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Le plan post-séisme stimulerait la croissance au Maroc

L es atouts du Maroc sont une position stratégique géographique favorable en raison de sa proximité avec le marché européen, des relations soutenues avec l’Europe, les Etats-Unis et les bailleurs internationaux, une «stratégie de diversification de la production dans de nombreux secteurs industriels », et de larges investissements entrants depuis l’Europe et sortants vers l’Afrique de l’Ouest, souligne la COFACE (Compagnie Française d’Assurance pour le Commerce Extérieur) dans une récente étude sur l’économie marocaine.

S’agissant des points faibles, il s’agit essentiellement de la forte dépendance de l’économie à la performance du secteur agricole (12% du PIB et 30% de l’emploi de la population), des inégalités (pauvreté rurale, chômage des jeunes, manque de logements, corruption…) et tensions structurelles (disparités régionales, opposition islamistes-libéraux), de la dépendance commerciale vis-à-vis de l’Union Européenne, notamment dans le tourisme et l’industrie, et de la faiblesse de la productivité et de la compétitivité face à la concurrence d’autres pays méditerranéens, comme la Turquie ou l’Egypte.

La Compagnie française de l’assurance-crédit indique, en outre, qu’après une croissance économique atone en 2022 en raison de mauvaises récoltes céréalières, l’activité s’est légèrement accélérée en 2023 avec une modeste reprise du secteur agricole, dépendant des phénomènes climatiques.
 

Le tourisme, accélérateur de la croissance ?

« Le 8 septembre 2023, le versant Nord de la chaîne du Haut-Atlas a été frappé par un séisme de magnitude 6,8 sur l’échelle de Richter, à environ 75 km au Sud-Ouest de Marrakech, principale ville touristique du pays. Le tremblement de terre s’est produit dans une région peu industrielle, dotée d’infrastructures limitées et dépendant d’une agriculture de subsistance. L’impact économique dépendra donc essentiellement de la réponse du tourisme, qui a enregistré des résultats record au premier semestre 2023. Durant cette période, le Maroc a accueilli 6,5 millions de touristes, soit une augmentation de 92% par rapport à 2022 et de 21% par rapport au même mois d’avant-période Covid 2019. Quelques annulations ont suivi la catastrophe, mais les répercussions économiques à moyen et long terme devraient être limitées. Les aéroports sont restés ouverts et intacts et la ville de Marrakech a été relativement épargnée, à l’exception de la Médina et du Mellah. En dehors de la ville, il est possible que les voyages itinérants prévus dans la zone montagneuse concernée soient remplacés par des voyages vers d’autres régions du Maroc, ce qui atténuerait l’impact à court terme sur le tourisme. Le secteur pourra donc générer des revenus importants en 2023 et 2024 », prévoit la COFACE. 
 

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La reconstruction post-séisme stimulerait la croissance en 2024 

Autre optimisme affiché par le leader mondial de l’assurance-crédit : les efforts de reconstruction postséisme soutiendront la croissance en 2024, ainsi que l’expansion de la part du pays sur le marché mondial des phosphates.

A ce titre, il rappelle que le gouvernement a annoncé, en juin 2023, son intention de tripler les investissements dans les énergies renouvelables sur la période 2023-2027 par rapport à 2009-2022. Objectif : développer le réseau électrique national (autorisations, production d’hydrogène vert, projets éoliens) et sécuriser les ressources en eau (usines de dessalement). 

En 2024, poursuit la même source, le secteur manufacturier continuera de se développer et de soutenir la croissance, via des exportations à plus forte valeur ajoutée dans les secteurs de l’automobile, de l’aéronautique et du textile. 

S’agissant de la consommation locale, la COFACE pense qu’elle sera soutenue par les flux touristiques et les envois de fonds des Marocains du monde, mais continuera d’être freinée par des prix alimentaires toujours très élevés. 

«Alors que le pays s’engage dans la reconstruction, la Banque centrale (Bank Al-Maghrib) devrait suspendre le processus de resserrement monétaire qui devait s’appliquer en 2023, et maintenir son taux directeur à 3% pour faire face à l’inflation… », prévoit la COFACE. 
 

La pression budgétaire atténuée par l’aide internationale

La compagnie française de l’assurance-crédit affirme, en outre, que l’objectif budgétaire 2023 de ramener le déficit public aux niveaux d’avant Covid (environ 3 % du PIB) d’ici 2026 a été compromis par le séisme. « Les réformes fiscales introduites en 2023 et 2024 contribueront à atténuer l’impact du séisme, notamment en améliorant le système d’imposition des sociétés à travers la suppression progressive de la variabilité du taux normal à 20 % d’ici 2026… Néanmoins, ces efforts de consolidation budgétaire ne suffiront pas à empêcher le déficit budgétaire de se creuser en 2023 et 2024 par rapport à 2022 », explique la même source. 

A ce sujet, les analystes de la COFACE rappellent que le gouvernement a annoncé un plan de reconstruction, budgétisé à 11,7 milliards de dollars, soit 8,5% du PIB, qui sera étalé sur cinq ans. Il sera financé par une augmentation des dépenses budgétaires et une contribution de deux milliards de dirhams (194 millions de dollars) du Fonds Hassan II pour le développement économique et social. Ils affirment également que l’aide internationale atténuera la pression budgétaire sous forme de fonds de solidarité, de prêts et de dons multilatéraux. 

Ils citent aussi la ligne de crédit flexible du FMI de 5 milliards de dollars accordé au Maroc en avril 2023 pour l’aider à financer son déficit. D’après eux, le Royaume peut compter sur cette ligne de crédit pour soulager sa finance publique.

A cela s’ajoute un prêt de 1,3 milliard de dollars, accordé par le FMI le 28 septembre 2023 pour une durée de 18 mois, pour aider le Royaume à faire face aux catastrophes liées au climat. En conséquence, la COFACE s’attend à ce que le poids de la dette publique augmente très légèrement en 2023 et se stabilisera en 2024.

La compagnie d’assurance française affirme, par ailleurs, que le séisme n’a pas empêché le déficit du compte courant de se réduire lentement en 2023. La hausse des importations, liée aux efforts de reconstruction, a été compensée par la hausse des envois de fonds de la diaspora et de l’aide internationale, indique-t-elle. Et de poursuivre que les recettes du tourisme continueront de gonfler l’excédent des services en 2024. 

Néanmoins, toujours selon la COFACE, la hausse du déficit commercial creusera légèrement le déficit du compte courant. Les exportations vont augmenter avec la production de phosphate et le secteur automobile, ainsi que l’agrandissement du port de Tanger.

Toutefois, la hausse des importations sera légèrement plus importante, en raison des projets d’infrastructures, des prix mondiaux des matières premières toujours élevés et de la reconstruction. Ce déficit continuera d’être financé principalement par des emprunts extérieurs concessionnels et des investissements directs à l’étranger, note la même source.

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