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Entretien avec Mohamed Knidiri, président du FNAP «J’ai grandi dans les quartiers avec les rythmes de la deKKa Marrakchia»

Rencontré sur la place Harti à Marrakech peu de temps avant le départ de la parade du 52ème Festival national des arts populaires, le président de cette manifestation en révèle les particularités. L’occasion de l’interroger sur les sens des chorégraphies populaires ainsi que sur sa passion pour ces arts.

ALM : Quelle est la particularité de cette 52ème édition ?
Mohamed Knidiri : c’est une édition qui est venue juste après la pandémie. Donc elle se tient avec une organisation exceptionnelle et puis surtout avec une participation d’un nombre très important d’artistes puisque leur nombre dépasse 650 et celui des troupes c’est autour de 65. Elles viennent de toutes les régions du Maroc et représentent pratiquement tous les types de folklore que connaît le Maroc. Comme vous le savez, le folklore marocain est très riche et varié, voire diversifié. Je crois que c’est l’un des plus riches au niveau mondial. Cette édition a une particularité parce qu’elle ne va pas se produire pour son spectacle principal au palais Badii. C’est donc au niveau du théâtre royal qui est aussi très joli avec une capacité un peu inférieure mais on s’adapte pour offrir un spectacle de grande qualité. De plus, nous avons l’animation qui va se faire sur la place Jamaa El Fna pour la médina, la place du Harti pour la ville nouvelle et une place qui se trouve dans l’Oliveraie, ce qu’on appelle Ghabat Achabab (la forêt des jeunes) où les Marrakchis sortent le soir parce qu’il fait frais et ils ont donc une animation qui dure deux heures et demie à trois heures comme sur les autres places de la ville.

Puisque le spectacle principal se déroule au Théâtre Royal à la place du palais Badii en restauration, quels sont les changements que vous avez introduits à la mise en scène de ce show?
Il est vrai que la mise en scène du spectacle principal doit s’adapter au lieu où cela se passe. Donc le théâtre a une scène un peu inférieure, alors il y a moins d’artistes qui passent en même temps mais nous avons autour de 300 artistes dans le spectacle principal. C’est un peu comme avant, on a réduit très peu le nombre d’artistes mais surtout on a travaillé sur ceux qui passent en même temps sur la scène. Donc la mise en scène est bonne. On avait un décor naturel dans le palais, maintenant nous avons essayé de mettre quelque chose qui montre un peu le patrimoine culturel marocain. Ainsi le spectacle se fait dans une ambiance patrimoniale.

A voir les chorégraphies des arts populaires, c’est joli. Mais, on ne comprend pas tout le sens. Pourriez-vous nous en expliquer les dessous ?
Les arts populaires sont composés de trois choses. D’abord les paroles, ou les poèmes, deuxièmement le chant, troisièmement le gestuel, c’est-à-dire le mouvement du corps. Celui-ci est fait de manière à traduire un peu le sens de la chanson. Donc le gestuel accompagne la parole et ces trois choses partent ensemble dans une harmonie très belle. Cela fait toujours une signification. Le mouvement a un sens et il exprime ce qu’échange la parole avec les autres.

Même les bijoux donnent des rythmes. Comment se produit cette musicalité ? Est-elle seulement spontanée?
C’est naturel mais c’est maîtrisé. D’abord c’est naturel parce que c’est une création au niveau de chaque groupement, de chaque région. Il y a donc une danse, celle-ci est accompagnée par les gestuels et les mouvements des bijoux. Tout cela se fait dans une harmonie exceptionnelle et qui a évolué quand même. Cela veut dire créer naturellement en fonction de l’évolution des arts populaires au niveau des villages, de la montagne et la campagne.
Votre passion est tellement perceptible pour les arts populaires que nous n’en connaissons pas l’origine. Pourriez-vous la partager avec nous?
D’abord parce que je suis de Marrakech, j’y ai grandi. C’est la ville des arts populaires. On y trouve la dekka par exemple qui est un art populaire très rythmé et qui est là tout le temps dans les derbs (quartiers). J’ai grandi dans ces derbs avec ces rythmes qui sont là tout le temps et je suis imprégné par cette rythmique et ces arts populaires. Il y a les gnaoua qui se trouvent aussi à Marrakech beaucoup plus qu’à Essaouira d’ailleurs. Donc nous avons grandi et été éduqués sous l’impact de ces rythmes, de ces arts populaires. Quand on m’a demandé de m’occuper de l’association Le Grand Atlas, le festival était arrêté alors que c’était pour moi un événement exceptionnel de la ville de Marrakech qui ne peut pas vivre sans Festival national des arts populaires. Quand j’étais petit, j’avais ces images qui étaient vraiment marquées dans mon esprit et lorsque je suis revenu et me suis occupé de l’association, la première des choses que nous avons faite c’est qu’on a remis sur pied le Fnap parce que cela me donne ces rappels, ce beau souvenir, ces belles images qui ont été marquées depuis mon enfance. Et j’aime les rythmes marocains, les chikhates, l’aïta, la dekka, les gnaoua, tous les arts populaires. Je suis imprégné par cela à partir de cette habitude que j’ai eue dans les quartiers.

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