Santé

En corps heureux : « La dernière fois que je me suis pesée, c’était il y a treize ans »

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L’histoire de mon corps, et de ma relation avec lui, s’est scellée juste avant mes 13 ans. J’ai eu un très grave accident de la circulation. Plusieurs semaines à l’hôpital, une énorme opération à la jambe droite, une hanche fracturée en plusieurs endroits, cervicale fêlée, visage abîmé, des années de rééducation. Le début de mon adolescence a été marqué par cette convalescence, donc les changements de la puberté sont un peu passés au second plan. Notamment mes règles, que j’ai accueillies sans émotion particulière. J’étais très maigre pour deux raisons : la fonte musculaire due à mes blessures mais aussi une tendance à la minceur dans la famille. J’enviais les formes de mes amies, cachais ma maigreur dans des vêtements très amples, l’influence hip-hop de mon look (tops larges, slims, grosses sneakers…) date d’ailleurs de cette époque. Je n’aimais pas ma poitrine quasi plate. Même si je n’ai jamais eu de remarques désobligeantes dessus, je rêvais d’avoir de plus gros seins. Spoiler : ce n’est jamais arrivé, même pas pendant mes grossesses et mes allaitements. Ces petits seins, j’ai appris à les aimer avec l’âge.
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GRANDIR TRÈS VITE

Les hospitalisations, multiples opérations et années de kiné ont vraiment impulsé quelque chose de puissant dans ma relation avec mon corps. Ça m’a mise face à lui de façon brutale, traumatisante et extrêmement douloureuse, j’ai dû grandir très vite. Je n’ai pas vraiment eu le choix. Puis j’ai vu mon corps guérir et se remettre lentement de cet événement terrible. Je crois que je suis en phase avec lui depuis ce moment. J’ai énormément de respect pour ce qu’il a accompli. Et l’habitude des examens et manipulations m’a fait devenir sa meilleure porte-parole au niveau médical, gynéco et obstétrique… Ça a eu un impact à plein de niveaux dans ma vie, à commencer par la douleur. Je ne l’appréhende plus, n’en ai plus peur et ça m’a notamment aidée pour mes accouchements.

MAUVAIS SOUVENIRS

Parce que oui, je garde de merveilleux souvenirs de mes accouchements. Mes deux filles sont nées dans l’eau. Ça a toujours été mon élément, j’y suis très à l’aise et j’ai adoré ça. Je me suis préparée à gérer le travail sans péridurale, avec une méthode d’hypnothérapie et… l’aide de ma sœur, qui a passé des heures à me masser pendant les contractions, la première fois. Ça me paraissait une perspective beaucoup plus agréable qu’une anesthésie, qui fait remonter systématiquement de mauvais souvenirs, mes multiples opérations et les réveils vraiment affreux qui suivaient. 

COUDE CASSÉ

Mais cette résistance assez inédite à la douleur a pu aussi me jouer des tours dans la vie : attendre vingt-quatre heures pour aller à l’hôpital avec un coude cassé, par exemple. J’étais tombée un soir avant de sortir, en voulant éviter mon bébé qui ne voulait pas que je parte et essayait de me retenir. Je portais des talons hauts (quelle idée avec mon mètre 80 !), j’ai trébuché et tout de suite su que c’était cassé, la douleur était lancinante. Le père de mes enfants et moi allions à un mariage, j’ai refusé de manquer cet événement, et on y est allés quand-même. Champagne et paracétamol toute la soirée. Le lendemain, la douleur était pire, j’ai fini par enfin aller aux urgences : l’équipe n’en revenait pas… Je me blesse rarement, mais quand ça arrive, je ne fais pas les choses à moitié, tout en restant très calme.

BAIGNADES GLACÉES

Je ressens aussi ce calme-là quand je vais nager dans la mer ou dans des lacs en hiver, sans combinaison. Mon record : deux degrés ! Je n’ai rien d’une compétitrice pourtant, le dépassement de soi n’est pas un moteur pour moi. J’ai un léger souffle au cœur, donc je déteste tout ce qui me fait prendre conscience de cette limite, tout ce qui est cardio, courir par exemple c’est niet, même 5 minutes ! Et je suis trop paresseuse pour raffermir mon ventre que je trouve toujours trop mou, pas assez plat. En revanche je peux nager des heures. Pendant mes baignades glacées et les heures qui les suivent, ces moments qu’on partage toujours à plusieurs, qu’on anticipe dans une excitation collective, je trouve une sensation de jubilation difficile à décrire. Avec l’odeur de mes filles, la meilleure odeur du monde, c’est l’un des grands plaisirs sensoriels de ma vie. Presque une drogue alors que… je suis frileuse ! Je vis en Europe du Nord, sous la pluie, le froid, le gris une bonne partie de l’année… Alors l’été, je ressens vraiment jusque dans mes os le besoin de soleil et de chaleur. Du coup mes vacances en France me transforment en lézard, qui prend le soleil le plus possible sous son indice 50.

NE JAMAIS SE PESER

Quand je parlais de confiance dans mon corps, elle se manifeste aussi dans mon rapport à mon poids. Je ne le connais pas. Je ne me pèse jamais. Pas parce que j’évite le sujet. Mais parce que je n’ai jamais ressenti le besoin de contrôler mon poids. Enfant et ado, il y avait une balance à la maison mais je ne m’en servais pas. Je crois que la dernière fois que je me suis pesée remonte à ma deuxième grossesse, il y a treize ans ! Je me fie plutôt à mes vêtements et à la façon dont je me sens dedans. Même si je suis un peu moins fine aujourd’hui, je sais que je fais la même taille de confection (40 en haut et en bas) qu’à mes vingt ans et ça me suffit. Le fait que la « masse » du corps ne soit pas un sujet se répercute dans plein de domaines annexes : la nudité, la sexualité, mes zones érogènes, dont mes fameux petits seins font partie, oui ! Mais aussi le côté gauche de mon cou, ne me demandez pas pourquoi…

BLONDE EN NOIR

Je retrouve aussi cette forme de sérénité et de stabilité dans ma manière de m’habiller et de me maquiller. Mon style n’a pas bougé depuis que je suis entrée dans l’âge adulte, j’aime les formes et coupes simples, je porte énormément de noir, couleur que j’affectionne depuis toujours et qui contraste bien – enfin je trouve ! – avec mes cheveux blonds et mes yeux bleus. Je possède assez peu de vêtements, et chaque achat est très réfléchi. Côté maquillage, rien n’a bougé depuis l’adolescence non plus : ombre à paupières marron foncé, mascara noir, poudre, blush, gloss sur les lèvres, pas de fond de teint. J’ai inconsciemment copié ma mère, qui se maquille elle aussi assez simplement, même si je mets plus de fard qu’elle, et des couleurs plus sombres. Less is more ! Ça résume bien mon look, mais moins mon appartement. Parce que côté déco, je me lâche !

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