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Pantins bernés et commanditaires intéressés

Le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, n’a pas mâché ses mots et a dit tout haut ce que tout le monde pense tout bas lors d’une conférence qu’il a animée, vendredi dernier 23 juin, à l’Institut de «Sciences Po» à Paris.

Interpellé par une étudiante à ce prestigieux institut parisien sur le processus politique pour le règlement de l’affaire du Sahara marocain, António Guterres a indiqué que  le Sahara a été décolonisé pacifiquement en 1975 par le biais des accords de Madrid signés la même année, alors que le polisario était à  l’époque inconnu.

 « Pour le Maroc et pour l’ONU, la fin du colonialisme au Sahara a pris fin en 1975. Une recommandation a été émise par l’Assemblée générale des Nations unies en décembre 1975, qui fait référence à l’accord tripartite signé la même année à Madrid », a souligné Moussaoui Ajlaoui, expert associé à Ames-Center, dans une déclaration à Libé.

« Par conséquent, vous ne trouverez absolument pas un document à l’ONU qui parle des terres occupées au Sahara, contrairement à d’autres parties du monde comme les territoires palestiniens occupés. Les Nations unies considèrent que la décolonisation a pris fin en 1975.

Il n’est plus occupé, mais plutôt sous administration marocaine », a expliqué le chercheur marocain avant d’affirmer que le Maroc utilise le terme de conflit régional et a proposé un Plan d’autonomie pour résoudre ce conflit, lequel Plan s’inscrit dans le cadre de ce que réclament les Nations unies (résolutions 1514 et 1541) et toutes les  résolutions du Conseil de sécurité de 2007 à nos jours.

Récemment, le représentant permanent du Maroc auprès de l’ONU, Omar Hilale, a mis les points sur les «i» en soulignant que la décolonisation des provinces sahariennes du Maroc a été définitivement scellée depuis leur retour à la mère patrie en 1975.

Ainsi, lors de la réunion annuelle du Comité des 24 (C24) de l’ONU tenue récemment à New York, Omar Hilale a affirmé que la question du Sahara marocain est examinée par le Conseil de sécurité sous le Chapitre VI de la Charte des Nations unies en tant que différend régional entre le Maroc et l’Algérie, mettant en avant que le Conseil  de sécurité est seul habilité à faire des recommandations et à proposer des solutions.

Par ailleurs, quand  António Guterres a été interpellé sur les parties qui bloquent le processus politique dans l’affaire du Sahara, il a implicitement accusé l’Algérie et les pantins du polisario en disant : «Ce problème est bloqué par ceux qui bloquent».

« António Guterres, de manière diplomatique, affirme que le blocage vient des parties qui n’ont pas accepté les récentes résolutions du Conseil de sécurité, à savoir l’Algérie, principale partie au conflit, et le polisario. Ces deux derniers ont une lecture négative et unilatérale des résolutions de l’Assemblée générale de l’ONU, en l’occurrence les résolutions 1514 (publiée en 1960) et 1541 (publiée en 2004) », nous a affirmé Moussaoui Ajlaoui.

Ce qui pourrait bloquer tout avancement dans ce dossier, selon ce spécialiste de la question du Sahara marocain, c’est le manque de visibilité et l’instabilité institutionnelle du régime algérien. « Les Nations unies et les grands pays savent qu’il n’y a pas de stabilité institutionnelle du régime algérien, comme en témoigne le fait que depuis 2018, date à laquelle le processus des tables rondes a commencé sous l’égide de l’Envoyé personnel du Secrétaire général de l’ONU pour le Sahara marocain, Horst Köhler, il n’y a pas de ministre des Affaires étrangères en Algérie qui ait accompli une année complète d’exercice diplomatique. Le service des renseignements extérieurs dépendant de l’armée algérienne qui gère le dossier du Sahara ne connaît pas non plus de stabilité. Il n’y a pas, à cet effet, de vision claire, et les Nations unies et les grandes puissances sont au fait de cela ».

Face à ce blocage, Moussaoui Ajlaoui estime que l’ONU est tenu soit de rechercher de nouvelles approches pour convaincre la principale partie dans ce conflit artificiel, à savoir l’Algérie, soit d’intervenir dans le cadre du chapitre VII et imposer tout ce qui est énoncé dans les résolutions du Conseil de sécurité depuis 2007, c’est-à-dire une solution politique ou le retrait de la MINURSO et le retour au statu quo.

Mourad Tabet

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