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Kamal Lazraq explique son choix de travailler avec des non-professionnels

Son premier long-métrage, « Les Meutes », a remporté le prestigieux Prix du jury de la section « Un Certain Regard » lors de la 76ème édition du Festival de Cannes. Actuellement, il est en lice dans la compétition officielle de la 20e édition du Festival International du Film de Marrakech (FIFM). Le talentueux réalisateur derrière cet opus est Kamal Lazraq, un cinéaste marocain dont le projet avait précédemment bénéficié du soutien des Ateliers de l’Atlas.

© Mounir Mehimdate

« Les Meutes » narre l’histoire poignante de Hassan et Issam, un père et son fils vivant au jour le jour dans les faubourgs populaires de Casablanca, enchaînant les petits trafics pour le compte de la pègre locale. Une nuit, leur existence bascule lorsqu’ils sont chargés de la mission de kidnapper un homme, déclenchant ainsi une longue nuit à travers les bas-fonds de la ville.

Dans une entrevue accordée à Hespress Fr, Kamal Lazraq revient sur son film, évoquant le choix des acteurs et le défi ardu du passage du court au long métrage.

Comment avez-vous géré le risque important lié au choix de collaborer, pour votre premier long métrage, avec des personnes sans expérience cinématographique, malgré leur succès ?

Quand on travaille avec ce genre d’acteurs qui n’ont pas d’expérience, je pense que toute la méthode de travail, le système qu’on met autour d’eux doit être consacré pour qu’ils soient à l’aise, libres et qu’ils puissent exprimer ce qu’ils ont. C’est quelque chose que j’avais expérimenté moi-même sur mes précédents courts métrages, à savoir travailler avec des non-professionnels.

J’avais vu que c’était possible d’obtenir d’eux des prestations assez authentiques, assez intenses, à condition de ne pas les mettre dans des carcans, de ne pas leur imposer des dialogues complètement verrouillés. Donc c’est toute une méthode de travail qu’il faut leur consacrer. C’est un risque, c’est vrai ! On ne sait jamais si après trois semaines ils ne seront pas épuisés, s’ils en auront marre, donc il y avait une part de risque.

Ce qui était aussi important, c’était de construire une relation de confiance avec eux avant le tournage, pour qu’une fois lancés dans la grosse machine de tournage, ils soient aussi convaincus que le projet en vaut la peine. Du coup, c’est toute une méthode qu’on met en place et tout doit être consacré à leur confort et pour leur donner les meilleures conditions.

© Mounir Mehimdate

Comment avez-vous déniché ces profils talentueux ? 

C’est du casting sauvage. On avait un directeur de casting, Amine El Ouadni, qui est assez expérimenté dans ce genre d’exercice. Il nous a présenté beaucoup de profils qui nous intéressaient. C’est comme ça que j’ai trouvé Ayoub Elaid qui joue le personnage de Issam. Après pour le personnage de Hassan (Abdellatif, Masstouri) c’était plus compliqué parce qu’on cherchait quelqu’un d’un certain âge, qui a une certaine autorité, qui a en même temps un visage marqué par le vécu.

D’ailleurs, la plupart des gens qu’on rencontrait étaient assez intimidés. En voyant qu’on ne trouvait pas, c’est Ayoub qui m’a présenté Abdellatif, qui vivait dans le même quartier de la médina de Casablanca. Et il m’a dit voilà lui, je pense qu’il pourrait faire l’affaire, il a un visage intéressant, j’ai déjà un rapport père-fils avec lui, à chaque fois que j’ai un problème ou j’ai besoin d’un conseil je vais le voir.

On a commencé à faire les essais, l’alchimie a fonctionné. Et on s’est dit, prenons ce risque-là, essayons avec ces deux personnes et ça s’est bien passé.

© Mounir Mehimdate

« Les Meutes » est votre premier court métrage. Comment s’est déroulé le passage du court au long ?

C’est difficile. C’est vrai que le court métrage, comme il y a moins d’enjeux et moins de contraintes, offre beaucoup de liberté, donc la prise de risque est plus facile. Le long métrage demande d’avoir beaucoup plus de partenaires, le film est une co-production, le financement prend beaucoup plus de temps, il y a aussi une certaine pression.

Mais tout ce qu’on a appris et expérimenté sur le court, est aussi très important pour pouvoir franchir cette étape et passer au long avec confiance et une méthode de travail que je pense efficace.

© Mounir Mehimdate

Pensez-vous remporter le premier prix du FIFM cette année ?

Je n’ai aucune idée. Je pense qu’on a fait notre travail, on a essayé de faire le meilleur film possible avec les conditions qu’on avait, les moyens, les acteurs. Après, c’est la sensibilité des jurys et des différentes personnes. S’il y a un prix, pour nous c’est plus un bonus qu’autre chose. Ce n’était pas une ambition d’être dans le palmarès. Si ça arrive, on serait trop contents.

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