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Aquaculture, un secteur en plein essor au Maroc, mais à quel prix ?

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L’aquaculture au Maroc, un secteur novice qui connait une croissance remarquable, avec la réalisation de 442 projets et fermes aquacoles affichant une capacité impressionnante de production visant à atteindre 300.000 tonnes annuellement à long terme. Selon les dernières données du ministère de l’Agriculture, de la Pêche Maritime, du Développement Rural et des Eaux et Forêts, ces projets, chapotés par des acteurs du secteur privé, nécessitent des investissements estimés à environ 5 milliards de dirhams. Ils devraient également créer plus de 7.000 emplois directs, répartis le long du littoral national, offrant une diversité en termes de tailles et de spécialisations. Un domaine en pleine effervescence, mais à quelles répercussions sur l’environnement ?

En termes de répartition, la région de Dakhla-Oued Ed-Dahab se distingue avec 304 projets représentant une capacité de production ciblée de 149.200 tonnes, pour un investissement d’environ 1,34 milliard de dirhams. Elle est suivie par la région de Souss-Massa avec 37 projets (54 000 tonnes / 458 millions de dirhams), puis la région de l’Oriental avec 27 projets (27.000 tonnes / 354 millions de dirhams).

Pour mieux appréhender le développement de l’aquaculture au Maroc, Hespress FR a approché Mustapha Issat, expert en climat, en eau et en agriculture qui nous a confirmés le développement rapide du secteur. « Bien que nouveau, l’aquaculture suscite déjà de vives discussions et soulève des interrogations quant à ses répercussions sur la richesse des océans ». L’exploitation massive des ressources marines représente une menace sérieuse pour le développement durable du Royaume.

Afin de mieux exploiter le potentiel du littoral national et de fournir des zones propices aux investisseurs pour développer des activités aquacoles, l’Agence Nationale pour le Développement de l’Aquaculture (ANDA) a élaboré des plans d’aménagement pour huit régions du royaume, couvrant plus de 2.300 km de côte, soit 66% du littoral national.

Le ministère a souligné que ces plans régionaux mettent en lumière de vastes opportunités pour le secteur, offrant des perspectives de développement social et économique considérables dans les régions concernées. En effet, une superficie maritime totale d’environ 24.000 hectares a été identifiée dans ces régions, répartie sur 1.540 fermes potentielles, dédiées à diverses activités aquacoles. Dans une démarche ouverte à tous les investisseurs souhaitant proposer des projets intégrés dans le secteur, l’ANDA a lancé 16 appels à manifestation d’intérêt, aboutissant à la sélection de 441 projets.

A cet égard, l’expert a mis en avant « le développement durable qui repose sur des critères fondamentaux, notamment l’emploi des jeunes et la garantie de conditions de vie décentes pour tous. Nous avons vu avec le plan Maroc Vert les opportunités d’investissement qu’il a offerts et l’évolution du secteur agricole. Toutefois, cet essor a parfois été au détriment du marché local et des petits agriculteurs ».

Il en va de même pour l’aquaculture, dans ce sens, il réitère que « le Maroc doit veiller à ne pas favoriser l’international au détriment du marché local, ni sacrifier la richesse environnementale pour des gains matériels immédiats. Actuellement, le Maroc fait face à une crise hydrique sans précédent, avec des barrages à moitié vides, des eaux souterraines asséchées et des sols craquelés. L’exploitation massive ne fera qu’exacerber cette situation critique ».

Ces projets concernent 785 espaces pour l’élevage d’organismes aquatiques, occupant une superficie maritime totale de plus de 14.000 hectares. Des opportunités d’investissement sont toujours disponibles et peuvent être proposées aux investisseurs.

Selon le spécialiste, « il est impératif de réviser nos politiques agricoles afin qu’elles soient en adéquation avec l’état des ressources marocaines. Nous devons répondre aux besoins du marché local avant de songer à l’exportation. De plus, nous ne pouvons ignorer les conditions de travail pénibles et les rémunérations médiocres des employés du secteur, dans un pays où la pauvreté persiste ».

Un équilibre entre un avenir économiquement prometteur et la préservation de la richesse naturelle est désormais l’enjeu du Royaume. « L’agriculture, y compris l’aquaculture, est désormais le gagne-pain de nombreuses personnes, mais nous devons veiller à ce qu’elle soit durable et équitable », ajoute-t-il.

Focalisant sur la moitié pleine du verre, Issat admet qu’avec « la mise en place de stations de dessalement d’eau de mer et la construction des autoroutes d’eau, laisse présager une solution efficiente à cette crise où l’agriculture évoluera pleinement tout en préservant les ressources ».

En conclusion, l’expert revendique un équilibre, « il est temps d’agir avec responsabilité et détermination. Nous devons mettre en place des politiques agricoles qui assurent à la fois la sécurité alimentaire, la prospérité économique et la préservation de l’environnement marin. C’est seulement ainsi que nous pourrons garantir un avenir durable pour les générations futures du Maroc ».

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