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Russie : Wagner perd sa tête

L’agence Rossaviatsia a confirmé qu’Evguéni Prigojine se trouvait à bord de l’avion effectuant un vol entre Moscou et Saint-Pétersbourg qui s’est écrasé dans la région de Tver.

« Selon la compagnie aérienne, les passagers suivants se trouvaient à bord de l’avion Embraer – 135 », a indiqué Rossaviatsia en citant le nom de Prigojine mais aussi celui de son bras droit Dmitri Outkine.

« Il y avait dix personnes à bord, dont trois membres d’équipage. Selon les premières informations, toutes les personnes à bord sont décédées », avait indiqué un peu auparavant sur Telegram le ministère russe des Situations d’urgence.

Selon lui, cet avion privé Embraer Legacy s’est écrasé près du village de Kujenkino, dans la région de Tver, au nord-ouest de Moscou.

Des vidéos dont l’AFP n’a pas pu confirmer l’authenticité ont été diffusées sur plusieurs chaînes Telegram se disant liées à Wagner, montrant des débris en feu dans un champ ou encore un appareil tombant du ciel.

Selon un responsable des services de secours cité par l’agence Ria Novosti, les corps de huit personnes ont jusqu’à présent été retrouvés sur le site du crash. L’agence TASS a, elle, mentionné sept corps récupérés.

Une enquête a été ouverte pour « violation des règles de sécurité du transport aérien ». « Une équipe d’enquêteurs a été envoyée sur les lieux (…) pour établir les causes de l’accident », a indiqué dans un communiqué le Comité d’enquête russe.
 

 
Evguéni Prigojine a été à l’origine en juin d’une rébellion dirigée contre l’état-major russe et le ministre de la Défense Sergueï Choïgou, menée par ses hommes, qui ont brièvement capturé des sites militaires dans le sud de la Russie avant de se diriger vers Moscou.
Vladimir Poutine l’avait qualifié de « traître », sans prononcer son nom.

Prigojine avait rapidement renoncé à cette mutinerie, en plein conflit en Ukraine. Elle avait pris fin le 24 juin au soir avec un accord prévoyant son départ au Bélarus, tandis que ses combattants pouvaient l’y rejoindre, entrer dans l’armée russe régulière ou retourner à la vie civile.

La dégradation des relations entre Evguéni Prigojine et le pouvoir russe ne dataient cependant pas du 24 juin. L’attaque meurtrière de bases de Wagner par le ministère de la Défense russe n’aurait été que le prétexte pour allumer une poudrière qui enflait depuis près de deux ans.

Plusieurs mois avant la prise des armes, le patron de la milice multipliait les invectives très ciblées contre le manque de munitions pour ses hommes sur le front ukrainien. Dans des vidéos de propagande dont il a le secret, Evguéni Prigojine tançait Sergueï Choïgou, le ministre russe de la Défense, ou Valéri Guerassimov, le chef d’État-major des armées russe.

Le nom de Poutine, lui, aurait été laissé relativement propre. Du moins, devant les caméras.
La nature de la relation entre Prigojine et Poutine est difficile à appréhender. Presque autant que celle qui unit la Russie et Wagner. Le pays n’acceptant en théorie pas de milice armée sur son territoire, tout en versant des milliards de roubles à l’organisme pour financer la guerre contre les troupes de Zelensky.

Avant d’être unis par des liens de chefs de guerre, le couple Poutine-Prigojine semblait plutôt reposer sur un jeu économique. Tout a commencé en 1990 lorsque le jeune Evguéni a quitté les geôles de l’URSS. Il y purgeait une peine de 9 ans pour des faits de proxénétisme, cambriolage et violences. Pour son retour à la liberté, il a saisi l’opportunité de l’ouverture brutale du pays au capitalisme.

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