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Les pharmaciens pour l’exonération de la TVA sur les médicaments (Oualid Amri)

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L’exonération de TVA sur le médicament, une des mesures phares du projet de loi de Finances (PLF) 2024, est une décision qui ne souffre aucune contestation puisqu’elle vient réparer une injustice sociale, soutient Oualid Amri, premier vice-président du Syndicat des pharmaciens du Grand Casablanca. «Taxer les malades sur les soins de santé est tout simplement une aberration. Car être malade n’est pas un luxe !», s’insurge cet expert pharmaceutique et officinal lors de l’émission «L’Info en Face» du «Groupe Le Matin».

Exonération de la TVA sur les médicaments : la position des industriels pharmaceutiques

Pourtant, cette mesure qui profite seulement au citoyen marocain ne serait pas sans conséquence sur les finances des officines. Son impact serait encore plus important sur celles qui sont déjà en difficulté. Selon les estimations livrées par Oualid Amri, le retrait de la TVA, qui concerne 95% des médicaments, devrait engendrer une baisse de 3 à 5% du chiffre d’affaires des petites et moyennes pharmacies.

Mais là où le bât blesse, selon lui, c’est la baisse continue des prix des médicaments, amorcée depuis 2014, faisant que les marges de profit se réduisent comme une peau de chagrin.

Halte à la baisse régulière des prix des médicaments !

«Les patrons d’officines se sont appauvris !», signale le pharmacien. «Le seul secteur qui connaît une baisse incessante des prix est celui du médicament ! Or, le pharmacien d’officine ne gagne sa vie que par la marge du prix du médicament», déplore-t-il, précisant que le Marocain ne dépense pas plus de 400 DH en médicaments par an en moyenne.

Il rappelle que dans d’autres pays, les pharmacies sont de véritables espaces de santé qui jouent un rôle important dans la prévention. Elles ne se limitent pas à la vente des médicaments qui leur garantit, certes, une part intéressante des profits. Ils assurent aussi d’autres services qui leur permettent d’arrondir leurs bénéfices. «Aujourd’hui, dans plusieurs pays, on vaccine dans les officines, on y effectue des tests et on y prescrit même certains médicaments», fait-il savoir.

La réduction régulière des prix, associée à la suppression de la TVA sur les médicaments et, encore pire à l’inflation galopante, donne de véritables maux de tête aux pharmaciens d’officines. Des maux alimentés par l’absence d’une oreille compatissante auprès de leur ministre de tutelle.

Oualid Amri estime que les différents gouvernements qui se sont succédé au Maroc devaient en principe accompagner le secteur officinal en mettant en place des mesures compensatoires, sauf que rien n’a été fait à ce jour. L’actuel ministère de la Santé semble se soucier tout aussi peu du sort des officinaux, ce qui menace de mener à la faillite tout un secteur, alerte-t-il.

Officines en difficulté : le ministère de la Santé fait la sourde oreille !

«Notre ministre de la Santé reçoit toujours les médecins des secteurs public et privé, mais il a dû recevoir les pharmaciens à peine une ou deux fois durant ses deux mandats ! On a l’impression que les pharmaciens n’existent pas dans le système de santé marocain !», regrette le pharmacien.

«Si le gouvernement veut continuer à baisser les prix, il faut bien qu’il se mette avec nous autour d’une table afin de trouver une solution pour ce secteur. Il ne faut pas oublier que les pharmacies d’officines jouent un rôle très important dans la société. C’est un secteur d’environ 12.000 pharmaciens qui assure pas moins de 50.000 emplois directs, en plus de 20 à 30.000 emplois indirects», indique-t-il.

Il précise, toutefois, que le ministère de la Santé n’est pas le seul concerné par tous les problèmes que vit le secteur officinal. «Il y a aussi le département des Finances et le Chef du gouvernement avec lesquels nous aimerions échanger autour des difficultés que rencontre le secteur», indique Oualid Amri. «J’espère qu’on ne sera pas obligés d’en arriver à la même démonstration de force que mènent actuellement les enseignants. Avec la grève du 13 avril dernier, nous avons pu démontrer notre capacité à fermer toutes les pharmacies du pays, mais nous espérons ne pas avoir à en arriver de nouveau à cet extrême», relève-t-il, assurant que le syndicat des pharmaciens est ouvert au dialogue à condition que ce soit un dialogue de la vérité avec les ministres eux-mêmes et non pas un dialogue destiné à apaiser les tensions.

La substitution des médicaments encore et toujours !

Le syndicaliste revient, par ailleurs, sur l’un des principaux chevaux de bataille de la profession, à savoir accorder le droit de substitution des médicaments aux pharmaciens d’officine, c’est-à-dire la possibilité de remplacer un médicament prescrit par le médecin par un générique, lequel coûte moins cher. Il s’agit d’une revendication des pharmaciens qui a été soumise à la tutelle à maintes reprises. Mais elle rencontre une résistance, notamment de la part des médecins. En effet, si les pharmaciens appellent à encadrer ce droit par une loi qui viendra faciliter la dispensation des médicaments, les médecins eux y voient un risque pour la profession. Pourtant, souligne Oualid Amri, cette mesure permettra au citoyen de faire des économies et à l’assurance maladie de réduire les dépenses. «Pour l’équilibre financier des caisses de prévoyance, il doit y avoir ce système de substitution et arrêter cette baisse tenancière des prix des médicaments qui ne rend service à personne !», plaide-t-il.

Industrie pharmaceutique et retrait de la TVA : à chacun ses intérêts !

Interpellé sur la position des industriels pharmaceutiques, le représentant des pharmaciens d’officine n’a pas voulu trop s’avancer. Pour rappel, les acteurs de l’industrie pharmaceutique se sont élevés contre cette mesure qui, disent-ils, impactera la compétitivité des produits pharmaceutiques fabriqués localement, favorisera l’importation, sera un frein à l’investissement et constituera une menace à la souveraineté sanitaire du pays.

«Ces industriels défendent leurs intérêts et ceux du Maroc par rapport à la souveraineté médicamenteuse. Mais je pense qu’ils vont trouver des solutions avec le ministère de tutelle et celui des Finances», affirme-t-il. «Nous, on voudrait bien que les officinaux soient reçus par ces départements ministériels tout comme les industriels du secteur pharmaceutique», insiste-t-il.


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