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Après la suspension provisoire de l’école, place aux mesures d’urgence

Le Maroc est en deuil, l’école dans la province d’Al-Haouz aussi. Les images saisissantes des écoles et de petites classes lourdement ébranlées par le séisme, dont l’épicentre a eu lieu à Al-Haouz, inondent les réseaux sociaux. Certains enseignants pleurent leurs élèves ayant trouvé la mort dans les effondrements alors que les enfants pleurent, à leur tour, leurs parents ou même toutes leurs familles parties en quelques secondes dans la nuit tragique du 8 septembre.

Difficile de faire classe quand il n’y a plus d’écoles et surtout quand les circonstances de la vie changent. Car, c’est clair, tout le monde travaille d’arrache-pied dans une course contre la montre pour sauver les vies, toujours sous les décombres.

« Quelques secondes furent suffisantes pour chambouler toute notre vie. Rien n’est comme avant car le douar s’est effondré sur ses habitants. Moi-même, je ne sais pas comment je suis sortie vivante du lieu », indique Zainab, enseignante qui travaillait dans un douar de la commune de Tanfakoult à Taroudant. 

L’enseignante a lancé un cri sur les réseaux sociaux déplorant la perte de ses élèves : « Tous mes élèves sont morts », a-t-elle indiqué dans un premier temps avant d’ajouter quelques heures après que, par grâce de Dieu, il y a eu des survivants. Ce qui fut une grande consolation. Toutefois, l’espoir est encore permis puisque « le nombre de morts ou de blessées dans le douar n’est pas encore connu. Même si l’école du douar n’est plus qu’un amas de gravats qui rendent l’accès impossible », explique Zainab.

Toujours à Taroudant, les habitants ne semblent pas inquiets de l’école, mais plutôt de quelques enseignants qui sont toujours sous les décombres et d’autres durement blessés.  « Je n’ai pas de nouvelles des maîtres d’écoles d’ici, mais j’ai appris qu’une enseignante a été gravement blessée. Pour nos enfants, l’école n’est pas obligatoire dans cette situation d’autant plus que les classes sont gravement endommagées », indique Mohamed, père de trois enfants scolarisés dans une ancienne école du même douar.

« Il faut qu’on arrive à nous relever de cette situation difficile. Nos enfants veulent retourner à l’école mais je préfère qu’ils restent près de moi », ajoute-t-il 

La situation est la même dans plusieurs autres douars reculés de la province d’Al-Haouz. Les écoles qui n’ont pas été totalement détruites ont subi des dommages conséquents, privant les enfants des chemins des classes et rendant un retour proche à la normale encore plus difficile. Face à cette situation, et deux jours après le violent séisme qui a frappé la province, le ministère de l’Education nationale, de l’Enseignement préscolaire et du Sport a annoncé, dimanche, la suspension de la scolarité dans les communes rurales et les douars les plus touchés par le séisme, relevant des provinces d’Al-Haouz, de Chichaoua, de Taroudant (totalisant 42 communes, selon le dernier recensement à ce jour) à compter du lundi.

Cette mesure intervient en attendant la mise en œuvre d’un Plan spécial qui prévoit les modes d’enseignement et logistiques locaux adéquats à mobiliser dans les jours à venir. L’idée étant de garantir la continuité pédagogique pour les élèves concernés au cours des prochains jours.

Bien que les détails de ce plan ne sont pas encore annoncés, un travail de longue haleine se fait dans les académies et directions provinciales avec les établissements d’enseignement concernés afin de mettre en place les mesures nécessaires pour permettre aux élèves sinistrés de continuer leurs études dans de bonnes conditions.

Contacté par « L’Opinion », une source au sein de l’Académie régionale d’Education et de Formation, région Marrakech-Safi, a précisé que l’Académie a tenu une réunion de travail avec les autorités locales pour examiner les alternatives possibles et de faire en sorte que les enfants puissent retourner à l’école quand les conditions le permettront. Allant beaucoup plus loin, les différentes parties prenantes examinent les solutions possibles pour la reconstruction dans un futur proche des écoles qui sont toujours en ruines. Car oui, reconstruire les infrastructures liées à l’éducation et fournir aux élèves et aux enseignants du matériel pédagogique, est urgent pour permettre aux enfants, toujours traumatisés par l’événement tragique d’Al-Haouz, de retrouver un sentiment de normalité dans leur vie, selon les spécialistes.

En attendant l’aboutissement de cette vision, « des commissions techniques se sont, d’ores et déjà, rendues dans les établissements d’enseignement à Marrakech, par exemple, pour évaluer les dégâts afin de décider de la reprise des cours dans ces écoles», nous a indiqué le président de l’Association des parents d’élèves, Nouredine Akkouri.

Quant à la province d’Al-Haouz, notre interloucteur estime que c’est encore tôt de parler d’une reprise du moment que les secouristes s’activent toujours pour sauver les vies. Cependant, poursuit-t-il, bien que le mode à distance ne pourrait pas servir dans de telles conditions, où les lieux ne sont pas couverts par le réseau internet, il reste à examiner la mise en place de tentes dans les lieux sécurisés pour assurer la scolarisation des enfants sinistrés. A part ça, les académies régionales pourront opter pour le système d’alternance entre les élèves, selon le nombre de classes qualifiées dans les communes rurales touchées par le séisme.

De plus, de telles mesures d’urgence ne pourront pas être mises en place que suite à un travail de recensement des enfants scolarisés afin d’évaluer le besoin en éducation dans les lieux concernés. Un travail qui reste en tout cas très difficile à faire du moment que les recherches se poursuivent pour secourir les victimes, quatre jour après la nuit tragique du 8 septembre.

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