de plusieurs défaillances au niveau structurel, mais représente diverses pistes d’ouverture pour son développement à travers la richesse de ses formes et expressions artistiques. L’étude relève que les équipements culturels dédiés aux arts de spectacle existent dans les grandes agglomérations marocaines alors qu’ils sont quasi absents en milieu rural. Le soutien étatique aux arts de la scène au Maroc est beaucoup orienté vers le théâtre par rapport aux autres filières.Par rapport aux publics, un nombre très restreint de Marocains accède aux spectacles de théâtre (10,2%), de cirque (10%), de danse (7,2%) et d’humour (6,1%) par défaut de régularité de visite des équipements culturels. Alors qu’ils sont plus investis à suivre des spectacles de rue (17,4%) et dont certains artistes ont commencé à performer dans l’espace public pour aller à la rencontre de leurs spectateurs. Par ailleurs, la formation professionnelle dans les arts de la scène est limitée à quelques établissements d’enseignement supérieur. Plusieurs acteurs dans ce secteur se proclament autodidactes.En termes de compétences métiers dans les arts de la scène, les profils spécialisés se font très rares. L’étude indique que la poignée de metteurs en scène et de scénographes formés est en train de quitter le pays pour aller s’installer et enseigner dans d’autres pays arabes. Malgré les problèmes de visas qui se posent pour les artistes, la coopération culturelle est un maillon incontournable de la chaîne de valeur des arts de la scène. Les acteurs de cette filière comptent beaucoup sur les outils numériques pour présenter leurs créations.

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Audiovisuel

La filière de l’audiovisuel est confrontée, en termes de gouvernance, à trois enjeux majeurs, constamment reportés : la libéralisation, la participation et l’hybridation. Les professionnels de la filière pointent le manque de profils et de compétences métiers en matière de fundraising pour la production audiovisuelle. Le cahier de charge restrictif dans le secteur de l’audiovisuel pose aussi problème. Il favorise les grosses structures, capables de gérer par la liquidité les délais administratifs imposés, mais sans garde-fous au niveau professionnel.

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Édition

L’étude relève que l’édition au Maroc est «un marché à la professionnalisation peu avancé avec quelques gros acteurs en concentration verticale et une faible régulation». Elle a révélé dans ce domaine un écart entre les chiffres d’infrastructures affichés, leur degré de fonctionnement, très faible du reste, et les réalités vécues sur le terrain par les professionnels. Selon la grille d’analyse, l’édition bénéficie en termes de gouvernance d’un faible soutien aux circuits non marchands comme les bibliothèques. Il y a également besoin de passer d’une politique d’assistance à une politique de stimulation de la demande et de sensibilisation. En outre, le marché de l’édition ne respecte pas forcément la chaîne des valeurs. On y constate une forte dépendance d’un circuit marchand peu structuré alors que les tentatives d’internationalisation restent limitées. Parmi les entreprises engagées dans les ICC, celles dédiées aux métiers du livre sont les moins bien dotées en ressources formées. «En général, l’essentiel des professionnels est formé sur le tas», indique ladite étude. Il en résulte des maillons manquants dans la production. Il s’agit d’abord des comités de lecture professionnelle et dans le processus de fabrication, du rewriting pour certains types d’ouvrages pratiques et plus généralement d’éditing, de structuration et de pertinence éditoriale et justesse stylistique à traiter. Enfin, souvent les éditeurs n’ont pas recours à des correcteurs qui s’assurent de la netteté linguistique et formelle du texte à publier. Le paradoxe, la licence professionnelle spécialisée dans la filière Métiers du livre, à la Faculté des lettres et des sciences humaines Aïn Chock (Université Hassan II) a été fermé. Par ailleurs, le marché marocain de l’édition connaît une montée exponentielle du lectorat arabophone et de la demande pour de grands auteurs internationaux traduits ou retraduits en arabe pour les rendre mieux disponibles aux jeunes lecteurs.

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Musiques actuelles

L’analyse portée sur les musiques dites «contemporaines» indique que ce marché au Maroc est de très petite taille et fragmenté. «Il est fortement tiré par la consommation, faiblement réglementé et offre des perspectives de synergies trans-sectorielles intéressantes». L’enquête indique que ce secteur a besoin de réforme de droits d’auteurs et droits voisins. De même, il y a un grand besoin de professionnalisation d’autant que l’autoformation est prédominante dans ce domaine. Le secteur de la musique dépend beaucoup des tourneurs. «Le marché marocain de la musique n’est pas une entité homogène que l’on peut facilement manœuvrer. Il se compose, à quelques exceptions près, d’une myriade de petits acteurs dont le fonctionnement semble relativement anarchique», indique l’étude. S’agissant de l’internationalisation de cette filière, l’enquête souligne que la petite taille du marché marocain, miné par la culture de la gratuité, en fait un marché faiblement attractif pour les artistes et les promoteurs internationaux. Néanmoins, l’existence de plateformes et de grands festivals qui attirent public et professionnels facilite l’accès aux circuits et aux marchés internationaux.

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Recommandations

De l’ensemble de ce travail, il ressort en conclusion que 6 axes structurants méritent une attention particulière : 1. La transversalité de la culture et la nécessaire convergence. 2. La réforme du modèle de subvention publique. 3. La libéralisation de l’audiovisuel. 4. L’identification des entreprises des ICC et la reconnaissance des associations culturelles. 5. La réforme du BMDA (Bureau marocain des droits d’auteurs) et la gestion des droits d’auteur. 6. Les défaillances structurelles à combler par la formation.


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