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Bons du Trésor, pourquoi les banques continuent de bouder les appels de BAM – Aujourd’hui le Maroc

Les établissements bancaires n’ont pas présenté de nouvelles demandes suite à l’appel d’offres de lundi

Finances : Depuis quelques semaines, les appels d’offres de Bank Al-Maghrib (BAM) se suivent et se ressemblent. Alors que la banque centrale organise des appels d’offres relatifs à des opérations structurelles d’achat de bons du Trésor (BdT) à destination du secteur bancaire, ce dernier continue de bouder ses opérations. Les détails.

Une énième tentative sans résultats pour Bank Al-Maghrib (BAM) qui vient d’organiser, lundi, un appel d’offres relatif à une opération structurelle d’achat de bons du Trésor (BdT) sur le marché secondaire auprès des banques contreparties aux opérations de politique monétaire, conformément à la décision du wali n° 80-W-20 et à la lettre circulaire n° LC-BKAM-2020-8 relatives aux instruments de politique monétaire. Les banques n’ont pas présenté de demandes pour cet appel d’offres, indique la banque centrale dans un communiqué. Ainsi, l’encours global des opérations structurelles de Bank Al-Maghrib s’est maintenu à 15,6 milliards de dirhams (MMDH). Ce n’est pas la première fois que les banques ne présentent pas de demandes, ce qui commence à soulever des interrogations. En effet, la banque centrale avait effectué, dans une première historique, dès le mois de janvier 2023, plusieurs interventions sur le marché financier secondaire pour des bons du Trésor afin de rétablir la demande sur ces instruments financiers.
Motifs

Bank Al-Maghrib avait organisé une conférence de presse pour expliquer les motifs de l’opération de rachat de bons du Trésor sur le marché secondaire. Le responsable par intérim de la direction des opérations monétaires et des changes à Bank Al-Maghrib (BAM), Younes Issami, avait alors affirmé que l’opération menée par BAM sur le marché secondaire n’a pas eu d’impact sur la taille du bilan de la banque centrale précisant que «ce qui a été fait autour des achats des bons du Trésor a été réduit de la demande des banques sur le plan des avances à sept jours». «On a eu une baisse de 13 milliards de dirhams (MMDH) sur les avances contre 16 MMDH de rachat des bons du Trésor», avait-il relevé, notant que le décalage des 3 MMDH est lié aux autres facteurs, dont la circulation fiduciaire. BAM avait organisé deux appels d’offres relatifs à une opération structurelle de rachat des bons du Trésor sur le marché secondaire auprès des banques contreparties aux opérations de politique monétaire, conformément à la décision du wali n° 80-W-20 et à la lettre circulaire n° LC-BKAM-2020-8 relatives aux instruments de politique monétaire. Ces deux opérations ont enregistré respectivement des demandes globales de 15 MMDH et de 1,3 MMDH, totalement satisfaites par la banque.

Baisse

Pour les responsables, la décision d’investir le marché secondaire vient comme une réponse à la forte baisse de la demande constatée lors des séances des adjudications organisées chaque mardi par le Trésor pour financer son déficit budgétaire. Selon la même source, cette baisse de la demande sur les bons du Trésor intervient suite à l’atteinte de la limite des bons détenus par les banques, fixée par leurs départements de risque, et ce en raison de la hausse des taux qui a impacté négativement la performance des portefeuilles détenus. Cette baisse est également expliquée par les craintes des investisseurs par rapport aux anticipations d’évolution des taux d’intérêt, liées principalement aux révisions à la hausse du taux directeur. Pour BAM, cette opération d’«open market» a été mise en place de manière à contribuer à l’amélioration de la liquidité sur le marché des bons du Trésor en adéquation avec la conduite actuelle de la politique monétaire et l’indépendance de la banque centrale. Selon les responsables de la banque centrale, l’objectif n’est pas d’influencer le taux d’inflation, mais de rétablir la demande sur les bons du Trésor.

