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Amal Houdaf retourne aux sources à travers l’art abstrait

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L’artiste peintre Amal Houdaf est née en 1976 à Saint-Louis, en Alsace (France). Son père originaire de Taroudant et sa mère issue des Ouled Said ont migré un peu plus tôt, espérant offrir une vie décente à leurs enfants. Elle a fait ses études dans sa région natale, jusqu’à obtenir son diplôme de maîtrise en lettres modernes.

Amal a ensuite travaillé comme professeure de langue française enseignée aux étrangers. De fil en aiguille, elle s’est spécialisée dans l’enseignement destiné aux élèves en décrochage scolaire et en difficultés d’apprentissage. Elle s’est sentie avoir été faite pour ce métier, avec un fort engouement pour la transmission à ses apprenants.

Une phase de changements de vie

Amal Houdaf a exercé ainsi pendant vingt ans, jusqu’à ce que la période du confinement lors de la crise sanitaire en 2020 marque un tournant dans sa vie. L’enseignante a pris la décision de mettre fin à sa carrière, pour consacrer tout son temps à une autre discipline qui la passionne tout autant : la peinture.

Elle confie à Yabiladi avoir même décidé, il y a deux ans, de s’y dédier pleinement au dessin. Elle considère d’ailleurs l’art comme un processus de «communication spirituelle», surtout lorsqu’il s’agit d’art abstrait. Dans ce sens, Amal nous a exprimé sa grande admiration pour Ahmed Cherkaoui (2 octobre 1934 – 17 août 1967), un des artistes peintres modernistes les plus importants de l’Histoire de l’art au Maroc et l’un des pionniers parmi les noms ayant marqué la période de post-indépendance.

«A travers l’art, je cherche à faire passer des messages. A l’école, je transmettais des connaissances aux élèves. Je souhaite continuer dans le même sens à travers mes peintures. Je me concentre sur l’aspect spirituel. Mes peintures soulèvent beaucoup de questions, comme c’est le cas de la série de peintures en lettres amazighes.»

Amal Houdaf

Par ailleurs membre du conseil municipal de Saint-Louis depuis 2008, l’artiste peintre nous a déclaré avoir cette impression que l’art lui donnait une seconde vie. Elle a donc décidé de mettre fin également à ses actions politiques et associatives, pour se consacrer toujours davantage à la toile. Grâce à l’art pictural, elle plonge même dans les liens enracinés qu’elle entretient avec son pays d’origine, le Maroc.

A ce titre, la peintre a déclaré que son attrait pour l’art abstrait venait de la capacité de ce dernier à créer une interaction entre l’artiste et le spectateur, en dehors des sentiers battus. En effet, la représentation réaliste des sujets et des thèmes laisse place à une autre expression artistique, qui met en avant principalement les couleurs, les formes et les lignes.

Pour Amal Houdaf, l’art abstrait devient dès lors un moyen d’exprimer des expériences de vie ou des visions artistiques individuelles diverses. Il reflète le désir de l’auteur d’un tableau de se libérer des restrictions réalistes, tout en lui ouvrant d’infinies possibilités d’explorer des idées.

Amal Houdaf a également été attirée par ce genre artistique, considérant qu’il s’affranchit des symboles spécifiques et de l’exigence de clarté dans les détails. De ce fait, il devient un langage universel qui peut être compris et assimilé, transcendant les barrières linguistiques et culturelles.

Puisque chaque œuvre abstraite porte un message unique reflétant en partie le parcours de l’artiste, ses inspirations personnelles et culturelles, Amal Houdaf estime qu’à travers son art, «les gens voient le Maroc». «Je suis fière d’être marocaine et je suis aussi fière d’être française. Il me manquait le lien avec le Maroc et c’est l’art qui me le permet. Je suis attirée par tout ce qui touche à mon pays d’origine», nous confie-t-elle.

Un message de paix, de fraternité et d’égalité à travers la peinture

En traçant sa voie dans la peinture, Amal Houdaf a travaillé d’arrache pied pendant quatre ans, afin de mieux dessiner les contours de sa pratique artistique. «J’explore les thèmes de l’humain, du monde animal, la nature en générale. Ma double culture nourrit mon questionnement et ma réflexion sur les rapports de l’homme avec la société et l’interculturalité. Ma sensibilité est aiguisée par tout ce qui nous entoure, par ce que nous vivons individuellement et collectivement», souligne-t-elle auprès de notre rédaction.

