Malgré la récente décision du ministère de l’Agriculture d’interdire les exportations d’olives et d’huile d’olive, sauf autorisation préalable, dans le but de maîtriser la flambée des prix des produits oléicoles, le coût de l’huile d’olive a grimpé de manière significative en raison de la sécheresse sévère qui a sévi dans notre pays au cours des deux dernières années.
Dans la région de Marrakech Safi, le prix d’un litre d’huile d’olive, qui s’élevait à 50 dhs en 2021 et 2022, a atteint aujourd’hui 90 dhs, enregistrant une augmentation vertigineuse de près de 40%. Cette hausse aura un impact notable sur le pouvoir d’achat des Marocains, qui entretiennent un lien particulier avec cette huile, une composante essentielle de leur quotidien.
« La sécheresse est totale. Bien sûr, nous n’avons pas envie d’augmenter les prix, mais le manque de précipitations et la sécheresse ont conduit à cette augmentation des coûts« , explique un propriétaire d’une unité de production d’huile d’olive située sur la route d’Ait Ourir, dans la région de Marrakech.
Le long de la sortie de Marrakech, du côté de la route de Fès, des centaines de palmiers et d’oliviers complètement desséchés sont visibles, attendant avec impatience les pluies, tout comme les agriculteurs, en particulier les petits exploitants dépourvus d’équipements sophistiqués tels que le système d’irrigation goutte à goutte. Un paysage qui fait mal au cœur.
Pour faire face à la flambée des prix de l’huile d’olive et promouvoir la production nationale, le gouvernement a décidé de soumettre à une licence préalable l’exportation de certaines variétés d’olives, en particulier celles destinées à la production d’huile d’olive. Cependant, cette mesure n’a pas encore eu d’effet significatif, selon les fluctuations des prix.
Il ressort ainsi des données du ministère de l’Agriculture, que la production nationale d’olives à l’automne 2023 est estimée à 1,07 million de tonnes, soit une baisse de 44% par rapport à l’automne 2021, qui avait atteint un record historique de production avec 1,9 million de tonnes.
Cette diminution de la production est principalement attribuée, selon le ministère dirigé par Mohamed Sadiki, à la sécheresse persistante au cours des deux dernières campagnes, provoquant un stress hydrique continu dans différentes régions de production, avec des intensités variables selon les sources d’irrigation (barrage, puits, source), ainsi que la vague de chaleur en avril dernier, au moment de la floraison des oliveraies, ayant fortement impacté les rendements. De plus, des dommages causés par la grêle dans certaines zones de la région de l’Oriental, en particulier dans la province de Taourirt, ont également contribué de manière négative.
Selon le ministère de l’Agriculture, la production prévue pour l’année 2023 atteindrait 63%, avec des variations notables dans les régions de Fès-Meknès (27%), de l’Oriental (19%), et de Tanger-Tétouan-Al Hoceima (17%). De leur côté, les régions de Rabat-Salé-Kénitra, Draâ Tafilalet et Tanger-Tétouan-Al Hoceima affichent respectivement des hausses de 39% et 14% par rapport à l’automne 2022.
Néanmoins, le ministère demeure optimiste quant à la production prévisionnelle d’olives et estime que, sur la base des prix actuels, elle pourrait générer un chiffre d’affaires en amont estimé à 7,4 milliards de DH, soit une augmentation de 10% par rapport à l’automne 2022.
Ainsi, les pluies tant attendues ce mois de novembre sont cruciales pour les producteurs d’huile d’olive, mais aussi pour l’ensemble de la population marocaine.