Intervention

Dès le mois de décembre 2022, le wali de BAM, Abdellatif Jouahri, avait annoncé que Bank Al-Maghrib pourrait intervenir sur le marché des bons du Trésor pour le réguler et offrir de la liquidité aux investisseurs. «Si cette intervention est opérée, elle sera la première dans l’histoire de Bank Al-Maghrib», avait fait savoir M. Jouahri lors du point de presse à l’issue de la 4ème et dernière réunion trimestrielle de 2022 de BAM, notant que la banque centrale peut intervenir sur le marché obligataire à tout moment si elle l’estime nécessaire. BAM continue de jouer la prudence. C’est d’autant plus vrai que Bank Al-Maghrib vient de décider une nouvelle hausse de son taux directeur. Le 21 mars dernier, BAM a décidé de relever le taux directeur de 50 points de base à 3% et ce, pour prévenir l’enclenchement de spirales inflationnistes auto-entretenues et renforcer davantage l’ancrage des anticipations d’inflation en vue de favoriser son retour à des niveaux en ligne avec l’objectif de stabilité des prix.

C’est la décision phare du Conseil de la banque centrale. Celle-ci continuera de suivre de près l’évolution de la conjoncture économique et les pressions inflationnistes, tant au niveau national qu’international. «Le Conseil a analysé l’évolution de la conjoncture économique nationale et les projections macroéconomiques de la banque pour les huit prochains trimestres. Il s’est arrêté en particulier sur la transmission de ses dernières décisions de relèvement du taux directeur. Le Conseil a relevé à cet effet que malgré une relative atténuation des pressions d’origine externe, les données récentes montrent que l’inflation continue de s’accélérer sous l’effet notamment de chocs d’offre internes sur certains produits alimentaires», avait expliqué BAM dans un communiqué. Reste à savoir si les banques vont continuer de bouder les appels d’offres organisés par la banque centrale au cours des prochaines semaines. Les observateurs continuent de débattre encore de l’impact de la dernière hausse du taux directeur sur le marché financier et le secteur bancaire.
Pour rappel, la traditionnelle conférence de presse du wali de Bank Al-Maghrib à l’issue du conseil d’administration de la banque centrale avait été annulée à la dernière minute. Aujourd’hui, des voix commencent à se lever pour inviter le numéro un de la banque centrale au Parlement dans le but de débattre de la politique monétaire poursuivie par BAM et son impact concernant la maîtrise du taux d’inflation. Affaire à suivre.

Ces opérations d’«open market» ont été mises en place de manière à contribuer à l’amélioration de la liquidité sur le marché des bons du Trésor. (D.R)

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Finances publiques

Prévisions.

Selon la banque centrale, le déficit budgétaire devrait poursuivre sa tendance baissière à la faveur principalement de l’amélioration attendue des rentrées aussi bien fiscales que non fiscales. Il devrait ainsi, selon les projections de Bank Al-Maghrib, s’atténuer à 4,7% du PIB en 2023 puis à 4,3% en 2024. S’agissant des conditions monétaires, les dernières données disponibles relatives au quatrième trimestre 2022 indiquent un accroissement du taux débiteur moyen global de 26 points de base à 4,50%.

En parallèle, les taux créditeurs ont augmenté d’un trimestre à l’autre de 17 points de base pour les dépôts à 6 mois et de 18 points pour ceux à un an. Par ailleurs, au regard de la hausse prévue de la circulation fiduciaire, le besoin de liquidité des banques se creuserait de 80,9 milliards de dirhams en moyenne hebdomadaire en 2022 à 86,7 milliards à fin 2023 et à 99,1 milliards à fin 2024. Pour ce qui est du crédit bancaire au secteur non financier, après un bond de 7,8% en 2022, il devrait progresser de 4% en 2023 et de 4,6% en 2024. Cette prévision tient compte de l’évolution attendue de l’activité économique, d’un effet de base lié à la hausse sensible en 2022 des besoins de financement de trésorerie des entreprises, ainsi que des anticipations du système bancaire.

La décision d’investir le marché secondaire vient comme une réponse à la forte baisse de la demande constatée lors des séances des adjudications organisées chaque mardi par le Trésor pour financer son déficit budgétaire. (D.R)

Indicateurs phares

BAM avait organisé dès janvier 2023 les premiers appels d’offres relatifs à une opération structurelle de rachat des bons du Trésor sur le marché secondaire auprès des banques contreparties aux opérations de politique monétaire.

 

Les deux premières opérations avaient enregistré respectivement des demandes globales de 15 MMDH et de 1,3 MMDH, totalement satisfaites par la banque centrale.

L’encours global des opérations structurelles de Bank Al-Maghrib s’est maintenu à 15,6 milliards de dirhams (MMDH) sachant que les opérations organisées ces derniers mois par BAM n’ont pas été suivies par les banques.

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