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Aux origines de la tradition «Flouss l’Aïd»

Détrompez-vous, les enfants ne sont pas les seuls à recevoir une somme d’argent le jour de l’Aïd Al Fitr. Au Maroc, depuis bien longtemps, certaines femmes reçoivent ce que l’on appelle, « le droit du sel » ou « hekk el melh ». L’origine de cette appellation est liée au fait que lorsque les femmes au foyer (ou femmes actives) préparent la nourriture pour la famille pendant le ramadan, elles doivent parfois goûter la nourriture sans l’avaler afin de s’assurer qu’elle est modérément salée avant de la servir.

Cette coutume vieille comme le jeûne veut que la femme qui a nourri la famille pendant le mois de ramadan reçoive un cadeau de valeur, généralement une pièce d’or ou une modique somme d’argent que le chef de famille lui remet le matin de l’Aïd.

Cette tradition consiste pour la femme à présenter une assiette de friandises accompagnée d’une tasse de café ou d’un verre de thé au chef de famille à son retour de la prière de l’Aïd, mais il ne la rend pas vide, il y glisse une bague, un bracelet ou une somme d’argent, en guise de cadeau à sa bien-aimée.

Selon de nombreux historiens, «hekk el melh» trouve son origine dans le passé ottoman, lorsqu’un riche marchand, attablé avec sa famille le matin de l’Aïd, répartissait ce que l’on appelle le «cadeau de l’Aïd», composé de pièces d’argent et d’or, entre ses enfants, jusqu’à ce qu’une pièce soit tombée dans la tasse de café et que la femme dise en plaisantant : «C’est ma part». En lavant la tasse, la femme s’est rendu compte que la pièce était de faible valeur. Elle est donc retournée voir son mari en protestant : «Cette somme ne vaut même pas le sel que tu as goûté, c’est-à-dire le prix du café», et le mari l’a alors dédommagée en lui donnant un dinar d’or. La femme alla ensuite le raconter à ses voisines, en déclarant : «Regardez le prix de la dégustation du sel, il n’y a pas de prix pour le café». Depuis, le cadeau offert à l’épouse le matin de l’Aïd est devenu une tradition dans cette partie du monde.

D’autres chercheurs ont fait remarquer que cette tradition existe également en Libye et en Tunisie, où elle est connue sous le nom d’»al-Kabira». 

Il convient toutefois de rappeler que dans le vieux temps, les femmes préparaient les repas dans des conditions plus contraignantes et précaires, en l’absence des moyens commodes, et la famille était souvent plus nombreuse, ce qui les obligeait à passer de longues et pénibles heures à élaborer les mets particuliers de l’Iftar.

Aujourd’hui encore, au cours du mois sacré du ramadan, malgré l’existence de commodités plus sophistiquées, elles ne ménagent aucun effort pour fournir à leur famille des plats délicieux et s’acquitter des tâches ménagères malgré la fatigue du jeûne, sans se faire prier et encore moins se plaindre. C’est pourquoi les Marocains ont introduit, le jour de l’Aïd al-Fitr, ce rituel en l’honneur de leurs épouses et en considération de leur dur labeur tout au long du mois de ramadan.

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