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Le Liban retient son souffle avant un discours du chef du Hezbollah

Ce discours a été précédé d’une flambée de violence jeudi soir à la frontière entre le Liban et Israël, où les échanges de tirs sont quotidiens depuis le début de la guerre à Gaza entre le Hezbollah, proche de l’Iran, et l’armée israélienne.

Le Hezbollah a annoncé dès l’attaque sans précédent menée le 7 octobre par le Hamas contre Israël sa solidarité avec son allié palestinien et revendique des tirs contre les positions militaires israéliennes dans des secteurs frontaliers depuis le sud du Liban.

Les affrontements transfrontaliers étaient restés généralement limités, tant géographiquement que dans le type d’objectifs visés.

Mais, jeudi soir, le Hezbollah pro-iranien a annoncé avoir attaqué simultanément « 19 positions et sites militaires » israéliens, entraînant des frappes de représailles de l’armée israélienne qui ont fait cinq morts dans les rangs du Hezbollah, selon le mouvement chiite.

Depuis le 7 octobre, les violences ont fait 72 morts au Liban, dont 54 combattants du Hezbollah, selon un décompte de l’AFP, et au moins six soldats et un civil côté israélien, d’après les autorités.

Peu avant le discours de Hassan Nasrallah, prévu à 13H00 GMT, ses partisans ont commencé à se rassembler dans la banlieue sud de Beyrouth, fief du Hezbollah, agitant le fanion jaune de la formation mais également des drapeaux libanais, palestiniens et iraniens, selon un photographe de l’AFP.

Une guerre destructrice a déjà opposé en 2006 le Hezbollah à Israël. Elle avait ravagé les infrastructures et fait plus de 1.200 morts côté libanais, en majorité des civils. Côté israélien, 160 personnes avaient été tuées, essentiellement des militaires.

Depuis cette guerre, Hassan Nasrallah apparait rarement en public -la dernière fois en octobre 2016.

Une nouvelle guerre serait « dévastatrice » pour le Liban, a prévenu le 22 octobre le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu.

Et un porte-parole de l’armée israélienne, Richard Hecht, a averti le chef du Hezbollah qu’il « ne serait pas dans son intérêt de procéder à une escalade dans le nord (…). Mais si cela se produit, notre riposte sera très très sévère ».

L’Iran, par la voix de son ministre des Affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian, a prévenu que la région était « comme une poudrière » et pourrait devenir « incontrôlable » si Israël ne cessait pas son offensive à Gaza.

Le Hezbollah a renforcé depuis la guerre de 2006 son important arsenal militaire, qui comprend notamment des missiles de haute précision, mais s’est gardé pour le moment de les utiliser.

Dans l’attente du discours de Hassan Nasrallah, les Libanais retiennent leur souffle et les avis sont partagés.

« Nous souhaitons qu’il proclame la guerre contre l’ennemi israélien », affirme Ahed Madi, 43 ans, un habitant d’un village frontalier du sud.

Une nouvelle guerre contre Israël « constituerait le coup de grâce pour le Liban » en plein effondrement économique, craint pour sa part Rabih Awad, 41 ans.

« Je refuse la guerre d’extermination des Palestiniens à Gaza, mais la décision d’aller en guerre doit être du ressort de l’Etat libanais, et non pas d’un parti ou d’une milice », dit-il.

Le Premier ministre libanais Najib Mikati a affirmé lundi à l’AFP faire son possible pour éviter que son pays « entre dans la guerre », mettant en garde contre un embrasement régional.

Selon des analystes, cette décision est aux mains de l’Iran, qui a déjà fait parvenir par le biais de ses alliés au sein de « l’axe de la résistance » des messages à Israël et aux Etats-Unis.

Les rebelles Houthis au Yémen ont revendiqué des attaques de drones et de missiles balistiques contre Israël, alors que des groupes pro-iraniens ont attaqué des bases américaines en Irak et en Syrie.

Selon Amal Saad, conférencière à l’Université de Cardiff et experte du Hezbollah, deux facteurs pourraient pousser Hassan Nasrallah à déclarer la guerre.

Si Israël « tente de décapiter le Hamas et d’annihiler le mouvement dans la bande de Gaza, le Hezbollah ne le permettra pas ».

« De plus, un nettoyage ethnique des Palestiniens de la bande de Gaza, leur transfert dans le Sinaï (égyptien) ou ailleurs, est une ligne rouge pour le Hezbollah », ajoute-t-elle.

Dans un message à l’adresse des formations palestiniennes à Gaza publié mercredi par le Hezbollah, ses combattants affirment avoir « avec vous le doigt sur la gâchette (…) pour soutenir la mosquée Al Aqsa et nos frères opprimés en Palestine ».

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