EconomieLe Matin

Le FMI recommande au Maroc d’accroître ses recettes fiscales

Kristalina Georgieva, DG du FMI.

Face à une nouvelle année 2023 qui s’annonce difficile, Kristalina Georgieva appelle les gouvernements des pays arabes à renforcer la résilience des finances publiques pour protéger les populations, les économies et le climat. La DG du FMI salue notamment le Maroc qui élimine progressivement les subventions onéreuses pour les remplacer par des aides sociales ciblées. Elle préconise, néanmoins, à tous les pays de la région d’accroître les recettes fiscales et d’approfondir la coopération multilatérale, en s’inspirant de la détermination et de l’esprit d’équipe des footballeurs marocains lors de la dernière Coupe du monde.

«Le moment est venu de passer aux actes». Par ce message, Kristalina Georgieva appelle les gouvernements des pays arabes à augmenter leurs recettes fiscales afin de renforcer la viabilité des finances publiques pour protéger les populations, les économies et le climat. La directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), qui s’exprimait dimanche à Dubaï lors de la 7e édition du Forum arabe des finances publiques, a également indiqué que 2023 est une nouvelle année difficile. Et tout retard pris dans la mise en œuvre de réformes indispensables risquerait de compromettre les perspectives économiques et les finances publiques des pays de la région.

Les solutions étant nécessairement collectives, les pays arabes peuvent «s’inspirer de la détermination et de l’esprit d’équipe des footballeurs marocains lors de la Coupe du monde organisée par le Qatar». Selon Kristalina Georgieva, la croissance mondiale reste faible, elle ralentirait à 2,9% en 2023 après 3,4% l’an dernier. La croissance devrait aussi chuter au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, pour passer de 5,4% en 2022 à 3,2% cette année. Les baisses de production décidées par l’OPEP+ pourraient réduire les recettes globales des pays exportateurs de pétrole. Quant aux pays importateurs de pétrole, ils pourraient se heurter à des difficultés persistantes. La dette publique est particulièrement préoccupante : plusieurs pays de la région présentent des ratios dette/PIB élevés, dont certains avoisinent les 90%. En outre, l’inflation devrait dépasser les 10% dans la région, au-dessus de la moyenne mondiale, estimée à 6,6% cette année, et à 4,3% en 2024, qui reste supérieure aux niveaux observés avant la pandémie.

Pour les pays émergents et les pays à faible revenu de la région, cette situation tient aux effets prolongés de la hausse des prix des denrées alimentaires ; dans certains cas, la dépréciation des monnaies nationales joue également un rôle. Dans ce contexte, la guerre en Ukraine et des catastrophes climatiques pourraient aggraver les effets des pénuries alimentaires sur les plus fragiles. Déjà, le chômage reste très élevé, notamment chez les jeunes. De même, le durcissement des conditions financières, au niveau national comme au niveau international, pourrait entraîner une forte hausse des coûts de l’emprunt et, dans certains cas, l’assèchement des financements.

Les principes directeurs du FMI pour renforcer la résilience des Etats

Face à ces enjeux, la DG du FMI a mis en avant trois principes directeurs pour aider les pays à renforcer leur résilience en mobilisant leur politique budgétaire.

Le premier consiste à se doter d’un cadre solide pour la conduite de la politique budgétaire et la gestion des risques budgétaires, face à un monde marqué par les chocs et l’incertitude. En effet, la volatilité des prix de l’énergie et des denrées alimentaires dans la région contraint les autorités à intervenir pour protéger les plus fragiles, tout en préservant leurs plans de développement et d’investissement. À cette fin, elles doivent disposer de ressources financières suffisantes et planifier minutieusement leur emploi. «Pour y parvenir, le Maroc élimine progressivement les subventions onéreuses et non ciblées pour les remplacer par des aides sociales ciblées», a salué Kristalina Georgieva.

Le deuxième principe vise à planifier et à investir sur le long terme pour surmonter les difficultés liées au changement climatique. Et pour cause, la région MENA se réchauffe deux fois plus vite que le reste du monde. Il s’agit notamment des investissements dans des infrastructures résistantes aux effets du changement climatique et dans des systèmes d’alerte précoce, mais aussi dans les énergies renouvelables et la décarbonation de l’économie des pays. «Les autorités des pays de la région ont chiffré à plus de 750 milliards de dollars leurs besoins de financement pluriannuels en la matière. De tels besoins ne seront satisfaits qu’à condition que des politiques publiques et des solutions financières judicieuses soient mises en place», détaille la patronne du FMI.

Le troisième principe porte sur l’accroissement des recettes fiscales. Le ratio moyen impôts/PIB, hors recettes tirées des hydrocarbures, n’est encore qu’à environ 11%, ce qui représente moins de la moitié des recettes fiscales potentielles. Rappelons que pour le cas du Maroc, la différence entre la perception effective et potentielle des impôts représente environ 12% du PIB (hors pétrole et gaz). Le ratio recettes fiscales/PIB atteint, en effet, 21,6% alors que le potentiel se situe à 33,8% du PIB, souligne une étude du FMI publiée en juillet 2022.

Comment améliorer les politiques fiscales 

«Il est possible d’obtenir de meilleurs résultats en améliorant la conception des politiques fiscales et en mettant fin aux exonérations fiscales qui n’ont pas fait la preuve de leur efficacité.», recommande Kristalina Georgieva aux pays arabes. Pour augmenter les recettes de l’État, il est également essentiel de moderniser l’administration fiscale via notamment les solutions numériques. Par ailleurs, le FMI plaide pour l’approfondissement de la coopération multilatérale pour permettre de rétablir la viabilité de la dette de certains pays de la région. «Dans ce domaine, l’esprit d’équipe doit prévaloir», a insisté Kristalina Georgieva, tout en soulignant que «le monde arabe dispose d’une solide expérience en matière de coopération».

À ce titre, le Groupe de coordination arabe a annoncé l’année dernière des aides financières à hauteur de 10 milliards de dollars. De son côté, le FMI a accordé quasiment 20 milliards de dollars de financement à certains de ses pays membres de la région. «En outre, sur les 650 milliards de dollars de notre allocation record de droits de tirage spéciaux (DTS) de 2021, plus de 37 milliards ont bénéficié au monde arabe.»

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