Santé

Thérapie de couple : Constance et Lucas (32 ans), « On a fait une thérapie pour être de futurs bons parents »

Constance et Lucas ont tous les deux 32 ans et sont en couple depuis 4 ans. Ils suivent chacun de leur côté une thérapie depuis plusieurs années. Ils ont récemment choisi de commencer une thérapie de couple pour un problème familial qui les concerne tous les deux.

« Il était convaincu qu’on allait y gagner d’avoir un avis extérieur », Constance

Il y a eu d’abord une phase de choc : « Nous avons appris cet été que mon frère avait agressé sexuellement l’un de mes neveux, le fils de ma sœur. Il y a eu une grande discussion de famille parce qu’il y a eu une plainte et que personne ne savait comment se positionner vis-à-vis de mon frère, de ma sœur et même des enfants. J’ai été très étonnée des réactions de chacun. Il y a eu ceux qui ont réagi par la colère et puis ceux qui voulaient qu’on n’en parle pas. J’ai eu du mal à me retrouver dans ces réactions et après plusieurs semaines, je me suis sentie vraiment mal au quotidien. J’ai tout de suite compris que c’était à cause de ça. »

Lucas a proposé qu’on aille voir quelqu’un ensemble parce que c’était un problème qu’on partageait 

Constance et Lucas parlent ensemble de ce qu’il s’est passé mais c’est Lucas qui propose la thérapie de couple : « Il était convaincu qu’on allait y gagner d’avoir un avis extérieur. C’est vrai que depuis la révélation, on n’en parlait qu’entre nous et que ça finissait quasiment à chaque fois par des cris et des pleurs. Lucas a proposé qu’on aille voir quelqu’un ensemble parce que c’était un problème qu’on partageait tous les deux indirectement et que, comme potentiels futurs parents, ça pouvait éviter des blocages. C’est un argument que j’ai entendu. Pour moi, on n’avait pas de légitimité à le vivre aussi mal, contrairement à mon neveu et à ses parents, mais essayer de faire les choses au mieux pour un futur projet de famille, ça a eu du sens. Contrairement à d’autres, j’allais être incapable de mettre tout ça sous le tapis. Et je fais aussi une thérapie pour être une future bonne mère pour mes enfants à venir. C’est l’argument qui a fait mouche. »

« C’est parler qui m’a permis de sortir du choc », Constance

Le couple choisit un thérapeute neutre, spécialisé dans les drames familiaux : « Lucas a demandé à la personne qu’il voit de lui conseiller quelques noms après avoir expliqué la situation. On a été en confiance de contacter quelqu’un qui a l’habitude de traiter avec ces sujets, qui a l’habitude des conséquences. Il faut savoir qu’à ce moment-là, la famille était explosée. Tout le monde en voulait à quelqu’un soit pour avoir minimisé les choses et protégé mon frère soit d’avoir parlé. Je parlais beaucoup avec ma sœur mais ça ne suffisait pas. Ça a bouleversé beaucoup de choses chez moi dont le fait de ne pas me sentir en sécurité au sein de ma famille. Pendant des semaines, je me suis dit que ça ne servait à rien de faire des enfants si c’était pour vivre ce genre de choses. J’ai eu un prisme très égoïste mais on ne contrôle pas ces choses-là. C’est parler qui m’a permis de sortir du choc. »

Constance est aussi convaincue que cette épreuve l’a rapprochée de Lucas : « Je sais que je peux lui faire confiance et qu’il ne fait pas partie de ces gens qui minimisent ou essaye de cacher la vérité pour une question de confort et de réputation. J’ai beaucoup apprécié sa façon de gérer les choses, avec pragmatisme, et sans jamais se moquer de mes réactions à moi. C’est quelque chose que j’ai entendu aussi : pourquoi tu le prends si mal alors que ce n’est pas ton enfant qui est concerné ? Mais en fait il est question de mon neveu, de ma sœur, de mon frère, de toute ma famille. C’est normal de se demander quelle place on doit avoir là-dedans. C’est même le minimum que je puisse faire pour mon neveu. La justice va faire son travail mais au moins dans la famille on ne fait pas semblant. Il y a un avant et un après. »

« Parler avec un thérapeute était la meilleure idée qu’on puisse avoir », Lucas

Lucas a aussi été ébranlé par cette histoire : « En tant qu’homme, ça pose beaucoup de questions. Est-ce que j’ai toujours été correct avec les neveux et nièces ? Est-ce que j’ai toujours respecté le consentement des enfants ? Je ne parle pas de sexualité mais juste de leur pudeur et de leurs temps d’hygiène par exemple. Moi, j’ai grandi dans une famille où tout le monde se baladait tout le temps à poil. On demandait aux enfants à se déshabiller en public sur la plage pour mettre des vêtements secs après la baignade. La salle de bains était toujours ouverte. Je vois bien que dans nos familles, ce n’est plus du tout comme ça avec les enfants. Et que c’est aussi grâce à ces éducations différentes que les histoires d’inceste et d’agressions sexuelles peuvent être découvertes.

Parfois, on a besoin d’un regard extérieur

Mais ça explose tout : la famille, la vision qu’on a des gens, la vision qu’on a du monde. On ne se lève pas un matin avec le sourire aux lèvres en se disant qu’on va apprendre un truc horrible sur le monde. J’aurais préféré que ça n’arrive pas. Mais après il faut vivre avec, faire mieux, protéger ce qu’il reste à protéger. J’ai eu différentes phases, entre l’incompréhension, la déprime, la colère. Constance aussi. Parler ensemble avec un thérapeute c’était la meilleure idée qu’on puisse avoir. Parfois, on a besoin d’un regard extérieur. »

« Cette épreuve je veux qu’elle fasse de moi un meilleur futur père », Lucas

Lucas se sent désormais plus fort : « Je savais que je voulais être père avant mais je pense que je ne réalisais pas tout ce que ça pouvait impliquer. Qu’il y a des moments où il faut se positionner et soutenir son enfant, le protéger. J’ai vu tout l’amour dont ma belle-sœur et son mari ont fait preuve. Ils ont été exemplaires alors qu’on sait qu’ils ont souffert aussi. Cette épreuve, je veux qu’elle fasse de moi un meilleur compagnon, un meilleur adulte vis-à-vis des enfants, mais aussi un meilleur futur père. Il n’était pas question de me mettre des œillères même si je pense que quelques années en arrière c’est ce que j’aurais fait.

On va tout faire pour être une meilleure famille pour ce gosse et pour les gosses à venir. La thérapie nous a permis de remettre les choses à plat, il y avait tellement de sentiments et tellement d’incompréhension. On l’a conseillé à tout le monde. Seul ou à plusieurs, je pense qu’on était beaucoup à avoir besoin de parler. »

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