Santé

La question psy : « Je ne prends jamais de nouvelles de ma famille, suis-je insensible ?»

« BONJOUR DOCTEUR, 

Je ne suis pas très “famille”, comme on dit. Alors que mon grand frère ne peut pas laisser passer un jour sans appeler mes parents ou déjeuner avec eux tous les dimanches, je me contente de les voir une fois tous les deux mois et de les appeler toutes les deux semaines. Il arrive que je ne passe qu’un coup de fil par mois, je reçois alors des messages réprobateurs, me reprochant de ne pas donner signe de vie. Je considère que si je ne dis rien, tout va bien. Aussi, je préfère donner peu de nouvelles mais que celles-ci soient intéressantes, plutôt que de raconter chaque détail insignifiant de ma vie au téléphone toutes les semaines, ou pire, tous les soirs. 

J’aime ma famille et j’adore la voir de temps en temps, mais je ressens très vite le besoin de prendre mes distances. Un week-end à ses côtés est largement suffisant pour moi, ensuite, j’ai vite l’impression de manquer d’air et d’indépendance. Parfois, je reçois un appel de ma mère, pendant que je suis au travail, avec des ami·e·s ou même en train de regarder une série et je me surprends à souffler d’agacement. J’ai souvent l’impression qu’on va me reprocher quelque chose, me demander de rendre un service (j’aide beaucoup mes parents dans leur travail). Alors, je culpabilise, ayant l’impression d’être sans coeur et insensible. 

On m’a toujours reproché d’être un peu “sauvage”, après une crise d’ado assez intense. J’ai quitté le nid à 17 ans, après mon bac et avec l’envie de prendre mon indépendance. Si quelques larmes ont coulé la première nuit dans mon appartement d’étudiante, je n’ai pas ressenti un manque flagrant, ni un besoin de retourner les voir régulièrement. J’ai trouvé l’épanouissement dans mes études et auprès de mes ami·e·s. Les années qui ont suivi, je n’ai pas eu de problème relationnel avec ma famille mais nos échanges n’ont jamais été quotidiens, ou du moins par initiés par moi.

J’ai peur de paraître désintéressée et anormale. Je finis par me demander si c’est vraiment le cas. Je me suis notamment posé la question à la mort de ma grand-mère, que j’aimais énormément mais dont je prenais très peu de nouvelles. Je me suis sentie coupable d’avoir été si peu présente dans les derniers instants de sa vie. Mais en même temps, prendre des nouvelles me demande un effort difficile : je m’en sens presque “incapable”. Cela génère des sentiments d’obligation et de convenance que je ne trouve pas toujours spontanés. »

Morgane, 27 ans

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