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Le torchon brûle entre le ministre de la Justice et l’Exécutif des musulmans

Le bureau de l’Exécutif des musulmans de Belgique (EMB) et l’ASBL Collège de l’EMB ont annoncé, ce vendredi, porter plainte contre le ministre de la Justice Vincent Van Quickenborne (Open VLD) pour «ingérence arbitraire dans l’organisation du culte musulman». Les deux instances ont alerté sur une mise en danger du principe de la liberté de culte, en déplorant que le fonctionnement du bureau de l’EMB soit «gravement mis à mal». Cette nouvelle démarche intervient dans un contexte de tensions grandissantes entre le gouvernement belge et la structure cultuelle, visée depuis septembre 2022 par un arrêté royal à travers lequel le ministre a retiré à l’EMB sa reconnaissance. Van Quickenborne a motivé sa décision par le fait que cette institution ne serait plus représentative des communautés musulmanes du pays, ce que l’instance rejette.

Peu avant la réunion du gouvernement belge, en septembre 2022, pour statuer sur la proposition de retirer à l’EMB sa reconnaissance, l’instance a alerté sur un cas de «népotisme», en reprochant au ministre de multiplier les manœuvres pour «positionner quelqu’un, très précisément son ami, M. Khalid Benhaddou, au sein de l’EMB, sans que cette personne n’ait une quelconque légitimité représentative». D’origine marocaine, l’homme est connu pour être proche du parti de l’extrême droite N-VA, qui lui a déjà fait une proposition de candidature. Aux couleurs de l’Open VLD et à l’approche des échéances électorales en Belgique, Van Quickenborne verrait dans l’ascension de l’imam du pain béni, éventuellement pour s’assurer une base d’électeurs dans le milieu nationaliste flamand et se garantir un facilitateur de la régionalisation de la gestion du culte, jusque-là une prérogative fédérale.

Depuis le retrait effectif, la gestion des affaires courantes a été confiée au bureau de l’EMB, présidé par Mehmet Üstün. Ce dernier rappelle d’ailleurs que des élections ont été prévues en décembre 2022 mais, que la décision de Vincent Van Quickenborne a empêché leur tenue. «Entre-temps et alors même que des missions spécifiques sont encore confiées audit Bureau, aucun subside ne lui est octroyé, le mettant dans l’impossibilité d’exercer ses missions, même d’affaires courantes telles que prévues par l’AR du 29.09.2022», a alerté le président, dans un communiqué parvenu à Yabiladi.

Le 2 mars dernier, le même bureau a adressé une lettre de mise en demeure à Vincent Van Quickenborne, en vue d’établir «un calendrier de rencontres en vue de l’élaboration conjointe d’une feuille de route visant à aboutir à une représentation effective du culte musulman». Cette correspondance serait restée lettre morte, selon l’EMB, tandis que le bureau a appris la tenue d’une réunion autour de la représentation des musulmans en Belgique. A l’initiative du ministre, la rencontre a rassemblé les différents cultes représentés, mais sans les représentants musulmans.

Une exclusion de la composante musulmane 

Annonçant aujourd’hui sa décision de saisir la justice, le bureau de l’EMB a déploré avoir été «exclu de ses propres missions, ceci alors même que le Conseil d’Etat a confirmé, dans un arrêt du 2 mars 2023, que l’organisation de ces élections relève de l’autonomie organisationnelle des communautés religieuses». A la suite de cet avis, le bureau dit avoir saisi le ministre par écrit, en demandant à être invité à la réunion, mais la correspondance serait encore restée lettre morte, jusqu’à la tenue de la rencontre, le 17 mars. En l’espèce, l’instance a dénoncé des «ingérences arbitraires inacceptables, commises en violation l’article 19 de la Constitution [belge, ndlr], qui garantit la liberté de culte».

Le 4 avril, dernier, le ministre de la Justice a réagi à travers un communiqué, en rejetant les demandes du bureau de l’EMB. Pour sa part, ce dernier s’est dit déterminé à organiser, par sa propre initiative, des élections voulues démocratiques et autonomes, «dans le respect des lois et de la Constitution belge», pour «garantir la représentativité effective du culte musulman».

Depuis octobre 2021, les tensions se sont accentuées entre l’EMB et le ministre belge de la Justice, qui a multiplié les sorties médiatiques au sujet de l’instance. Cette dernière a annoncé précédemment que l’objectif du renouvellement de ses organes allait lui permettre notamment de se passer de subsides fédéraux. De leur côté, des membres d’associations de culte musulman en Belgique ont déploré des plaintes fomentées contre l’EMB et dont les auteurs ont été déboutés par la justice.


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