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Tensions et revendications à l’approche de la rentrée 2023/24

À la veille de la rentrée scolaire 2023/24 prévue en septembre prochain, le secteur de l’éducation au Maroc traverse une situation de congestion alarmante, liée aux multiples revendications des différentes franges du corps enseignant. Malgré la signature d’accords successifs avec le gouvernement, ces revendications n’ont pas été satisfaites depuis de nombreuses années, suscitant la colère et la frustration des enseignants.

L’accord d’étape signé le 18 janvier 2022 entre le gouvernement et les cinq syndicats d’enseignement les plus représentatifs se voulait être un prélude à la réforme du système d’éducation et de formation. Cependant, les enseignants titulaires de diplômes, qui attendaient depuis un an la mise en œuvre de cet accord, ont été choqués de voir le gouvernement signer un nouvel accord incluant leur dossier revendicatif sans l’avoir résolu au préalable.

Face à cette situation, plusieurs coordinations, que ce soit celle des enseignants titulaires de diplômes, des enseignants dits « contractuels« , ceux de la « Cellule 9 » ou encore de la « Cellule 10« , ont organisé plusieurs grèves et sit-in pour faire valoir leurs droits, en exprimant leur refus de l’accord du 14 janvier 2023, qu’ils ont qualifié de manœuvre visant à gagner du temps plutôt qu’à résoudre les problèmes en suspens.

Dans ce cadre, en mardi ce 1er août, la Coordination des enseignants de la « Cellule 10 » a organisé un sit-in devant le ministère de Chakib Benmoussa pour réitérer ses doléances.

Alors que la principale revendication des enseignants « contractuels » est l’intégration dans la fonction publique, celle des enseignants titulaires de diplômes concerne leur statut, qui n’a jamais vu le jour malgré les engagements du gouvernement. Les deux catégories exigent également des améliorations de leurs conditions de travail et de leurs salaires.

Face à ces multiples grèves et sit-in des différentes franges du corps enseignants, le ministère de tutelle a réagi en sanctionnant les enseignants grévistes, notamment en effectuant des prélèvements sur salaire qui vont jusqu’à 3.000 Dhs dans certains cas, nous confie Abdellah Ghmimat, secrétaire général de la Fédération nationale de l’enseignement (FNE).

Cette mesure a suscité davantage de tension dans le secteur de l’éducation, ajoute Ghmimat, qui rappelle que les salaires des enseignants en général sont modiques et ne supportent aucun prélèvement. « Il ne leur reste plus rien« , déplore-t-il, exprimant ainsi ses doutes quant au slogan brandi par le gouvernement, à savoir « l’état social ».

Les différentes parties impliquées ont prévu un nouveau cycle de dialogue sectoriel afin d’étudier l’accord du 14 janvier 2023. Cependant, certains mouvements au sein de l’éducation nationale ont dénoncé cet accord, estimant qu’il ne répond pas aux revendications et au contexte de congestion actuel.

Signature d’une panoplie d’accords, la plupart non mis en œuvre

La signature d’accords multiples sans leur mise en œuvre a également été critiquée par les syndicats. Ces derniers affirment que le gouvernement semble plus préoccupé par l’image qu’il renvoie en signant des accords que par la résolution des problèmes réels du secteur de l’éducation.

« La FNE a exprimé son adhésion lors de l’accord préliminaire du 18 janvier 2022, signé entre le gouvernement et les syndicats, en étant convaincue qu’il faut faire avancer les choses et interagir avec les initiatives positives dans l’espoir de sortir les employés du secteur de cette impasse. Mais, malheureusement, un an après cet accord, 90% des points convenus n’ont pas été mis en œuvre« , affirme le syndicaliste.

Après des discussions ayant duré près d’un an, sans pour autant trancher sur les problématiques du secteur, un énième accord est signé, celui du 14 janvier 2023. Selon notre interlocuteur, les points de discorde ont été soumis lors de la première réunion avec le ministre de l’éducation, Chakib Benmoussa.

« Au début, les syndicats s’accrochaient aux positions communes diffusées par la Coordination syndicale, tandis que le MEN campait sur sa position. Mais au final, il y a ceux qui ont choisi de signer l’accord du 14 janvier, d’autres non. Nous étions parmi les syndicats qui n’ont pas signé ni assisté à la réunion, vu qu’on n’a été invité que la veille de la réunion à 22h30. Partant du fait que l’on a sous-estimé le rôle des syndicats, nous avons donc décidé de boycotter la réunion », nous confie le syndicaliste.

Autre point soulevé par Ghmimat concerne le statut unifié de l’enseignant, dont une première version devait voir le jour fin juillet 2023, afin qu’il soit appliqué dès la prochaine rentrée scolaire 2024, comme nous l’a confirmé une source responsable au sein du ministère de Benmoussa. Nous sommes le 1er août et cette première mouture n’a toujours pas vu le jour.

« Des réunions sont tenues chaque semaine, avec un investissement et un sens de la responsabilité importants pour tenir les engagements pris auprès des enseignants et des citoyens. Une première version devrait être prête pour juillet », avait précisé notre source.

Selon Abdellah Ghmimat, même les syndicats les plus représentatifs ayant participé au dialogue social avec le ministère de l’Éducation nationale, notamment la CDT, la FDT, l’UMT et l’UGTM, pour s’accorder sur un statut unifié, n’ont toujours pas reçu cette première version.

En parallèle, plusieurs syndicats et coordinations ont annoncé une série de manifestations à la veille de la rentrée scolaire, à l’instar de la Coordination nationale des enseignants du secondaire qui a annoncé dans un communiqué parvenu à Hespress Fr un sit-in le 4 septembre devant le MEN, exprimant leur intention de ne pas délivrer l’emploi du temps des cours de la saison scolaire 2023-2024, jusqu’à la tenue de leur Conseil national le même jour.

La situation reste donc tendue, et les prochains rounds de dialogue entre les syndicats et le gouvernement seront déterminants pour débloquer cette crise et trouver des solutions concrètes aux problèmes du secteur.

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