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Margaret Thatcher, Juan Carlos, Hassan II et l’avenir de Gibraltar [Document secret]

En pleine crise entre la Grande Bretagne et l’Espagne sur le rocher de Gibraltar, un document anglais déclassé, et publié par le site mercopress.com, révèle des éléments historiques. Nous sommes en 1982, les frontières entre Madrid et la colonie britannique sont fermées depuis plus de 16 ans. En 1966, Franco en avait décidé ainsi.

Le processus démocratique lancé par Juan Carlos, juste après le décès du dictateur, mettant ainsi son pays sur la bonne voie vers une intégration à la Communauté économique européenne, l’ancêtre de l’UE, a encouragé le monarque bourbon à initier le règlement d’un différend vieux de presque trois siècles avec Londres. Madrid avait cédé, lors du traité d’Utrecht en 1713, le Rocher à la couronne britannique.

Juan Carlos appréhendait la réaction de Hassan II

En dépit de ses succès tant à l’intérieur comme à l’extérieur, Juan Carlos savait très bien que sa demande ne sera pas la bienvenue du côté de Londres mais il redoutait avant tout la réaction du roi Hassan II si son pays venait à réclamer la souveraineté de Gibraltar. L’appréhension du locataire du palais de la Zarzuela était bien évidemment fondée. Sir Anthony Parsons, le conseiller politique aux affaires étrangères du Premier ministre, Mme Margaret Thatcher, a eu en son temps des entretiens avec le souverain espagnol.

Il en a laissé des notes écrites. Celles qui concerne le Maroc font part de menaces du roi du Maroc de récupérer Sebta et Melilla si l’Espagne parvenait à mettre un terme à la présence britannique sur le Rocher. Souvenons-nous de la célèbre déclaration de Hassan II : «Point de solution pour Gibraltar sans le retour de Sebta et Mélilla à la souveraineté du Maroc».

C’est la raison principale, selon Parsons, expliquant le peu d’enthousiasme et la prudence de Juan Carlos à demander le départ des Anglais de Gibraltar. Il souhaitait que cette question «soit traitée sur le long terme et dans la perspective la plus large des relations de l’Espagne avec la Grande-Bretagne et l’Ouest en général», notait Sir Parsons.

Mme Thatcher hostile à la rétrocession du Rocher

Visiblement le gouvernement espagnol dirigé à l’époque par Leopoldo Calvo-Sotelo n’a pas pris en considération les souhaits de son roi, se lançant dans des négociations, décembre 1982, avec les Anglais sur l’avenir de Gibraltar. Un dialogue de sourd s’établissait entre les deux parties. Preuve en est la note écrite du ministre britannique des Affaires étrangères, Francis Pym, dans laquelle, le diplomate rapportait la principale consigne de Mme Thatcher : «Nous n’allons pas discuter la souveraineté. Ils peuvent la soulever, mais nous pouvons rien faire davantage que de les écouter».

Une autre note du chef de la diplomatie de Londres identique à la précédente révélait que la dame de fer avait écrit que son gouvernement était prêt à mettre en application l’accord de 1980 de Lisbonne sur la réouverture des frontières entre l’Espagne et le Rocher, fermées en 1966, «à condition qu’ils comprennent que nous ne négocions pas la souveraineté».

Mme Thatcher a eu gain de cause. Février 1985, le gouvernement du socialiste Felipe Gonzalez mettait un terme à la décision du dictateur Franco. Les autorités de Gibraltar jubilaient. Quelques mois plus tard, Madrid a eu sa récompense, une intégration complète au sein de la Communauté économique européenne. Le véto britannique fut levé.


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