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L’Exécutif face à la double contrainte budgétaire ! [INTÉGRAL]

A l’instar de l’année dernière, le Projet de Loi des Finances (PLF) 2024 est ponctué par les contraintes budgétaires, étant donné les ambitions d’investissements du Maroc en ces temps de crise. Ceci alors que la situation des charges et ressources du Trésor (SCRT) affiche un déficit budgétaire de 29,2 milliards de dirhams (MMDH), contre un déficit de 25,5 MMDH un an auparavant. Cette pression subie par les caisses de l’Etat implique une accentuation du besoin de financement et par ricochet un alourdissement de la charge de la dette. Des estimations partagées par le Haut-Commissariat au Plan (HCP), qui table sur un taux d’endettement qui dépasse les 83% en 2023, mais qui vont à l’encontre des objectifs de l’Exécutif qui souhaite placer le ratio de la dette à 70%.
 
Il est vrai que dans la mesure où une grande partie de la dette est libellée en dollar, le Maroc devrait la rembourser de manière plus onéreuse, compte tenu de l’appréciation de la monnaie américaine ces derniers temps. D’autant que depuis le début de la vague inflationniste en 2022, les taux d’emprunt sont plus élevés qu’auparavant, ce qui rend la charge de la dette plus importante. C’est dire que la fin de la pression sur les caisses de l’Etat n’est pas pour demain.
 
Ceci dit, le gouvernement tire ses ambitions de la politique budgétaire qu’il a mise en place lors de son investiture, qui consiste à rationaliser les dépenses publiques et consolider les recettes fiscales. En effet, la durabilité des finances publiques figure parmi les grandes priorités du gouvernement lors de l’actuel PLF, comme en témoigne son engagement à réduire le déficit public, et écrit noir sur blanc dans la note de cadrage du projet. Pour ce faire, l’Exécutif mise sur deux chantiers épineux, à savoir la réforme de la TVA et la lutte contre l’informel. «Il me semble judicieux de continuer à intégrer le secteur informel qui constitue un manque à gagner énorme pour les recettes de l’Etat, néanmoins, il ne faut surtout pas céder à la tentation de la seule solution fiscale», nous indique Anas Abdoun, Senior Analyst Africa & Middle-East chez Stratas Advisors, qui alerte également contre le recours aux bourses des contribuables, dont le pouvoir d’achat a été érodé par la hausse du coût de la vie.
 

Mi-figue, mi-raisin

 
Il est vrai qu’avec la nouvelle réforme fiscale, une bonne partie de Marocains devra contribuer davantage aux rentrées de l’Etat. Toutefois, le gouvernement table sur les chantiers sociaux, tels que le Programme des allocations familiales, l’aide directe au logement ou encore le soutien aux agriculteurs, pour équilibrer la donne. Par ailleurs, il a appelé l’administration publique à serrer encore plus la ceinture, en limitant les missions à l’étranger et les achats, en rationalisant les dépenses de fonctionnement à travers l’utilisation des EnR (Energies Renouvelables) et l’économie d’eau, etc. Des mesures louables, mais qui n’auront pas un impact majeur sur la balance budgétaire. D’où la recommandation de l’Alliance des Economistes Istiqlaliens (AEI), qui appelle à explorer des sources de financement alternatifs (voir article annexe), de sorte à compléter les chantiers titanesques du pays, sans pour autant alourdir gravement la dette.
 
Ceci dit, Anas Abdoun affirme que la seule solution pour pallier à la dette est la croissance. Car oui, si, aujourd’hui, l’Etat est obligé de recourir à l’endettement pour compléter ses projets, ses emprunts, tout d’abord, doivent être contractés à moyen terme pour faciliter leur remboursement et devraient être orientés vers l’investissement afin de générer plus de croissance. Car aujourd’hui, la capacité de l’investissement à propulser la machine de la croissance est remise en doute par les chiffres. Bien que l’économie nationale investisse 30% du PIB – un niveau jugé très élevé et au-dessus de la moyenne mondiale -, les retombées sur la croissance demeurent faibles. Dans ce sillage, l’Exécutif a indiqué que dans les dépenses d’investissement, il donnerait la priorité aux projets stratégiques à forte valeur ajoutée, qui font d’ailleurs objet d’Instructions royales. L’allègement de la pression sur les caisses de l’Etat s’annonce compliqué !
 

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