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PLF 2024 : les contraintes macro-économiques brident les politiques d’investissement (Expert)

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Le processus de préparation des projets de budget au Maroc se base généralement sur des projections de deux ans à l’avance. Ce modus operandi pèche par le fait qu’il ne prend en considération que les contraintes de court terme, et ce au détriment des préoccupations de moyen et long termes. Le constat est du professeur d’économétrie appliquée Fouzi Mourji, qui était l’invité de «L’Info en Face».

PLF 2024 : La réforme de la TVA sera douloureuse, mais elle doit être entamée (Mehdi El Fakir)

L’économiste estime ainsi que l’une des contraintes que l’Exécutif prend en compte dans l’élaboration de la loi de Finances est le maintien des équilibres macro-économiques, notamment le déficit budgétaire. Ce paramétrage macroéconomique bride ainsi les politiques de l’État dans l’investissement, le développement social et du capital humain.

Résultat des courses : une croissance économique limitée sur le moyen terme pour un pays qui aspire à intégrer le club des économies émergentes. «Pour preuve, le Royaume a enregistré ces trois dernières décennies un taux de croissance moyen qui tourne autour de 3,5-4%. Or les pays ayant enregistré une réelle émergence économique ont affiché des taux de croissance de 7%, voire plus. C’est d’ailleurs ce que recommandait la Banque mondiale déjà dans les années 1980. Car avec 7% de croissance, l’État peut faire face au défi du gain de productivité, résorber le chômage et gérer la croissance démographique», détaille le professeur universitaire. Selon lui, l’idéal serait ainsi de lever les contraintes de court terme pour pouvoir investir plus, notamment dans le capital humain et, partant, enclencher une croissance plus élevée à moyen terme qui est, elle-même, génératrice de recettes fiscales : IR, IS, TVA, etc. Grâce à cette performance, l’État pourra facilement s’attaquer aux contraintes budgétaires, dont le déficit qui se réduira de manière conséquente.

La dimension sociale de la réforme fiscale à ne pas négliger

Évoquant les mesures fiscales contenues dans le projet de Budget 2024, Mourji affirme craindre que cette préoccupation uniquement en termes de recettes fiscales ait éludé une réflexion de base sur l’impact de la modification des taux.

Concrètement, explique Mourji, dans la réforme de la TVA, l’Exécutif a décidé de ne pas taxer le pain, mais il entend porter la TVA sur le sucre raffiné à 10% à terme contre 7%, actuellement. In fine, cette mesure a une dimension sociale puisqu’on veut que la population démunie accède à des produits de première nécessité à des tarifs à la portée de leur budget. Malheureusement, poursuit l’économètre, quand on regarde cette dépense fiscale, en termes de coût pour le Budget de l’État, nous constatons que ce qui va aller vers les plus riches est beaucoup plus important que ce qui va aller vers les plus pauvres. En d’autres termes, sur une dépense de 6 milliards de dirhams, quelque 3,5 milliards vont aller aux plus riches, contre à peine 0,5% qui vont concerner les plus pauvres. Moralité : nous avons une mesure sociale qui va aggraver les inégalités au lieu de les réduire. Selon le professeur, la logique du cash-transfert que le gouvernement entend mettre en place à travers le Registre social unifié (RSU) est une option judicieuse, certes, mais il faudra calculer le coût du ciblage et celui de la distribution. Le professeur d’économétrie appliquée apprécie, par ailleurs, le fait d’enclencher une décompensation progressive de certains produits à l’instar de la bonbonne de gaz butane, dont le prix montera de 10 dirhams à partir d’avril prochain. Cette manière de faire, estime-t-il, a le mérite de permettre aux consommateurs d’ajuster leur comportement de consommation dans le temps. De même, cette progressivité dans la décompensation du gaz butane permettra à l’État d’implémenter facilement sa nouvelle stratégie de ciblage et abandonner définitivement le système des «aides aveugles».


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