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Dounia n’aura plus huit ans

Je m’appelle Dounia. « Univers » pour mes cousines et cousins nés (ou pas) en France où ils vivent loin de mon dialecte qu’ils triturent avec délectation, juste pour me faire croire que j’ai mal choisi mon univers. Pourtant, ils savent que je n’ai pas l’intention de bouger de là où je suis née, ce Maroc qui m’intrigue. J’ai huit ans et je les porte bien. Je les sens bien traverser mon corps de préadolescente. « Pas pour longtemps », m’assène-t-on sous prétexte que la vie est une course qui ne connait jamais sa vitesse de croisière. Mais je m’en tape.

Dans l’école publique où j’apprends plein de choses grâce à des profs dévoués jusqu’à la récurrence de l’absence, on me raconte beaucoup d’histoires troublantes. J’y apprends par exemple qu’en 2004, la terre tremble à Al Hoceima. Plusieurs morts et des dégâts colossaux accompagnent cette catastrophe. Et puis, récemment, je vis l’horreur avec le séisme du 8 septembre, morts et dégâts à la clé. Cela aussi donne lieu à un débat à l’école en l’accompagnant de tonnes de palabres sur la solidarité et la communion d’un peuple qui sait s’entraider contre une adversité dite naturelle. En 2023 comme en 2004 ? Certainement. Mais on ne m’entretient que vaguement sur ce qui peut m’intéresser autant que ces deux rendez-vous funestes.

En 2004, la réforme de la Moudawana, ce code de la famille annoncée par le Roi. En 2023, une copie corrigée et augmentée du même code est voulue par Mohammed VI et qu’un chef de gouvernement se doit d’exécuter. Une révision de textes vingt années plus tard. On me raconte que le combat le plus dérangeant dans ce dossier est celui de l’héritage. L’homme toucherait plus que la femme qui l’a pourtant porté en elle ? Quel ingrat mon futur compagnon de vie… Je m’appelle Dounia et j’ai huit ans. Pas pour longtemps.

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