Loin de l’abstraction, ce qui anime son processus créatif reste par ailleurs «[son] propre vécu, [ses] souvenirs et les scènes de vie qu’[elle] voit». «Je m’inspire de ma propre vie, de mes souvenirs, des scènes de vie que j’observe n’importe où et n’importe quand. Il m’arrive aussi de rédiger des textes pour illustrer mes toiles et amener l’autre à se poser les questions essentielles c’est pourquoi je me promène toujours avec mon petit carnet, sur lequel j’inscris ces mots qui seront aussi source d’inspiration», ajoute l’artiste.

«Dans un monde tristement nerveux, conditionné, violenté, mon travail prétend humblement offrir de la joie, afin qu’elle rayonne comme un égrégore de paix pour connecter les humains à un tout universel, cet essentiel que nous recherchons tous. Je célèbre la liberté d’Etre, de penser, l’Amour et la conscience du monde qui nous entoure.»

Amal Houdaf

Amal Houdaf aime particulièrement «utiliser le verbe et les symboles pour lier l’humanité aux valeurs de fraternité, d’égalité et de bienveillance». «A travers mon art, je célèbre la liberté d’Etre, de penser, l’amour et la conscience du monde qui nous entoure. Je peins la condition humaine, dans toute son intégralité, sa dimension physique, mentale et spirituelle», ajoute-t-elle.

Et de souligner : «J’honore la féminité, la femme sorcière, le féminin sacré. C’est une volonté féministe pour parler des droits et des conditions des femmes. Les hommes sont aussi présents dans mon travail, car l’équilibre féminin-masculin est nécessaire. C’est une ode à la beauté et à la bonté, une vibration de l’énergie vitale.»

Une reconnaissance pour le rôle du Maroc

Amal nous confirme par ailleurs que le Maroc a joué un rôle majeur dans son changement de vision à l’égard du monde et même de la peinture. Elle reconnaît au consul du Maroc à Strasbourg son grand soutien, puisqu’en novembre 2022, la représentation consulaire a accueilli une exposition de ses tableaux. L’évènement s’est tenu à l’occasion de la commémoration de la Marche verte. «Le Maroc m’a donné une opportunité. En France, les portes m’ont été ouvertes. Puis, j’ai reçu ce prix du consulat du royaume. Pour moi, c’est la première distinction du genre», se félicite-t-elle fièrement.

Et d’ajouter : «Des séries de tableaux ont été exposées à l’occasion de l’anniversaire de la Marche verte, notamment des peintures de femmes qui ont participé à la marche. J’ai grandi en France, j’ai fait mes études ici et j’ai enseigné le français, mais je suis très reconnaissante aussi au Maroc. D’ailleurs, toutes mes peintures ont ce lien avec la mère patrie.»

«J’ai le sentiment de défendre le Maroc à travers mon art. J’anime aussi une émission à la radio suisse et je suis la voix française de la culture et de la musique africaine. J’ai à cœur de faire connaître la musique et la culture marocaines.»

Amal Houdaf

Prochainement, Amal Houdaf va se rendre au Maroc, où elle souhaite rencontrer des artistes du pays. Pour avoir déjà organisé de nombreuses expositions ailleurs, elle nous confie qu’elle serait «heureuse si l’occasion se propose» pour exposer cette fois-ci dans le royaume.

L’artiste peintre se rendra aussi au Sénégal et en Côte d’Ivoire, afin d’y rencontrer des artistes, tout en créant les possibilités pour organiser des expositions dans diverses régions du monde. A Strasbourg, elle en tiendra une, les 3 et 4 février prochain.

Profondément animée par son engouement et son enthousiasme pour l’art pictural, Amal Houdaf estime nécessaire de toujours garder sa part d’enfant pour continuer à créer. «Je suis une autodidacte et j’ai toujours soif d’apprendre. A 48 ans aujourd’hui, j’ai l’impression de n’être qu’une petite fille», nous confie-t-elle.


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