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Macron suscite un tollé diplomatique

Enlisé dans une grave crise politico-sociale interne, le président français, Emmanuel Macron, vient de susciter un tollé diplomatique international, après ses déclarations sur la vision française de la question sino-taïwanaise. De la France aux États-Unis, passant par l’Allemagne et la Pologne, ses propos ont été vertement critiqués.

Sur le vol de retour d’une visite d’État de trois jours en Chine, Emmanuel Macron, habitué aux polémiques, a plaidé auprès de médias français une approche propre à l’Europe, qui ne doit suivre ni Washington ni Pékin sur la question de Taïwan.

Des propos qui n’ont pas manqué de rappeler ceux tenus fin 2019 sur la « mort cérébrale » de l’OTAN, puis sa gestion en solitaire de la crise russo-ukrainienne, loin de toute concertation avec les partenaires européens.

Selon lui, l’UE doit incarner une ‘’troisième voie’’, réduire sa dépendance à l’égard des États-Unis et éviter d’être entraînée dans une éventuelle confrontation avec la Chine au sujet de Taïwan.

« La pire des choses serait de penser que nous devrions être suivistes et nous adapter au rythme américain et à une surréaction chinoise », a-t-il dit dans cet entretien, quelques heures avant que Pékin ne lance des exercices militaires de grande ampleur autour de Taïwan.

Avec une telle prise de position, M. Macron, dont l’image et la popularité sont fortement entamées tout particulièrement par la crise politico-sociale en lien avec sa très décriée réforme des retraites, s’est attiré les foudres de politiques et de spécialistes européens et américains de la Chine et de Taïwan.

Ainsi, l’Alliance interparlementaire sur la Chine (The Inter-Parliamentary Alliance on China, Ipac), un collectif d’élus européens et internationaux, a émis un communiqué, signé par des dizaines de parlementaires se disant ‘’consternés’’, en particulier son affirmation selon laquelle l’Europe devrait éviter d’être ‘’prise dans des conflits qui ne sont pas les nôtres’’ – une référence claire à l’escalade des tensions dans le détroit de Taïwan.

En Allemagne, le président du Parti populaire européen au parlement européen, Manfred Weber, a souligné que “quiconque défend la liberté et la démocratie n’est pas un suiveur”, tandis que Norbert Röttgen, député conservateur expert en politique étrangère, a relevé sur Twitter que l’Europe devait ‘’devenir plus indépendante, non pas contre les Etats-Unis, mais en partenariat avec nos alliés transatlantiques’’.

De son côté, le Premier ministre polonais, Mateusz Morawiecki, qui a entamé une visite aux Etats-Unis, a souligné que l’alliance avec les États-Unis est ‘’un fondement absolu’’ de la sécurité européenne.

En France, la nouvelle sortie médiatique du locataire de l‘Elysée n’a pas échappé aux critiques de la classe politique, dont le patron des députés Les Républicains (LR, Droite), Olivier Marleix, qui y voit un ‘’signal donné aux Chinois’’ et par extension ‘’un signal donné aux Russes’’ sur l’Ukraine.

Le chef de l’Etat français n’a pas été épargné même dans les rangs de la majorité présidentielle.

« C’est incompréhensible », a jugé la députée Renaissance Anne Genetet, qui a suivi Emmanuel Macron lors de sa visite d’Etat en Chine, alors qu’Antoine Bondaz, chercheur à la Fondation pour la recherche stratégique a considéré que l’analyse du président est “totalement erronée”.

Dans la presse de l’hexagone, les éditorialistes n’ont pas été cléments envers le chef de l’Etat. “Le Point” a estimé que sur la question de Taïwan, Emmanuel Macron “sème le doute et récolte la tempête”, relevant que le président français “a semblé abandonner l’île à son sort, en prenant ses distances avec les Américains” et qu’il s’agit d’une “polémique qu’il n’a pas dissipée aux Pays-Bas ce mardi”.

“Le malentendu se plaide une fois. Lorsqu’il survient si fréquemment, c’est une pratique de la politique étrangère qui est en cause. Après les propos d’Emmanuel Macron sur la de l’OTAN, fin 2019, puis les tentatives de dialogue stratégique avec la Russie, sans aucune concertation avec les partenaires européens, le président français engendre de nouveau une irritation générale, aux Etats-Unis et parmi ses voisins du continent”, écrit de son côté “Le Monde”.

En tentant “maladroitement” de défendre l’autonomie stratégique européenne au retour de sa visite chinoise, le chef de l’Etat a créé un “imbroglio diplomatique, paraissant complaisant à l’égard de Pékin dans le dossier taïwanais”, estime pour sa part “Libération”.

La prise de position du président français n’a pas échappé non plus aux foudres Outre Atlantique, notamment de la part de grands tirages américains comme le Wall Street Journal, qui a qualifié, dans un éditorial, la sortie médiatique d’Emmanuel Macron de ‘’ratée’’, alors que le New York Times a estimé que la diplomatie française a ‘’sapé’’ les efforts des États-Unis pour ‘’brider’’ la Chine.

Avec MAP

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