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Une clé pour garantir la sécurité alimentaire

Avoir le ventre plein et ne pas être dérangé par ses gargouillements, surtout devant les autres, semblent de simples besoins biologiques qui sont pourtant les souhaits quotidiens de près de 811 millions de personnes dans le monde souffrant de la faim et de 193 millions pâtissant d’une insécurité alimentaire aiguë.

Notre étonnement face à cette situation ne devra que monter d’un cran quand nous consultons les statistiques de l’Organisation des Nation unies (ONU) qui ont indiqué qu’« environ 14% des aliments produits sont perdus entre la récolte et la vente au détail et l’on estime que 17% de la production alimentaire mondiale totale est gaspillée (11% dans les ménages, 5% dans les services de restauration et 2% au stade de la vente au détail)”.

En 2021, près de 193 millions de personnes dans 53 pays ou territoires ont connu une insécurité alimentaire aiguë à des niveaux de crise ou pire (IPC/CH Phase 3-5), selon un rapport publié en mai dernier par le Réseau mondial contre les crises alimentaires (GNAFC).

« Cela représente une augmentation de près de 40 millions de personnes par rapport aux chiffres déjà records de 2020”, avertit le rapport de cette alliance internationale regroupant l’ONU, l’Union européenne et des agences gouvernementales et non gouvernementales.
Comment pourrait-il y avoir du gaspillage alimentaire, alors que le spectre de l’insécurité alimentaire et de la faim plane sur presque le quart de la population mondiale ?

Pour comprendre cette situation paradoxale, il faut d’abord expliquer que “les pertes alimentaires sont présentes dès la production agricole initiale jusqu’au niveau de la consommation finale des ménages”, d’après une note d’orientation de la FAO.

“Dans les pays développés, la nourriture est gaspillée en grande quantité surtout au niveau de la consommation et dans une moindre mesure au début de la chaîne de valeur alimentaire.

Dans les pays en développement, des quantités significatives de nourriture sont perdues à chaque étape, tout au long de la chaîne de valeur alimentaire, allant de la production à la transformation tandis que beaucoup moins de nourriture est gaspillée au niveau du consommateur”, précise la note intitulée “genre et pertes alimentaires dans les chaînes de valeur durables”.

Durant la phase de production, les pertes alimentaires se produisent “sous forme de céréales laissées de côté par de mauvais équipements de récolte, de poissons rejetés ou de fruits abîmés à la récolte” et durant les phases de manutention et de stockage, à la suite d’infestations fongiques, de contamination par des agents pathogènes d’origine alimentaire et d’attaques d’insectes, de rats ou d’autres animaux, détaille cette note publiée en 2018.

Les pertes peuvent se produire aussi au stade de la transformation, sous la forme de lait renversé, de poissons abîmés et de fruits impropres à la transformation et pendant la distribution et la commercialisation sous la forme de produits renversés, endommagés, pourris ou rejetés en raison de leur non-conformité avec les normes de qualité et de sécurité.

En sus, les aliments gaspillés dans le monde représentent entre 8 et 10% des émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES), qui contribuent aux changements climatiques, et comptent pour 38% de l’énergie totale utilisée dans le système alimentaire mondial.

Face à ces réalités, l’Assemblée générale des Nations unies avait désigné, en 2019, le 29 septembre comme Journée internationale de sensibilisation aux pertes et gaspillages alimentaires, soulignant “le rôle fondamental d’une production alimentaire durable qui favorise la sécurité alimentaire et la nutrition d’une population mondiale croissante et contribue à l’atténuation de la pauvreté, à l’élimination de la faim et à la santé humaine”.

Cette année, la journée lance un appel à l’action aux entités publiques et privées “afin de hiérarchiser les interventions et de mettre en place des innovations permettant de réduire les pertes et le gaspillage de nourriture, dans l’optique de remettre en état et de reconstruire en mieux des systèmes alimentaires résilients”, lit-on dans le site de l’ONU.

L’ONU recommande, à cette occasion, de privilégier l’adoption d’approches intégrées conçues pour réduire les pertes et le gaspillage de nourriture, d’introduire des technologies, des solutions novatrices, notamment des plateformes de commerce en ligne ou des systèmes mobiles rétractables de transformation des aliments, de nouvelles méthodes de travail et des bonnes pratiques permettant de gérer la qualité des aliments et de réduire les pertes et le gaspillage de nourriture.

Par : Souha Jmahri
 
 
 

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