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la réglementaire est à la traîne (Badr Ikken)

Badr Ikken, président exécutif du Green Innov Industry Investment (Gi3).

Si les stratégies relatives à la transition énergétique au Maroc sont en avance, la réglementaire est encore à la traîne. C’est ce qu’a indiqué Badr Ikken, président exécutif du Green Innov Industry Investment, invité de «L’Info en Face». Il note également qu’avec un gisement gigantesque, le défi du Maroc est désormais d’exporter les énergies propres. Il estime, par ailleurs, que le secteur de l’hydrogène vert peut attirer des investisseurs étrangers et connaitre ainsi le même essor que l’industrie automobile.

Si l’un des défis majeurs pour le Maroc est de renforcer son positionnement sur l’échiquier mondial des énergies renouvelables, tous les éléments sont regroupés pour atteindre cet objectif. «Aujourd’hui, nous avons l’expertise qu’il faut, un tissu industriel qui est en train d’évoluer, une Charte d’investissement qui encourage l’investissement et qui donne l’opportunité d’avoir une subvention qui peut aller jusqu’à 30%, ce qui va aussi nous permettre d’être compétitif», a affirmé, Badr Ikken. Le président exécutif du Green Innov Industry Investment (Gi3) s’exprimait lors de son passage dans l’émission «L’Info en Face» du Groupe «Le Matin», animée par Rachid Hallaouy. L’expert qui a partagé sa lecture des défis de la transition énergétique est convaincu que le Royaume a tout à y gagner en jouant les bonnes cartes et vite.

Il relève dans ce sens que «si aujourd’hui les stratégies sont bien là, la partie réglementaire est encore à la traîne». Et de souligner qu’il devient urgent d’accélérer la mise en œuvre du cadre réglementaire. Citant comme exemple la loi 82-21 sur l’autoproduction, Badr Ikken indique qu’il faut un délai de 4 ans pour que le texte soit opérationnel et adopté. «Personnellement, j’espère que nous n’allons pas attendre encore 4 ans pour pouvoir commencer la mise en œuvre des projets», lance-t-il. Idem pour la loi 13-09 relevant des énergies renouvelables et de sa nouvelle mouture, 40-19. «Cette dernière va permettre une ouverture au niveau de la moyenne tension permettant à des tiers de produire et de revendre de l’électricité à moindre coût. Là encore, il va falloir accélérer la cadence», souligne l’invité de «L’Info en Face».

Le Maroc peut compter sur le Pacte national pour l’investissement qui soutient la transition énergétique

M. Ikken est convaincu que le pacte national pour l’investissement est un accélérateur de la transition énergétique au Maroc. «C’est très intéressant lorsque nous voyons les instruments qui ont été mis en place. Nous parlons d’à peu près 55 milliards de dollars sur 5 ans, avec un objectif de création d’emplois», se félicite-t-il. Selon lui, ceci devrait permettre le développement industriel et la création d’emplois verts et d’industries vertes, puisqu’il y aura la possibilité de co-financer des installations propres. C’est une excellente opportunité et un excellent instrument pour pouvoir accompagner la dynamique et la transition énergétique dans le secteur. Et in fine, déployer le grand potentiel à l’export du Maroc. «Une usine qui emploie 1.000 personnes pour 1.000 mégawatts ici au Maroc serait compétitive, elle ne le serait pas ou très difficilement en France, en Espagne ou en Allemagne. Donc là, clairement nous avons une carte à jouer même à l’export», explique Badr Ikken. Interrogé par Rachid Hallaouy sur l’infrastructure conventionnelle existante, le président exécutif du Gi3 explique que l’existant doit suivre cette évolution vers les énergies renouvelables. «Un producteur de composants électriques classiques pourrait, par exemple, se spécialiser dans la fabrication de bornes de recharge de voitures électriques ou d’onduleurs pour panneaux solaires, etc. Nous devons voir les choses différemment».

Hydrogène vert : L’avantage marocain

Le Royaume bénéficie d’un grand gisement solaire et éolien. Il s’agit même de l’une des forces et spécificités du pays. «Nous avons des sites qui combinent éolien et solaire. D’un côté, des vitesses de vent élevées avec du vent qui souffle à 60-70% du temps et, d’un autre côté, du rayonnement solaire. Quand vous avez les deux, vous pouvez produire de l’électricité presque 24 h/24». L’invité précise que le Maroc est même le premier pays arabe et africain à publier une feuille de route hydrogène, avec une approche qui diffère de l’approche initiale relative au solaire. «Contrairement au solaire, où nous voulions que tout soit porté par le public et par l’État, aujourd’hui, le secteur public met en place un environnement favorable et laisse le privé agir pour développer des projets dans ce secteur», relève-t-il.

Avec un gisement gigantesque qui représente un potentiel théorique dans le solaire dépassant les 48.000 térawattheures et de plus de 11.000 dans l’éolien, le défi du Maroc est désormais d’exporter cette énergie et de la revendre. «L’avantage avec l’hydrogène vert, c’est que nous pouvons commencer cet export et cette valorisation très rapidement en utilisant des infrastructures existantes», souligne Badr Ikken. L’expert prend l’exemple de l’ammoniac et des installations disponibles pour importer plus de 2 millions de tonnes par an. «Lorsque nous produirons notre ammoniac vert, nous pourrons utiliser ces infrastructures pour exporter autant. C’est un avantage. Nous pourrons également utiliser le transport maritime pour le début avant de parler de pipelines ou de gazoducs». Et d’ajouter : «Nous pouvons imaginer le secteur de l’hydrogène vert comme celui de l’automobile. C’est-à-dire que nous allons avoir des investisseurs étrangers qui vont venir s’installer au Maroc et utiliser ce gisement renouvelable. C’est pour ça qu’il y a une offre Maroc qui est en train de voir le jour». C’est ainsi que le Royaume pourra commencer à exporter cette matière première vers l’étranger «et avoir un chiffre d’affaires et un marché colossal». Badr Ikken souligne également l’importance de l’intégration industrielle. «Il faut une montée en puissance. C’est l’avantage que nous avons avec l’hydrogène vert». En effet, selon lui, contrairement au solaire où le pays avait plus d’une dizaine d’années de retard, avec l’hydrogène vert, «nous assistons à l’émergence de ce secteur au niveau mondial et nous avons clairement notre chance de nous positionner».


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